Que retiendra l’Histoire de ces deux ans ?

13 avril 2024 § Commentaires fermés sur Que retiendra l’Histoire de ces deux ans ? § permalien

 

Mis à part quelque 200 km2 perdus par l’Ukraine, peu de changement à ce jour

 

   Que retiendra l’Histoire des évènements de ces deux dernières années ? Et en particulier de cette agression Russe envers son voisin l’Ukraine ?

   Que les démocraties occidentales, malgré leurs belles paroles, leurs promesses réitérées, n’auront rien fait, ou pas grand-chose pour éviter que cet État souverain soit rayé des cartes du monde, englouti dans les abysses qu’une poltronnerie générale aura creusés inexorablement. À tout le moins débité, tronçonné, tranché comme un vulgaire saucisson, au mépris des lois que l’on nomme pompeusement internationales.

   Car le destin de l’Ukraine est vraisemblablement scellé en partie dans l’esprit des dirigeants démocrates. Déjà l’Amérique ne lui livre plus d’armes à cause de l’imbécillité du dingue du Capitole, Trump ; mais pas seulement ! Le secrétaire de la défense actuel, Lloyd Austin, critique ses frappes sur les raffineries (1) au prétexte qu’il s’agirait de cibles civiles Russes risquant de provoquer une envolée du baril de pétrole, voire une pénurie mondiale. Rien que ça ! Antienne reprise allègrement par l’OTAN et son secrétaire général, Stoltenberg, valet des States. Ils interdisent toujours les missiles à très longue portée susceptibles d’atteindre le cœur des villes Russes. En revanche, ces derniers ne se privent pas de faire l’exact contraire.

   Quant aux Européens, l’absence d’armée commune, leurs divergences, alliées à une bureaucratie que même Kafka n’aurait pas imaginée, les clouent dans une inefficacité délétère. L’Allemagne, par exemple refuse toujours de livrer ses missiles Taurus, à la portée insignifiante de 500 km eu égard à celle des engins de Poutine qui pleuvent sur les civils d’Ukraine.

   À quoi bon, la bouche en cœur, dès lors chanter un immarcescible soutien à l’Ukraine ?

   À quoi bon, en minaudant, hier au début du conflit, avoir voté un embargo sur le pétrole russe ? Et d’une manière générale, à quoi bon avoir émis toute une série de mesures prétendument contraignantes qui devait faire plier Poutine et ses sbires, mesures qui n’auront servi à rien, y compris les financières ? Pour se donner bonne conscience et rejeter ensuite sur les Ukrainiens, incapables de se défendre, et pour cause, les raisons de leur défaite que nous savions inéluctable. Le cynisme à son apogée.

   Il faut bien reconnaître que l’aspiration des peuples est la tranquillité, tel « Qu’un peuple heureux rotant tout seul dans sa mangeoire » (2), bien à l’abri sous le parapluie de son toit. Dès lors, afin de plaire aux électeurs sans conscience, il devenait nécessaire de ménager la chèvre et le chou. Sans vergogne nous pouvons justifier nos actions contradictoires sans prendre la mesure du danger qui guette. Les parapluies, cependant, ont une tendance, eux aussi, à s’envoler sous le souffle des bombes.

   Enfin, décréter une économie de guerre, qui n’en a que le nom, ne sert guère qu’à redonner à notre armée les moyens qu’une austérité budgétaire aura rabotés. Non fournir les armes nécessaires à ceux qui en ont besoin.

   Lorsque Publius Valerius devint consul, en l’an 509 avant JC, ensuite, à trois reprises, élu par le peuple de Rome qui l’honora du nom de Publicola, il prit nombre de mesures qu’il fit ériger en lois. L’une d’entre elles (Lex valeria de sacrando) est décrite par Plutarque, au chapitre XXI de sa vie de Publicola : ainsi populaire et modéré dans ses ordonnances, il exagéra parfois la rigueur de la peine «…car il fit une ordonnance par laquelle il permit de tuer, sans autrement mettre en justice, celui qui aspirerait à la tyrannie, voulant que celui qui aurait fait le meurtre fût absous à pur et à plein, moyennant qu’il fit apparoir comment le tué aurait attenté de se faire roi. » (3)

   C’est certes radical, mais malgré nos TPI et notre CPI, inopérants pour les accusés absents, les dictateurs s’en donnent à cœur joie, protégés qu’ils sont derrière leurs frontières alors qu’ils violent celles des autres. Publicola, il y a 2 500 ans, l’avait déjà compris et malgré l’horreur qu’est le meurtre d’un Homme, qu’il soit assorti ou non d’un jugement, il faut bien reconnaître sa nécessité lorsque l’avenir de l’humanité est en jeu. À tout le moins les neutraliser par les actions ciblées de nos bombes si précises. Nos dirigeants velléitaires portent la responsabilité des exactions commises impunément par ces assassins aux ambitions planétaires destructrices.

   (1) – UBN. news

   (2) – Léo Ferré – Madame la misère – L’Été 68 – Barclay, 1969

   (3) – Plutarque – Les vies des hommes illustres – traduction J. Amyot – La Pléiade, tome I, p. 226 – Gallimard, 1951

Aya Nakamura aux JO

28 mars 2024 § Commentaires fermés sur Aya Nakamura aux JO § permalien

   Les fascistes de tout poil, réactionnaires en diable, sont reconnaissables à l’inculture sidérale dont ils font preuve.

   Depuis qu’il est pratiquement certain que la chanteuse Aya Nakamura entonnera du Édith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux à Paris, cet été 2024, les Zemour, Maréchal (les voilà), Le Pen et autre Bardella (dont on se dit que, brillant tel qu’il apparaît, un minimum d’éducation lui aurait permis d’éviter d’être ridicule dans la critique et le rejet de ses coreligionnaires, fils ou filles d’immigrés comme lui et comme une bonne partie du peuple de France qui, depuis la nuit des temps, sont venus enrichir le terreau sur lequel croît l’acculturation qui caractérise notre pays et dont l’Europe, tôt ou tard, bénéficiera à son tour), tous ces illuminés de l’exclusion et de l’expulsion, donc, récitent leur credo selon lequel la chanteuse ne chante pas en Français. Ce qui pour eux est la tare rédhibitoire à toute prestation scénique.

   Éternel combat des anciens et des modernes. Malheureusement pour les prétendus 80 % de la peuplade réprouvant ce choix, les modernes, dans l’air vivifiant des cimes, ont toujours vaincu les décatis des mites, débris se parfumant à la naphtaline. Qu’ils le veuillent ou non, Aya Nakamura chante en Français, sa langue assaisonnée d’expressions de banlieue, de jeunes nourris aux métaphores puissantes ou aux locutions venues d’ailleurs qui, selon leur destinée, entreront ou non dans les futurs dictionnaires. Car une langue ne se forme qu’ainsi et certainement pas sous le diktat de passéistes neurasthéniques qui ne comprendront jamais rien à l’évolution ou de funambulesques fantoches mettant des « e » partout pour féminiser ce qui l’est déjà (i.e. chercheure pour chercheuse). Voire encore refrain aux allusions littéraires, comme nous le verrons plus bas.

   Je ne vais pas vous la rejouer Moyen Âge ou plus encore Serment de Strasbourg. Un seul exemple suffira et qui ne concerne pas du tout la chanteuse, mais la généralité démonstrative. Chacun utilise le terme pyjama, quand bien même ne s’en vêtant pas, préférant la nudité nocturne, propice aux ébats, aux accoutrements diurnes synonyme de sévérité, mais ignore peut-être son étymologie. L’acception est absente du Littré, et pour cause, mais présente dans Le Robert. Elle date du XIXe s. Exactement de 1837, venant de pyjaamah, de l’hindoustani pâê-jama, désignant un vêtement (jama), plus spécifiquement un pantalon (de pâê, jambe) ample et bouffant à la turque, que nous avons empruntée à l’anglais qui en avait fait pyjama dès 1800. Ainsi une multitude de nos mots que nous prononçons chaque jour et que les fils de Charlemagne ignoraient, tout autant que Marie de France en son époque. Mots neufs venus d’ailleurs dont nous faisons notre miel aujourd’hui parce qu’ils sont représentatifs, imagés ou correspondants à la mondialisation des cultures, mots devenus dès lors coutumiers alors que combattus en leur apparition par tous les ringards réactionnaires.

   Encore un mot. Je ne connaissais pas Aya Nakamura. Non seulement elle chante de très belle manière mais ses textes sont savoureux. Dans la chanson Bobo, par exemple, elle utilise l’expression « appelle-moi Cataleya » (voir les paroles sur le Net) :
[Appelle-moi « Cataleya », mia mmh (mmh, mmh)
T’aimes tout chez moi, je le sais bien, je le sais, mmh (mmh, mmh)
Appelle moi « Cataleya », mais y a mmh (mmh, mmh)
Pour qui tu te prends, j’vois en toi, tout débouler (mmh, mmh)]

Qui sait que Cataleya est un prénom issu de l’espagnol Cattleya, orchidée au destin littéraire, proustien dirais-je. Dans « La Recherche » et plus précisément dans « Du côté de chez Swann », le narrateur, Charles, amoureux d’Odette, après avoir évité un accident en voiture lui arrange, en la caressant, les orchidées (des cattleyas) piquées dans son corsage mais chamboulées par l’incident et devient ainsi son amant. Par la suite ils ne diront jamais « faire l’amour », mais comme un rituel, « faire cattleya ». D’où peut-être, et pourquoi pas, j’en déduis l’allusion littéraire énigmatique pour beaucoup et que la chanteuse magnifie à son profit.

   Il faut être un sacré imbécile, en conclusion, pour affirmer qu’Aya Nakamura ne peut pas chanter pour représenter la France aux JO.

Belliqueux pacifistes

14 mars 2024 § Commentaires fermés sur Belliqueux pacifistes § permalien

La Guerre et la Paix – Les quatre partie du monde – Picasso

   Après les débats houleux à l’Assemblée à propos de l’Ukraine où les pacifistes belliqueux et bêlants avec les abstentionnistes primaires s’en sont donné à cœur joie en pissotant leurs arguments farfelus auxquels nul de sensé ne peut croire, je me suis interrogé sur l’âge mental de ces divers intervenants.

   On peut être pacifiste à vingt ans. C’est le privilège de la jeunesse que de croire aux miracles. « Peace and love » braillait-on du temps de ma jeunesse. Le temps du prêche n’est plus ; patrociner est dérisoire. Car à constater la dérive tyrannique grandissante d’un Poutine, comment ne pas comprendre qu’on n’arrête pas un gangster, un meurtrier en discutant avec lui, sirotant une vodka pour le quitter en lui roulant un patin à la russe. On le fit ? Certes. Avec Staline. Il nous aida dans la guerre contre Hitler. Mais je regrette ce morcellement de l’Europe qui résulta des accords de Yalta, sans que nous y fussions conviés d’ailleurs (mais De Gaulle, paraît-il, refusa d’en être en raison de son antiaméricanisme), et dont pâtirent pour le restant du siècle passé les peuples opprimés derrière le rideau de fer. Il eût fallu alors opposer un refus catégorique quitte à se mettre à dos le dictateur moustachu. Cette sorte d’individu ne connaît que la force. Toutes les crapules sont à l’identique. Poutine en tête. Se pavanant pour exhiber leurs muscles, elles fuient dès que l’adversaire s’avance sans peur. Les intervenants pacifistes ou abstentionnistes de l’Assemblée n’ont rien compris ou alors ne sont que les fantoches amis intéressés mais attardés du vaurien moscovite.

   Ah ! Me direz-vous, et l’arme atomique ? De Gaulle à l’époque, répondait à Vinogradov, ambassadeur Russe qui menaçait la France, « eh bien, M. l’ambassadeur, nous mourrons ensemble ». Rien ne se passa, parce que cette arme n’est qu’un épouvantail servant à se dissuader mutuellement d’une attaque. Poutine, à moins de vouloir se suicider, ne l’utilisera jamais car il sait que dans la seconde qui suit l’envoi d’un de ses missiles à tête nucléaire, la Russie disparaît également. Un seul de nos sous-marins nucléaires est apte à ce faire.

   Mais cessons ce discours cataclysmique. Le seul langage que comprend Poutine est celui de la fermeté. Son pays est certes le plus grand de la planète, mais il ne peut pas même asservir un État vingt-huit fois plus petit. Il n’est rien comparé à l’Europe ou aux USA. E. Macron a donc eu raison de tenir un discours guerrier vis-à-vis du monstre au pied d’argile. D’autant que rien n’indique l’envoi de troupes combattantes. Et quand bien même, il ne s’agirait en rien d’envahir la Russie, simplement de faire respecter un droit frontalier.

   Il ne reste plus qu’à convaincre les eunuques trouillards du monde démocratique de faire en sorte d’armer en conséquence les soldats Ukrainiens afin qu’ils boutent hors de leur frontière ceux qui l’ont violée impunément.

   Ne pas être pusillanime ! C’est le seul message, en définitive, que le président de la France adressa à ses collègues un peu trop flasques, pour ne pas dire trivialement couilles molles.

EDF, le cauchemar des hausses

17 janvier 2024 § 3 commentaires § permalien

© Crédit photo : FRANCOIS LO PRESTI/AFP (capture écran Sud-Ouest)

© Crédit photo : FRANCOIS LO PRESTI/AFP (capture écran Sud-Ouest)

   Bruno Le Maire, déguisé en électricien, n’est pas favorable à un gel du tarif de l’électricité, « trop coûteux pour les finances publiques. » Il en discutera avec Emmanuel Macron et le Premier ministre pour décider du taux de l’augmentation à appliquer.

   Les usagers (déguisés en consommateurs) ne sont pas favorables à une augmentation de l’électricité, « trop coûteux pour les finances domestiques. » Ils en ont discuté avec eux-mêmes pour décider qu’une augmentation est inutile, puisque son coût de production est le plus bas d’Europe (voire mondial, en concurrence avec la Chine) malgré les aléas climatiques et guerriers de ces derniers temps.

   Lors de sa conférence de presse, que je n’ai pas regardée hier soir, et dont je n’évoquerai qu’un seul sujet dont il semble, selon les commentateurs patentés (globalement dubitatifs concernant son autosatisfaction), qu’il ne fut évoqué par E. Macron qu’accessoirement comme étant une bonne nouvelle, le prix de l’énergie en France revenant vers la norme (quelle norme ?), légèrement inférieur à celui de nos voisins (quand c’est l’inverse, comme sur le carburant, l’alcool ou le tabac par exemple, la comparaison n’est plus pertinente). Il laisse à son nouveau Premier ministre le soin d’en annoncer l’ampleur.

      Mais comme la dite augmentation est la conséquence d’une contribution servant à financer les charges du service public (ce qui veut tout et ne rien dire), je crois le phénomène cousu de fil blanc. On crée une taxe. Puis on la supprime un laps de temps. Arguant ensuite du manque à gagner, on la rétablit. Or la création de cette taxe était inutile, compensée par la TVA supplémentaire (voir graphique ci-dessus) sur le produit puisque le prix de vente de la seule fourniture a augmenté, ces deux dernières années, de l’ordre de 30 % (à noter que la TVA est due également sur la contribution citée plus haut, soit une taxe sur la taxe). Il est dès lors loisible d’instituer des taxes sur tout et n’importe quoi (comme sur les portes et fenêtres de 1789 à 1926) et s’exclamer ensuite que le manque à gagner serait trop important si d’aventure on les supprimait.

   Anecdote vécue l’autre jour. En promenant le chien sur la petite route qui va vers la maison, je rencontrai un voisin avec lequel nous discutâmes quelques minutes. Après les banalités d’usage, alors qu’une voiture arrivait à vive allure et que j’appelais mon chien baguenaudant sur le macadam afin qu’il ne se fît pas estropier par le chauffard, nous rasant sans ralentir, mon voisin s’indigna et vitupéra, lançant très à propos que l’énergumène ne roulait pas avec une bagnole électrique au mugissement rageur du moteur. Un de ses amis en avait acheté une, silencieuse au possible, mais il l’avait revendue dare-dare en regardant son compteur tourner lors des recharges. Pas étonnant ! D’autant que tout est électrique maintenant, du sèche-cheveux à l’ordinateur, du presse-agrume au lave-linge ou encore du robot ménager à la table de cuisson. Et j’en passe!

   Et je n’évoque pas le chauffage ou l’eau chaude que certains coupent par peur d’une facture impossible à régler et non par souci d’économiser l’énergie (cette imbécillité redite par des insensés chauffés dans leur logement de fonction, selon quoi « l’énergie la moins chère et la moins polluante est celle qu’on ne consomme pas »!). C’est comme les paroles, les moins imbéciles sont celles qu’on ne dit pas. De là à se taire… Il y a un seuil en deçà duquel moins consommer n’est plus possible. Je crois qu’il est atteint pour beaucoup de nos concitoyens. Alors que tous les prix s’envolent pendant que les revenus (salaires, émoluments ou pensions) font la planche, à tenir ce discours de Jocrisse, la première salve d’avertissement sera donnée malheureusement bientôt. Elle sera aussi catastrophique qu’une émeute de gilets jaunes, sans être sanglante. En juin les européennes verront l’élection d’une majorité de fascistes et de populistes en Europe, avant 2027 en France où une Marine Le Pen, adoratrice de Poutine (qu’elle a rencontré, mais il aime rencontrer n’importe qui pourvu qu’il, ou elle, soit de son avis) et Trump (qui n’a pas daigné la voir lors de son pied de grue en bas du Trump Tower) dynamisée par le mécontentement ambiant a de forte chance d’être élue première femme Présidente de la République française. Un cauchemar.

   Car l’immigration est plus un prétexte qu’une réalité (le vote RN est essentiellement important là où il ne se passe jamais rien, en milieu rural, loin des métropoles, loin des immigrés), le souci étant la vie de tous les jours. La population n’en peut plus.

   Si c’est ce qu’ils souhaitent, que ce gouvernement continue ainsi, satisfait de son impéritie.