Les violeurs de Mazan

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Deux satyres regardent une nymphe endormie Sebastiano Ricci, 1712-1716 Palais des Beaux-Arts de Lille

   « Je ne suis pas un violeur ! », rétorque chaque accusé du procès de Mazan. Mis à part le mari, Dominique Pelicot qui, dans une soudaine lueur de raison, se définit comme un violeur, les autres cherchent un prétexte pour se disculper d’abord face à leur conscience, ensuite face à leurs proches et enfin face à la sentence inévitable. Pauvres types !

   Bien sûr que si ! Et leur déni me rappelle celui des étudiants ayant participé à l’expérience de Milgram, sociologue démontrant la soumission à l’autorité. En l’occurrence celle du mari, dieu dégénéré appelant à violer son épouse par un troupeau de satyres bandant, accourant, baveux lubriques, le caleçon bas vers la nymphe endormie, Gisèle Pelicot, afin d’assouvir la frénésie sexuelle les taraudant. Abject !

   Et qu’on ne dise pas que nous leur ressemblons, comme le proclame un journaliste, Karim Rissouli, dans une diatribe lamentable associant les gens normaux à cette bande de tarés. Lui, peut-être, je ne le connais pas pour l’affirmer, mais certainement pas ceux dont les neurones sont sains. L’acte d’amour est un partage dans le respect du corps de l’autre. La jouissance s’épouse ainsi que les caresses. On s’offre, on prend et réciproquement. Dans une complicité de cœur ou, à tout le moins, de corps. Mais de grâce, cessez cette personnalisation stupide qui se veut humaniste, car si ces individus ont comme tout un chacun, un métier ou non, une famille, un cadre de vie normal, banal, s’ils sont actifs ou retraités, jeunes ou vieux, au fond d’eux-mêmes gronde un trouble, un vice, une perversion qui les apparente, non pas à des animaux car un animal en rut n’agirait pas même ainsi, mais à une espèce de zombis souffrant tous de troubles paraphiliques. Ils ont besoin de soins et en cela je ne m’apparente en aucune façon à ces déments lubriques, violeurs dans l’âme, qui, constatant qu’elle dormait (les vidéos diffusées au procès sont patentes) ont poursuivi malgré tout leur simulacre d’amour devant la caméra du libidineux.

   Le reste, dans leur simagrée d’orgie occulte, n’est que masturbation sans partage, sans jouissance.

   Pire encore pour le mari dégénéré, droguer son épouse au Temesta, à la limite de la dose létale (car on meurt au surdosage de Benzodiazépine) comme un professionnel de l’anesthésie, pour l’offrir en pâture à des détraqués sexuels, est le signe d’une perversion narcissique, une psychose à traiter d’urgence.

   Qu’on ne s’y trompe pas. Gisèle Pelicot est une victime que des avocats sans talent tentent de déstabiliser en doutant de sa sincérité. Un véritable avocat ne jouerait pas à ce jeu. Conscient du délit de son client, il en chercherait les raisons dans son passé, son éducation, ses névroses – que sais-je encore ? – pour tenter de convaincre les juges et atténuer la sentence, mais certainement pas en mettant en doute la vérité de la victime. Au risque d’obtenir le contraire de ce qu’il espère, la condamnation sans nuance de celui qu’il défend. Ce serait tout à l’honneur d’un défenseur.

   Mais là, nuage d’étourneaux plongeant pour la pitance, les avocats de la défense virevoltent autour de Gisèle Pelicot l’assaillant du coup de bec des questions indécentes. Face à l’évidence ils ne savent plus de quelle becquée nourrir leur plaidoirie.

   Ils s’en retourneront la queue entre les jambes.

25 juin

25 juin 2019 § 2 commentaires § permalien

Le cours d’eau du marais – il y a quelques années – photo perso

     Trump fait toujours la une des journaux. Ce résidu d’Homo erectus, accusé de viol par une ancienne journaliste, se défend en répondant uniquement qu’elle n’est pas son genre. Aggravant ainsi son dédain de la femme. 
     Par conséquent il affirme et prouve que si elle l’avait attiré physiquement, sexuellement, il l’aurait violée comme au bon vieux temps des cavernes. C’est découvrir sa véritable nature. Reconnaître implicitement le viol, comme l’enfant pris en flagrant délit de vol et qui le nie en reposant dédaigneusement l’objet. Il n’y a pas grand chose d’autre à ajouter. 

     Toujours lui. C’est vrai qu’on pouvait confondre. Entre Khomeini et Khamenei, il n’est pas évident de s’y retrouver. L’un est mort depuis 1989 et l’autre, nouveau guide suprême iranien, subit l’anathème du champion du monde. Toutefois lorsqu’on se prétend le plus grand génie que l’univers ait connu, le Dieu des cinq continents, le plus beau, le plus fort, confondre l’un en apostrophant l’autre, quand bien même ont-ils la même barbe à trente ans d’écart, est inacceptable et parfaitement impardonnable. 

     Dans le marais ce soir suis allé promener le chien pour qu’il se baigne. Entre les champs de maïs et les potagers, qu’on appelle ici des mottes, serpente le cours d’eau qui ne sera plus curé, laissé à l’abandon. L’éleveur de moutons, avec qui j’ai bavardé pendant qu’il empilait ses bottes de foin, me l’a appris avec consternation. 
     « Ça va être beau dans quelque temps ! Déjà que les rives sont guère propres et que le niveau est bas. J’l’ai jamais vu comme ça. 
     — C’est vrai, lui dis-je, il était nettoyé tous les 2 ou 3 ans. 
    — Deux fois par an, rectifia-t-il. Au printemps et à l’automne. Y’a plus de syndicat du marais, c’est la communauté de communes qui le gère. 
     — Et pourquoi le laisser ainsi ? 
     — Paraît qu’il y a des petites fleurs à protéger. 
     — Les fleurs, ça refleurit. Faut quand même pas exagérer. 
    — Ouais, ils poussent un peu loin ! maugréa-t-il en retournant empiler son foin. »

Chemin

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