Le cours d’eau du marais – il y a quelques années – photo perso
Trump fait toujours la une des journaux. Ce résidu d’Homo erectus, accusé de viol par une ancienne journaliste, se défend en répondant uniquement qu’elle n’est pas son genre. Aggravant ainsi son dédain de la femme. Par conséquent il affirme et prouve que si elle l’avait attiré physiquement, sexuellement, il l’aurait violée comme au bon vieux temps des cavernes. C’est découvrir sa véritable nature. Reconnaître implicitement le viol, comme l’enfant pris en flagrant délit de vol et qui le nie en reposant dédaigneusement l’objet. Il n’y a pas grand chose d’autre à ajouter.
Toujours lui. C’est vrai qu’on pouvait confondre. Entre Khomeini et Khamenei, il n’est pas évident de s’y retrouver. L’un est mort depuis 1989 et l’autre, nouveau guide suprême iranien, subit l’anathème du champion du monde. Toutefois lorsqu’on se prétend le plus grand génie que l’univers ait connu, le Dieu des cinq continents, le plus beau, le plus fort, confondre l’un en apostrophant l’autre, quand bien même ont-ils la même barbe à trente ans d’écart, est inacceptable et parfaitement impardonnable.
Dans le marais ce soir suis allé promener le chien pour qu’il se baigne. Entre les champs de maïs et les potagers, qu’on appelle ici des mottes, serpente le cours d’eau qui ne sera plus curé, laissé à l’abandon. L’éleveur de moutons, avec qui j’ai bavardé pendant qu’il empilait ses bottes de foin, me l’a appris avec consternation. « Ça va être beau dans quelque temps ! Déjà que les rives sont guère propres et que le niveau est bas. J’l’ai jamais vu comme ça. — C’est vrai, lui dis-je, il était nettoyé tous les 2 ou 3 ans. — Deux fois par an, rectifia-t-il. Au printemps et à l’automne. Y’a plus de syndicat du marais, c’est la communauté de communes qui le gère. — Et pourquoi le laisser ainsi ? — Paraît qu’il y a des petites fleurs à protéger. — Les fleurs, ça refleurit. Faut quand même pas exagérer. — Ouais, ils poussent un peu loin ! maugréa-t-il en retournant empiler son foin. »
À l’époque Trump n’était encore qu’une ébauche de construction puisque nous avons le même âge, mais dans les années cinquante des spécimens de l’engeance s’agitaient déjà.
C’était avant que De Gaulle les renvoie aux States que mon père s’engueula avec l’un de ces GI en goguette, bouffeur de chewing-gum qui avait percuté notre Traction noire de sa grosse Buick écarlate dans un croisement, à Royan où l’on était venus pour y bâtir des châteaux de sable en suçant des glaces à l’eau. Toute la famille était en émoi, ma mère catastrophée, mon frère blessé à l’oreille et mes sœurs en pleurs. Moi, j’écoutais sans trop comprendre. J’étais trop jeune. » Salaud de bobitch ! » avais-je cru entendre. Ce devait être l’injure suprême à voir les gesticulations des protagonistes autour des bagnoles qui fumaient, la nôtre aux roues en éventail.
Longtemps l’expression m’est restée en mémoire jusqu’au jour où j’ai découvert que le salaud en question n’était qu’un fils de pute ; un enfoiré à qui tout est permis ; le pire comme le meilleur ; le pire surtout, sans aucune considération pour les autres ; arrogant, menteur, borné, adepte du lynchage, ignare.
Le mec à la Buick croyait que la route était à lui, avec des stops partout, voire des murettes pour empêcher les autres de franchir les croisements. Qu’est-ce que c’était que cette smala de frenchies qui barrait son passage ? des niakoués, des latinos, des sioux, des nègres, des gens d’ailleurs ? Il fonça comme un bison, pulvérisant notre carrosserie. J’entends encore le bruit du choc, les cris, mon père éjecté de la bagnole avec une de mes sœurs dans les bras et les injures vociférées par l’esclavagiste. Tout juste s’il ne dégaina pas son colt.
Une espèce de Trump avant l’heure, quoi !
Hey, guy, you’re a real son of a bitch ! » avait gueulé notre géniteur au cowboy qui se croyait toujours chevauchant son mustang au fin fond du far-west.
Né au Kansas et libéré depuis peu de la villégiature offerte par les Nazis à Compiègne où quelques bons Français expédiaient ces putains de ricains dans les années quarante, c’est dire si mon père connaissait leurs mœurs et leur langue. L’autre en fut tout ébahi et rabaissa son caquet. « Merde ! a-t-il dû penser sous son Stetson, un collègue de western ! »
Alors il rengaina ses invectives, sa mauvaise foi et ses prétentions pour discuter réparations, responsabilité, diplomatie. Mais il était trop tard.
Cabossée, sa Buick contemplait notre misère. La nôtre, de voiture, était bonne pour la casse. Nos glaces à l’eau avaient fondu avant même qu’on les suce.
Comme le sera leur pays si nos copains d’en face laisse passer ce fils de pute de Trump.
Hey, Trump, you’re a real son of a bitch !
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