La révolte des taxés

13 avril 2012 § 2 commentaires § permalien

Dans son « Histoire ecclésiastique des Francs », Grégoire de Tours traite d’un épisode qui se déroula sous le règne du roi Chilpéric 1er(1) qui, dans son royaume, augmenta les taxes.

Vous verrez par là que la réaction allergique qui résulte d’une telle annonce n’est pas nouvelle et que Mme Françoise Hardy avec quelques autres, notamment sportifs, dans le syndrome d’exil qu’ils présentent n’est que l’effet secondaire compréhensible et plus que millénaire d’une thérapeutique fiscale douteuse.

Cela se passe au cours du VIe siècle et voici ce qu’écrit Grégoire :

 » Cependant le roi Chilpéric fit dresser par tout son royaume des rôles pour des impositions nouvelles et très pesantes. Pour ce motif beaucoup de gens, abandonnant les villes de ce pays et les biens qu’ils possédaient, se réfugièrent dans d’autres royaumes, aimant mieux aller ailleurs en étrangers que de rester exposés à un tel péril; car il avait été statué que chaque propriétaire payerait pour sa terre une amphore de vin par arpent. On avait aussi imposé, pour les autres terres et pour les esclaves, d’autres redevances nombreuses : c’était inexécutable. « (2)

On se révolta dans le Limousin, comme on se révolte aujourd’hui en Grèce ou en Espagne, mais dans les années 500 la répression fut terrible, condamnant au bûcher des manifestants. La suite, que vous pouvez lire sur le site Gallica de la BNF, sort du cadre de mon sujet et je ne l’aborderai pas, il est simplement à noter que plus de 1.500 années plus tard les peuples acculés au désespoir par des politiques d’austérité stupides réagissent à l’identique.

Ne sortons donc pas du cadre des taxes et voyons la proposition de F. Hollande qui envisage de fixer à 75% le prélèvement  sur les revenus supérieurs à 1million d’euros et le rétablissement du taux originel de l’ISF.

D’emblée nous l’annonçons, nous ne sommes pas concerné. Ce qui nous permet d’en parler à notre aise et rassurer la foule de nos admirateurs. Nous ne quitterons pas notre caverne, nous nous y trouvons à l’aise.

D’ailleurs, quand bien même ces impositions nous eussent-elle concerné, nous ne nous serions pas transformé en immigré pour une raison aussi futile quand on gagne tant. Les immigrés ne quittent leur patrie que parce qu’ils n’ont rien pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. Ce qui doit être assez éloigné des soucis des autres qui le font par cupidité. Sans doute aurions-nous maugréé. C’est humain. Mais nous aurions payé, déductions faites des abattements habituels, applicables à tout contribuable. Or, cette notion d’égalité devant l’impôt vient malmener quelque peu la proposition du candidat socialiste car elle provoquerait une rupture dans l’application des tranches d’imposition, créant une catégorie spéciale pour une population donnée ; ce qui, convenez-en, n’est pas très démocratique. Quant à l’ISF, son retour à l’origine n’est pas une catastrophe en soi au vu de ce qui se passa précédemment, bien que doutant de sa réelle efficacité quant à son apport eu égard à son coût de mise en œuvre.

C’est pourquoi il y a peu de risque de voir Mme F. Hardy quitter Paris. Et c’est tant mieux.

A moins de réviser de fond en comble le code des impôts, ce qui reste la seule solution acceptable à condition de ne pas tomber dans la démagogie et de conserver les notions de justice et d’égalité.

Il est donc fort probable que cette annonce ne soit en fait qu’un effet plaisant offert à l’intention de ceux qui veulent y croire.

Cela étant nous ne trouvons pas immoral de gagner énormément d’argent. Si le mérite en est la source. Ce qui n’est pas le cas de quelques sportifs ou dirigeants de société, mais celui de Mme F. Hardy.

Car il ne faut jamais s’arrêter à la première impression et savoir regarder au-delà. Si un artiste, un sportif, un écrivain, un entrepreneur et que savons-nous encore de ce que nous ne serons sans doute jamais à cause du temps perdu, amasse des gains jugés considérables, par sa prestation, son talent, son travail, il permet aussi au pays dans lequel il vit d’engranger des royalties.

Mme Thatcher, qui avait bien des défauts, honora les Beatles non par amour de la musique mais parce qu’ils étaient devenus les premiers contributeurs du budget du Royaume Uni grâce aux devises que rapportaient leurs chansons. Derrière la chansonnette, le conte, l’exhibition, le spectacle, l’entreprise, il y a toute une série de métiers qui ne s’exercent et dont les acteurs ne vivent que grâce aux talents des autres. Et payent des impôts. Il y a des produits qui se vendent, et par conséquent des impôts qui en découlent. Il y a des exportations lorsqu’on a affaire à des talents internationaux, et donc des rentrées d’argent dans les caisses de l’état. C’est une cascade qu’on risque de voir se tarir par délocalisation et par voie de conséquence écorner les finances de la nation.

Ce serait gagner peu pour perdre beaucoup par la mise en place d’une mesure à caractère plus vexatoire qu’honnête vis à vis de ceux offerts à la réprobation des masses, que l’on sait friandes d’os à ronger afin qu’elles oublient qu’elles seront concernées également.

En revanche, revenir à une taxation raisonnable telle qu’elle existait autrefois, ne serait pas outrancier et aurait au moins le mérite d’être applicable et juste. Toutefois, ne nous faites pas dire ce que nous n’approuvons pas, c’est à dire la stérilité de quelques fortunes amassées sans contrepartie, comme celles de ces footballeurs rémunérés au-delà de ce qu’ils méritent, de ces patrons qui s’augmentent sans vergogne ou encore de ces spéculateurs qui jouent avec le portefeuille des autres. Ceux-là ne méritent que mépris mais ne doivent pas devenir l’exception qui confirme le bien-fondé d’une mesure absurde. Après tout, grand bien leur fasse, ils demeurent quand même minoritaires et l’on n’empêchera jamais quelques profiteurs d’abuser de la stupidité du système.

C’est ce dernier, en effet, qui doit être réformé et non ses conséquences. C’est ce à quoi doit se frotter le candidat Hollande plus que d’annoncer des mesures qui effrayent les uns ou réjouissent les autres et n’ont guère de chance d’être appliquées.

Si l’impôt est nécessaire, il ne doit pas être ressenti comme une injustice, or les finances des États sont d’une telle déliquescence qu’on s’achemine vers ce sentiment si l’on pense pouvoir combler dettes et déficits uniquement par son moyen et ce n’est pas en opposant les uns aux autres qu’on fera accepter des prélèvements inévitables.

C’est en relançant la croissance et la consommation que l’on y parviendra. Tous les candidats ne parlent que de taxer, seul Hollande y ajoute cet aspect fondamental. D’ailleurs salué par le Financial Times(3 & 4).

1- Chilpéric 1er
2- Livre V chapitre XXIX
3- Le Point
4- Bigbrother Le Monde

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Sarkozy, rabot de la république

9 avril 2012 § Commentaires fermés sur Sarkozy, rabot de la république § permalien

La liberté se cadenasse, l’égalité se distend et la fraternité s’évapore. Ce n’est pas une découverte, mais hier soir me prit la nécessité de faire l’inventaire. J’ai rempli des pages et grillé quelques cigarettes; c’est effrayant. Mais je vous en ferai grâce, le résumant en bas de page.

Il faut donc se rendre à l’évidence, le règne de Sarkozy, en dehors de toute polémiques liées aux difficultés financières qui ne sont qu’un prétexte supplémentaire à raboter le reste, fut, et demeurera dans les mémoires, celui le plus attentatoire à l’image de la France, à ses concepts égalitaires, son principe de liberté et sa vocation à la fraternité.

Nul autre que lui n’aura, avec une telle constance, terni la devise qui s’affiche aux frontons de nos mairies, gravée en lettre de sang par ceux qui luttèrent pour qu’elle s’appliquât sans restriction.

Une société ne peut survivre sans ordre, mais entre l’ordre tyrannique et le laisser-aller anarchique il y a tout le camaïeu de la vie dont notre pays, mises à part quelques périodes sombres de son histoire, a toujours su dessiner et peindre les nuances pour l’admiration et l’envie d’autres peuples moins favorisés, plus divisés.

Si l’on en croit l’épouvante de saint Jérome dans sa lettre à une veuve, on peut dater l’émergence de la France  un jour de l’hiver 407 alors que les glaces, figeant le Rhin, permirent aux peuple barbares de pénétrer massivement dans la Gaule romaine. Burgondes, Wisigoths, Francs, Alamans, Alains, Saxons et d’autres vinrent occuper les Gaules de Reims à l’Aquitaine, d’Arras à la Narbonnaise. Rome encore administrait son empire, mais quelque quatre vingts ans plus tard Clovis se faisait sacrer roi. Chef d’une petite tribu de guerriers Francs il devenait le premier roi d’une entité politique de laquelle tous ses successeurs allaient se réclamer, le Royaume des Francs, Regnum Francorum(1).

Or, si cette invasion fut vécue tragiquement par quelques uns, elle ne fut que le début d’un mixage de ces peuples ; l’acculturation s’opérait et se poursuivit jusqu’à nos jours pour ce vivre ensemble harmonieux qui est notre caractéristique.

La France, extrémité de cet entonnoir qu’est l’Europe ne pouvait échapper au destin de faire d’elle le creuset où viendraient se fondre les tribus, les clans, les ethnies aux mœurs, aux coutumes, aux religions si multiples pour créer ce peuple unique aux particularismes si étonnamment disparates et devenir si profondément semblables à mesure de l’assimilation. A l’image peut-être de ses paysages qui font de notre pays le reflet en miniature de tout ce qui existe sur Terre.

Il n’est pas un pays au monde où une telle diversité ait une cohérence aussi totale(2).

Aujourd’hui, alors que la France inéluctablement se fondra dans cette autre entité politique qu’est l’Europe et qu’elle devrait, par son histoire, montrer le chemin à suivre, elle se replie, se recroqueville dans le rejet, la défiance, le mensonge, la peur, l’injustice.

Sarkozy n’aura su qu’être le rabot de la République.

Car ici ce sont des journalistes qu’on harcèlent ou qu’on met en examen pour avoir dévoiler des exactions politiciennes(3).

Là ce sont des fichiers que l’on crée pour répertorier ceux qui auraient l’outrecuidance de contester(4).

Nos routes qui se parsèment de robots sans tolérance, évinçant le jugement de l’homme; nos villes qui s’ornent de caméras, totalement inefficaces, mais espionnant tout un chacun.

C’est le procureur Courroye dont on annule la décision de mise en examen, pour entorse à la procédure(5).

Ce sont les prisons surpeuplées. Les garde à vue injustifiées.

Ailleurs ce sont les familles, quand elles ne sont pas éclatées, qu’on renvoie par charter.

Les banlieues abandonnées qu’on veut traiter au Karcher mais qu’on se garde bien de visiter.

Les chômeurs qu’on accuse d’entretenir le chômage par leur passivité(6) et dont on rabote les maigres ressources.

Les salariés aux émoluments de misère qui vivent dans leur voiture faute de pouvoir se loger.

Les sans-abris qu’on éjecte des immeubles, dont on détruit les campements.

Les nantis dont on amplifie les privilèges.

Les étudiants étrangers qu’on expulse par circulaire grâce à la circulaire Guéant(7). Les préfets qui se permettent de demander des comptes lors du recrutement d’un violoniste virtuose à Angers(8).

Là encore c’est une partie de la population qu’on stigmatise, musulmans, roms…

Des arrestations arbitraires, pour le «fun», quitte à relâcher ensuite.

Des parents que l’on rend coupables des erreurs de leurs enfants. Etc. Etc.

Il n’est pas un jour sans qu’une nouvelle loi, aussi farfelue que l’idée qui la fit éclore, ne vienne raboter un peu plus les valeurs qui firent notre pays.

Quant à l’image diplomatique de la France, écoutez ce qu’en disent ces journalistes dans l’émission de Pierre Weill sur France inter(9). Pauvre Kouchner — que je ne plains pas — en a-t-il dû avaler des couleuvres ! Et Juppé aujourd’hui, se laisse-t-il rabaisser comme J.D. Lévite ?

Quand on ne respecte même pas ses propres collaborateurs, comment peut-on croire qu’on respectera ses administrés ? Se respecte-t-on soi-même, d’ailleurs ?

La liste n’est pas exhaustive et il faudrait d’autres pages pour énumérer ces entorses à la démocratie ; alors, pour paraphraser le dédain que le candidat de la continuité exprima dernièrement lors d’un meeting à propos de son seul concurrent, nous conclurons par cette question, fondamentale désormais,  » et ça voudrait encore gouverner cinq années ? « 

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Prolégomènes à l’obscurantisme

1 avril 2012 § 2 commentaires § permalien

Nous aimons la nuit et ne détestons pas regarder les étoiles. Il est vrai que les lampadaires ont une fâcheuse propension à se prendre pour des soleils et perturbent la contemplation nocturne du cosmos. Pour remédier au phénomène les astronomes installent des télescopes loin des villes ou dans l’espace. L’Observatoire s’est transporté depuis une vingtaine d’années vers Hubble, ce qui évitera la réédition d’un attentat* et permet la tranquillité des guetteurs de naines blanches qui les étudient par transmission des ondes. N’allez pas imaginer qu’un fil relie Hubble aux ordinateurs des astrophysiciens. Les ondes pour étudier d’autres ondes.

Pour notre part nous restons en rase campagne, avec de simples lorgnons, là où la nuit est profonde, sauf les soirs de pleine lune, pour rêver sous le firmament et aimons retrouver l’éclatant quand nous retournons vers la caverne parfaitement équipée d’un confort électrique utilisé abondamment.

C’est le progrès et prouve la subtilité des hommes à résoudre les problèmes à la différence de ceux qui voudraient qu’on éteignît les lumières en se manifestant tous les ans lors de l’Earth Hour.

Nous n’y sommes pas opposé d’ailleurs et s’amusons de ces gesticulations sympathiques. Après tout, vouloir prouver que tous les chats sont gris la nuit est une étude scientifique comme une autre que nous ne nous permettrons pas de critiquer, même si le protocole paraît un peu lourd.

Mais la proximité de l’événement avec le 1er avril nous laisse songeur car, le prétexte évoqué, à savoir lutter contre le réchauffement climatique en coupant la lumière, nous semble du même tonneau que d’obliger les poissons à ne pas uriner dans la mer pour éviter qu’elle monte.

Le réchauffement climatique est stable depuis une dizaine d’années**; quelques savants et non des moindres, pensent que nous allons plutôt vers une nouvelle période glaciaire ; la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre et si le CO² tend à augmenter légèrement dans l’atmosphère, il suivrait le réchauffement et ne le précèderait pas, il serait sa conséquence et non sa cause ; enfin sa durée de vie d’une quinzaine d’années nous laisse tout loisir pour le renouveler, puisqu’il est indispensable à la vie, en utilisant les énergies fossiles.

Ces dernières disparaîtront, dit-on. Comme le reste répondrons-nous. Rien n’est éternel dans cet univers, pas même ce dernier qui disparaîtra un jour. Ce qui prouve que le développement durable est au moins une vue de l’esprit, si ce n’est une pure escroquerie. Mais en attendant il faut s’éclairer, se chauffer, se nourrir, bâtir, se déplacer, vivre en un mot, progresser, aller de l’avant et non se recroqueviller dans la nuit.

Pour faire simple, la forêt contribua largement au développement, puis vint le charbon, ensuite le pétrole, aujourd’hui le nucléaire et demain d’autres technologies serviront l’Homme.

A condition que les martiens verts — qui vont prendre une raclée salutaire à la prochaine présidentielle — n’entravent pas le chemin de ceux qui cherchent. OGM, nanotechnologies, cellules souches, fusion nucléaire, hydrogène et autres découvertes pourvoiront aux besoins d’une humanité avide de confort. Avec raison.

La lumière c’est la vie. La nuit ressemble à la mort. Et si l’on nous explique que le Earth Hour est le symbole de la lutte contre un réchauffement planétaire passager, c’est aussi et surtout le symbole d’une négation de l’existence.

Les manifestes prolégomènes à l’obscurantisme.

L’évocation, un peu plus haut, des élections prochaines, nous amène à s’interroger sur la pertinence d’une décision prise par le gouvernement actuel — ne faudrait-il pas dire par Sarkozy lui-même tant il est chef de tout ?— concernant la création de 30 000 places supplémentaires de prison.

Les prisons sont surpeuplées. C’est un fait. Donc créons des geôles. Ça fera l’affaire du bâtiment. Or, quand le bâtiment va, tout va. 

Il est surprenant de constater qu’en ce domaine on agisse à rebours des autres, du chômage, des hôpitaux, du logement et j’en passe. On ne crée rien, et si l’on ne détruit pas toujours, on ne bâtit pas non plus.

Les prisons sont surpeuplées compte tenu d’une politique punitive aberrante. Une majorité de détenus actuels n’a aucune raison d’y séjourner. D’autre part, pour des délits mineurs, existent des peines substitutives moins coûteuses à la collectivité et mieux adaptées pour éviter des récidives dont on sait qu’elles surviennent, chez les jeunes, grâce à leur promiscuité avec les pros du banditisme.

Pourquoi dès lors s’en priver? Pourquoi, tout simplement, ne pas assigner à résidence, chez eux,  avec bracelet ou autre moyen, ces milliers de condamnés qui encombrent les cellules ?

Parce qu’il en est des matamores comme des gouvernants, ils aiment montrer leurs muscles, quand ce n’est pas l’épée, pour se rassurer sur leur puissance. Masquer leur faiblesse.

Un retour à l’obscurantisme où la prison n’était pas symbole de rédemption.

Autres prolégomènes à l’obscurantisme, ce fichier*** créé par Guéant répertoriant tous les contestataires de PV, du stationnement à l’excès de vitesse. Pour la prison, bientôt?

Si ces gens restent au pouvoir, ce sont des millions de places de prison supplémentaires qu’il faudra évoquer.

* Attentat de l’Observatoire

** Réchauffement 

*** Fichier ARES

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Sarkozy, papier tue-mouche

19 mars 2012 § 1 commentaire § permalien

L’élu désormais candidat, avatar de la cinquième, s’exprimant dans l’émission de télé dirigée par Pujadas, « Des paroles et des actes » du 6 mars, au moment de la conclusion, répondit à F.O. Giesberg, lequel a un regard qui me rappelle, au passage, celui de Jean Cau*, qu’il n’avait aucun problème de personne avec Hollande et Bayrou, ajoutant qu’une campagne présidentielle était un échange d’arguments. On peut visionner ce grand moment de duplicité sur différents sites de vidéos**.

Mais on peut surtout se demander lesquels, d’arguments à échanger, sont envisagés par le controuveur quand on l’écoute claironner le plus clair de ses harangues, face aux partisans qui l’applaudissent, des insultes envers son adversaire principal, Hollande, sans apporter une once de démonstration, de preuve, à ce qu’il lui reproche.

Traiter son adversaire de menteur, d’ennemi de la France, de cynique, voire sous-entendu de traître en l’accusant  » d’abandon du champ de bataille républicain « , c’est à la portée du premier avorton qui pleurniche sous le préau de la cour de récréation après que ses camarades de la grande section l’ont convaincu de son inutilité de jouer avec eux.

Il les insulte mais ne les convainc pas de le reprendre dans leurs jeux, justifiant le moment où l’un des autres finira par lui mettre une taloche pour qu’il cesse de glapir.

Si l’on en croit Démocrite pour qui la parole était l’ombre de l’acte***, celle de Sarkozy, eu égard à son langage outrancier, ses outrages, n’est pas de nature à rassurer.

Sarkozy insulte donc son rival pour la plus grande joie de ceux qui l’écoutent en se laissant prendre au piège, à l’imposture, ainsi que des mouches**** qu’attire un papier tue-mouche.

Le papier tue-mouche est cette espèce de spirale en papier qu’on accroche au plafond pour attraper les mouches. Parfaitement vulgaire et peu hygiénique, mais redoutablement efficace. On voit fleurir ces guirlandes gluantes, très rapidement noires d’adhérents, à l’époque où les jacinthes s’épanouissent. C’est à dire au printemps. Les mouches, qui ne se préoccupent pas de la composition de la glu qui va les scotcher, pour leur plus grande infortune, se laissant aller dans un vagabondage aléatoire, s’y posent puis meurent de ne pouvoir s’échapper.

Il pend et attend que ses proies viennent à lui. S’il avait des bras, le papier gluant les étendrait en signe de bienvenue à la drosophile, la mouche verte, la dorée, le moucheron ou autres représentantes du genre musca, à l’identique du tribun mimant de serrer dans les siens la foule qui bat des mains, comme les diptères, des ailes.

Ensuite elles bourdonnent, se débattent, s’escriment, ne sachant pas ce qui leur arrive. Il est trop tard. Les proies sont perdues.

Sarkozy est un papier tue-mouche. Au sens figuré, bien sûr, car on ne le vit jamais englué, si ce n’est dans ses propres fabulations. Il n’a besoin d’aucun argument pour mystifier son auditoire. Il  suffit de médire, de controuver, comme le papier de coller. 

L’essentiel est obtenu, l’adhésion.

Ce qui m’étonne, c’est le nombre sans cesse renouvelé de prétendant à la glu malgré le mirage de la spirale gluante.

Car enfin, si les mouches n’ont pas le souvenir de la supercherie, les hommes ont une mémoire. 

A croire qu’ils se complaisent dans la vulgarité.

 *Mohamed Ali face à Jean Cau. Emission «Apostrophes»du 5 mars 1976

** Vidéo non répertoriée lien Rue 89 : Ici  

*** Rapporté par Plutarque dans «De l’éducation des enfants» : «La parole, comme disait Démocrite, est l’ombre de l’acte»

**** Tout sur les mouches

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