Bayrou, le choix moral.

4 mai 2012 § Commentaires fermés sur Bayrou, le choix moral. § permalien

L’esprit ailleurs en cette période qui me ramène cinq années en arrière, je crois que j’aurais gardé le silence si Bayrou ne s’était prononcé sur son vote. Non qu’il ait appelé ses électeurs —qui, de quelque côté l’on se tourne sont seuls décisionnaires d’un choix qui n’appartient à nul autre— à reporter leurs voix sur Hollande, mais l’annonce de son vote pour le candidat socialiste est déjà la marque de son humanisme. Par conséquent je m’en réjouis et je le dis. Il a su faire abstraction des réticences qui l’ont toujours éloigné de la gauche pour s’en rapprocher le temps d’une élection afin que soit enfin rétablie l’image d’une France tant écornée depuis cinq ans. Demain, réélu dans sa circonscription béarnaise, il se positionnera naturellement dans l’opposition, mais ce sera un adversaire de talent et je ne doute pas un instant de le voir approuver, lorsqu’elles le mériteront selon son jugement, des propositions émanant de la majorité future. C’est aussi cela la démocratie, sereine et juste, lorsqu’elle est menée par des hommes de culture et de pensée.

 

S’abstenir ou ne rien dire en cette période charnière où le choix d’une société peut basculer vers l’abîme de la violence ou, au contraire, vers le sommet d’une paix retrouvée sans rien minimiser des efforts à accomplir, eût été la marque de l’inconscience. Mais il a su s’exprimer et les mots qu’il employa tonnent tel un verdict impitoyable à l’encontre de celui qu’aucune forfanterie n’arrête. Et puis, enfin, être du centre, c’est aussi ne pas toujours s’agenouiller devant les autres. C’est peut-être là, par parenthèse, tout le drame qui mine ce parti de notables provinciaux qui, malgré les multiples déchirements internes, se sont toujours retrouvés pour s’allier avec la droite et approuver jusqu’aux choix les plus attentatoires à la devise républicaine. Sans doute aujourd’hui la coupe était-elle un peu trop pleine du breuvage amer de l’indécence liberticide.

 

Bien sûr les partisans du conculcateur de la morale n’éprouvent-ils pas la même satisfaction que ceux de l’intègre, loin s’en faut, et je conçois fort bien la déception que peuvent ressentir ceux qui souhaitaient, espéraient le ralliement du centriste. Ils le disent et c’est bien normal. Mais il y a façon et celle de Copé pensant —cet oxymore!— de la décision de Bayrou « …qu’elle est plus motivée par un dépit personnel que par des vraies raisons de fond » est indigente et montre, s’il en est encore besoin tant on l’entend réciter des brèves de comptoir en lieu et place d’arguments, qu’il n’a aucune notion de ce que peut être l’honneur d’un choix difficile quand il s’agit de ne pas bafouer les principes qui dirigent une existence.
Cet homme, décidément, ne comprend rien. Il est creux comme un tambourin qui ne résonne que sous les baguettes du batteur qui l’utilise et sans lequel il n’est rien.
A la différence de Bayrou qui a su ne pas vendre son âme au diable.

Kadhafi sponsor de Sarkozy?

29 avril 2012 § Commentaires fermés sur Kadhafi sponsor de Sarkozy? § permalien

Je ne sais pas si Sarkozy bénéficia des largesses libyennes pour son élection précédente et sans doute sans lendemain, mais, très certainement, si elles existèrent, n’en aurons-nous jamais les preuves ni même une quelconque certitude, ces choses-là, lorsqu’elles se pratiquent, ne s’opèrent que dans l’opacité de rendez-vous secrets, de rencontres encore plus discrètes que les galantes et menées par des intermédiaires plus habitués des cabinets noirs que des roses. Et moins volubiles, mais plus inquiétants.
Cependant une constatation s’impose, celle de la venue du dictateur Libyen à la mi-décembre de cette même année 2007, plantant son marabout au cœur de Paris, au-delà de toute décence et surtout de toute justification.
Car on sait ce qu’il advint du prétexte de la vente de Rafales. Si ceux-là, quelques années plus tard, survolèrent le désert libyen, un des plus beaux du monde, ce ne fut que pour le bombarder comme dans un déchaînement de vengeance.
Deux questions, dès lors, se posent?
Pourquoi avoir invité si précipitamment ce tueur à gages?
Je répondrai, qu’avec le recul du temps, cela ressemble à un remerciement.
Pourquoi être devenu son ennemi irréductible après avoir été son ami?
Dans un mauvais thriller, cela ressemblerait à l’élimination d’un témoin.

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Le FN selon Collard

24 avril 2012 § Commentaires fermés sur Le FN selon Collard § permalien

Le FN selon Collard serait un joyeux parti d’une nouvelle race de démocrates, de droite certes, mais ouvert et attentif aux problèmes des Français.

Mais uniquement des vrais, bien sûr, car, ne lui en déplaise, le FN est bâti sur une idéologie raciste, xénophobe, haineuse, populiste et ce n’est pas parce que l’étron est enveloppé d’un papier rutilant qu’il en devient comestible. Il n’est que de voir le nombre de vieux caciques le composant, à commencer par son ancien tribun, en faire l’apologie par de petites phrases abjectes, pour se convaincre que le fascisme qu’il sous-tend est bien réel.

 

Adhérer à ses thèses c’est au mieux être dupes, au pire s’en revendiquer, en devenir le complice et montrer par là le peu de cas que l’on fait de l’humanité, se cloîtrant dans un égoïsme indécent planqué derrière le portail de son jardinet.

 

D’ailleurs il n’est que d’analyser les régions, les départements, les villes où la fille de l’ami des négationnistes arrive en tête pour s’en persuader. Ce ne sont pas les lieux où le chômage est criant, l’insécurité patente ou l’immigration survoltée, non, bien souvent ce sont les endroits où jamais rien ne se passe. Ici ou là, au cœur d’un pays tranquille, où Sarkozy fait presque jeu égal avec Hollande, si je survole des villes ou villages sur la carte des résultats, je constate pléthore de communes où Le Pen arrive largement en tête. Que se passe-t-il donc de si catastrophique dans ces bourgades de France qui ont mené la candidate de l’exclusion en tête de leurs votes ? En quoi leur territoire est-il menacé ? Que peuvent craindre, si ce n’est en effet ceux-là même qui leur mentent , ces électeurs de bonne foi, perdus au milieu de leurs vignes, leurs, pins, leurs pâturages, leurs vergers pour exprimer ainsi leur rejet de la démocratie ? Sont-ils à ce point partisans des miradors pour espérer une vie meilleure parqués derrière l’enclos les isolant du reste du monde ?

 

Le temps et le goût me manquent pour approfondir plus avant des résultats qui m’étonnent, comme dans le Gard, le Bas Rhin ou encore le Var qui, pour le premier nommé de ces départements, a mis Le Pen en tête, les autres pas très éloignée du score de Sarkozy.

 

Tous ces gens, pensons-nous, ne peuvent partager des idées aussi nauséabondes. D’ailleurs, les connaissent-ils véritablement ces idées ? Matraqués depuis cinq ans par un discours présidentiel développant un schéma pratiquement identique à celles-ci mais masqués sous l’enluminure d’un opportunisme primaire, ils ont acquis la certitude que tous les aléas de la vie qu’ils subissent étaient la faute des autres. Il n’y avait plus dès lors qu’à voter pour l’original puisque le clone, malgré ses gesticulations, ne parvenait pas à endiguer la vague de catastrophes qu’il mettait en exergue de ses discours.

 

N’en déplaise à Collard, les électeurs du FN ne sont pas tous représentatifs de cette nouvelle droite qu’il annonce, beaucoup ne sont que les dupés d’un emballage. Ils n’adhèrent en rien à la véritable idéologie frontiste, celle du repli, du rejet, qui demeure pérenne sous des arguments sociaux tout à fait compréhensibles mais que la cheftaine nationaliste utilise pour mieux mettre en œuvre sa stratégie de conquête et de blocage sans avoir aucunement l’intention de les résoudre.

 

Sarkozy et Le Pen pratiquent la même technique. Celle de la stigmatisation, de la division, de l’accusation. Pris au hasard d’un marketing politicien, par exemple :

Qu’insinue Sarkozy lorsqu’il déclare défiler pour une fête du « vrai » travail?

Que signifie l’expression « préférence nationale » dans les harangues de Le Pen?

Pas autre chose que la désignation subliminale d’un coupable qui est l’autre, le chômeur, l’étranger, comme par hasard associés, pour ne pas dire, mais suggérer, que c’est le même ou que les deux participent de la même volonté de profiter du système.

 

Cette démarche fait irrésistiblement penser à celle qu’utilisèrent ceux qui placardèrent sur les murs de Paris une certaine affiche rouge.

 

Non, ces millions de concitoyens ne peuvent admettre, approuver, entériner un tel raisonnement.

 

Sans être naïf, car nous savons bien qu’une bonne part de cet électorat, le noyau dur comme on dit, est totalement en osmose avec ce courant de pensée primaire — courant de pensée qui, de nouveau, enfle en Europe — qui veut que la force, l’intolérance, la haine priment sur la justice, le partage, la tolérance.

 

Ce qui désespère c’est de voir un voisin, un parent, un ami peut-être, déposer dans l’urne un bulletin dont la signification exacte lui échappe, racolé qu’il est par un discours amplifiant sa désespérance.

 

Qu’il ouvre les yeux avant qu’il ne soit trop tard.

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Pour qui voter

17 avril 2012 § Commentaires fermés sur Pour qui voter § permalien

Nous entendons régulièrement la réflexion, qui se veut définitive et absoudre de tout reproche celui qui l’exprime, que droite ou gauche c’est la même chose et que par conséquent voter ne sert à rien ou, en pis aller, se décider pour un vote blanc.

Voilà bien l’affirmation la plus stupide qu’on puisse entendre, exprimant la totale vacuité d’un esprit relatif à la chose publique, à moins qu’il ne s’agisse de sourds et d’aveugles n’écoutant pas les discours des uns et des autres ou ne voulant comparer les méthodes appliquées pour gouverner. En cette période, c’est impardonnable.

Nous-même, qui vivons très à l’écart dans notre caverne, ne pouvons échapper au flot des intentions des candidats l’inondant.

Quant à décider de voter blanc, c’est ne rien décider du tout et faire preuve d’une mollesse d’esprit que seul un philosophe de droite peut expliciter pour se convaincre de ne pas voter à gauche.

Aussi, en quelques mots succincts, allons-nous recenser les impétrants à la fonction suprême. Avec la mauvaise foi qui nous caractérise et notre préférence prétendue intangible. Car, s’il est vrai que tous ont des arguments pour lutter contre la crise, le chômage, le déficit du commerce extérieur, les délocalisations ou encore régler le problème de la dette, certains ont des solutions irréalisables, fantaisistes ou totalement radicales à faire grelotter un manchot égaré sur la Côte d’Azur.

Cheminade, il a de bonnes idées mais les métaphores cosmiques qu’il utilise le décrédibilise. La France n’a pas les moyens de se lancer, seule, dans la conquête spatiale.

Arthaud est adorable quand elle sourit, ce qui lui arrive rarement et jamais lors de ses meetings où la haine qui transpire de son discours vient ruisseler sur son visage. Elle promet le grand soir pour une nuit encore plus noire. Avec elle plus de banques, plus de patrons, que des travailleurs inamovibles. Comme en Corée du Nord où il n’y a ni banques ni patrons, que des travailleurs dévoués ou des récalcitrants dans les camps.

Poutou, le sympathique au regard si doux, trompe son monde puisqu’il préfère séquestrer les patrons qu’imaginer gouverner. C’est quand même insuffisant pour un programme.

Dupont-Aignant se dit héritier de de Gaulle. Si on l’écoute attentivement il serait plutôt l’enfant adultérin que le couple improbable, Sarkozy-Le Pen, aurait enfanté. En retard d’un millénaire, ses idées mènent droit à l’isolement de la France. Il en est encore à l’unification de la Gaule alors que l’Europe se dessine.

Le Pen ou la démagogie pour programme. Il n’est que d’analyser les rares villes où son parti gagna les municipales, devenues exsangues, pour s’en convaincre. Si l’on ajoute un rejet systématique de tout ce qui est étranger, la France, avec elle, se claquemure derrière des miradors.

Joly ignore la réalité de la nature, comme tous les écologistes qui la contemplent de loin. Rêveuse, il faut la laisser cueillir les rares pâquerettes qui poussent dans le square de son quartier. Ce qui n’est pas un crime contre l’environnement malgré le tribunal qu’elle souhaite instaurer pour juger ces dangereux profanateurs de parterres.

Bayrou pourrait avoir un certain charme. Désuet et littéraire. Mais la France a besoin d’autre chose qu’un littérateur mou. C’est l’impression qu’il donne quand on l’écoute. Pourtant j’aime la littérature. Mais le centre, c’est quoi, sinon l’indécision. Pour preuve, sa constante critique de Sarkozy, dans les médias et son bouquin, superbement affichée, au parlement, par son vote constant avec la majorité.

Mélenchon, tout n’est pas mauvais chez cet homme, comme affirmer que le métissage est une chance pour une nation. C’est un peu court, même si c’est vrai. Mais on a quand même le sentiment qu’il ne peut pas croire en tout ce qu’il dit, sinon, avec lui, c’est l’URSS d’hier en perspective. Beaucoup de bruit pour une mélancolique dictature du prolétariat. On a dû oublier de le prévenir que le mur de Berlin était tombé.

Sarkozy, c’était déjà une erreur il y a 5 ans. On ne va pas en reprendre pour cinq années à le voir gesticuler et n’aboutir à rien sauf à raboter tout ce qui a fait la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Son bilan est une catastrophe économique et sociale ; or, comme il n’a d’autre programme que celui de poursuivre dans la même voie ou d’avoir des idées-minute incompatibles avec l’Europe, on peut déjà juger où cela nous mènerait. Une France divisée après avoir été rabotée. Restera quelques copeaux.

Hollande, enfin, avec ses défauts, certes, mais au moins la conviction de tout faire pour redonner à la France son prestige et gouverner avec justice, sans parti pris ni démagogie. Respecter, rassembler, dialoguer ! Tout le contraire du précédent. Et puis, qu’on ne s’y trompe pas, favoriser l’éducation comme il l’a promis, est le reflet d’une volonté d’avenir. Un peuple ne survit que par le savoir, l’enseignement, d’où découlent le dynamisme et la force d’une nation. Insuffisant sans doute mais nécessaire pour ranimer la flamme de l’enthousiasme et apporter à l’économie le souffle qui lui manque actuellement. Pour cesser de vivre en apnée. Nous allons donc le prendre aux mots.

C’est une esquisse très partisane, nous en convenons et totalement approximative quant aux programmes de ces candidats à l’Elysée. Mais c’est l’exégèse que nous avons faite pour se décider. Notre ressenti en quelque sorte, très injuste, car choisir c’est aussi rejeter ; et pour le faire sans remords autant ne voir que ce qui est mauvais chez les uns pour magnifier le meilleur chez l’autre.

Mais l’essentiel est de participer, pour la démocratie. Alors votez !

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