5 août 2019 § Commentaires fermés sur Ostéopathe et chiropracteur § permalien
L’Arracheur de dents Van Honthorst Gerrit (1590-1656) Paris, musée du Louvre
Nuit du 4 au 5 août. Dans le ciel que je contemple, une étoile filante fuse saluant mon exode temporaire. Douleur dans les jambes suite au délabrement de la colonne vertébrale, niveau lombaire. Il est intéressant de constater, à ce sujet, combien la crédulité est grande au sein de la population. De quelque côté me tourné-je, je m’entends proposer, voire intimer, la consultation d’ostéopathe ou de chiropracteur. Les tenants du charlatanisme sont des champions de la réclame que j’appellerai volontiers du racolage. À moins que ce ne soit la propension des humains à l’irrationnel. Ces deux prétendues techniques ont été inventées par des estampeurs américains au dix neuvième siècle. L’un, A. T. Still, médecin autodidacte itinérant du Texas, trouva bon de manipuler le squelette pour soigner la dysenterie, l’autre, D. D. Palmer, accusé et emprisonné pour exercice illégal de la médecine, fit soi-disant recouvrer l’audition à un sourd, affirmant avoir reçu la technique du monde de l’au-delà. Forts des prétendus succès de leurs manipulations ils érigèrent leurs méthodes en systèmes qui firent florès. Et c’est pourquoi l’on trouve une multitude d’individus en blouse de diverses couleurs proposant leurs services à encore plus de gogos tout autant multi-colorés prêts à les rétribuer de manière variable. Et l’on voudrait que j’allasse déposer dans la tirelire de l’un des évoqués supra un billet de cinquante ou de cent euros, selon l’appréciation toute personnelle qu’a le pseudo-soignant de sa valeur ? Que nenni ! j’admire la véritable médecine, celle qui a fait ses preuves, malgré qu’on en ait, et me fais soigner par elle pour la modique somme de vingt cinq euros ou un peu plus s’il s’agit d’un spécialiste, émoluments qui me seront en grande partie remboursés d’ailleurs, et en qui ma confiance est totale, tout simplement parce qu’elle repose sur l’étude, l’essai clinique, l’esprit scientifique et tout ce qui fait la différence entre l’escroquerie et le véritable soin. Il est symptomatique de constater qu’en matière dentaire, par exemple, il ne viendrait nullement à l’esprit de quiconque de courir à la recherche d’un arracheur de dents pour soigner une carie. Il y a là toute la nuance entre l’invisible et le palpable. Les douleurs internes relèvent de l’indicibilité en raison de la méconnaissance, celles dicibles parce qu’on les voit, telles plaies et bosses.
Attention au chien ! Interjection impérative qui se veut dissuasive à l’entrée de nos cours, patios et jardins. Les latins déjà l’utilisaient, qu’ils aient ou non un chien, l’animal étant le plus souvent représenté sur mosaïque ou terre cuite, attesté par celle trouvée à Pompéi recouvrant le sol du vestibule d’une villa.
Selon certains l’expression ferait référence aux chiens d’or et d’argent campant aux portes du palais d’Antinoos, l’un des prétendants de Pénélope, le premier transpercé par la flèche d’Ulysse lors de son retour à Ithaque (Chant XXII – L’Odyssée – Homère – La Pléiade – pages 840-841).
Pour ma part il eut été plus sage d’observer avec attention le chien qui m’accompagne dans mes promenades, lui que j’ai dû mener chez les vétérinaires après qu’il se fut affaissé tout à coup, dans l’impossibilité de se relever, comme paralysé.
Depuis plusieurs jours, voire semaines, les symptômes d’une faiblesse caractéristique eussent dû m’alerter. Je mettais cela sur le compte de sa flemmardise chronique. Las ! Il souffrait de polyneuropathie, diagnostic qui laissait présager le pire si l’hérédité en était la cause. Une sorte de maladie de Charcot du chien.
L’hypothyroïdie sévère détectée ensuite, qui donne les mêmes symptômes d’atteinte des nerfs périphériques, redonna le goût de l’espoir au chien qui comprit que la science devait être respectée, ainsi qu’à ses maîtres que l’euthanasie hantait en l’envisageant. Il suffit désormais de lui administrer, soir et matin, l’hormone absente pour qu’il retrouve dynamisme et entrain d’ici quelques jours.
De la lévothyroxine ! Exactement comme celle connue pour l’humain sous le nom de Levothyrox, dont on a tant parlé dernièrement et que beaucoup ont critiqué en raison d’effets secondaires découverts soudainement suite au changement de formule des excipients ; car l’hormone est rigoureusement la même, qu’elle soit pour l’animal ou pour l’humain, et n’entraîne ni plus ni moins de désagréments qu’avant.
Il est remarquable de noter, à ce sujet, que l’angoisse associée à un effet de masse provoque la crainte de l’un exacerbée par celle de l’autre. Bien souvent sans raison, sinon celle du mimétisme. L’absence d’esprit critique liée à la méconnaissance fait agir en dépit du rationnel et s’imaginer pour vérité ce qui n’est pas. Surtout fait succomber corps et âme aux chants des sirènes des pseudo-médecines ou traitements, pour leur malheur, ceux dont l’espérance a disparu et n’ont pas, comme Ulysse, sut s’en protéger.
Mon chien, pour sa part, qui met toute sa confiance dans la médecine, vétérinaire ou humaine, ne croit en aucun complot ni lobbying pharmaceutique, ne se plaint de rien et commence à revivre.
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