Nous entendons régulièrement la réflexion, qui se veut définitive et absoudre de tout reproche celui qui l’exprime, que droite ou gauche c’est la même chose et que par conséquent voter ne sert à rien ou, en pis aller, se décider pour un vote blanc.
Voilà bien l’affirmation la plus stupide qu’on puisse entendre, exprimant la totale vacuité d’un esprit relatif à la chose publique, à moins qu’il ne s’agisse de sourds et d’aveugles n’écoutant pas les discours des uns et des autres ou ne voulant comparer les méthodes appliquées pour gouverner. En cette période, c’est impardonnable.
Nous-même, qui vivons très à l’écart dans notre caverne, ne pouvons échapper au flot des intentions des candidats l’inondant.
Quant à décider de voter blanc, c’est ne rien décider du tout et faire preuve d’une mollesse d’esprit que seul un philosophe de droite peut expliciter pour se convaincre de ne pas voter à gauche.
Aussi, en quelques mots succincts, allons-nous recenser les impétrants à la fonction suprême. Avec la mauvaise foi qui nous caractérise et notre préférence prétendue intangible. Car, s’il est vrai que tous ont des arguments pour lutter contre la crise, le chômage, le déficit du commerce extérieur, les délocalisations ou encore régler le problème de la dette, certains ont des solutions irréalisables, fantaisistes ou totalement radicales à faire grelotter un manchot égaré sur la Côte d’Azur.
Cheminade, il a de bonnes idées mais les métaphores cosmiques qu’il utilise le décrédibilise. La France n’a pas les moyens de se lancer, seule, dans la conquête spatiale.
Arthaud est adorable quand elle sourit, ce qui lui arrive rarement et jamais lors de ses meetings où la haine qui transpire de son discours vient ruisseler sur son visage. Elle promet le grand soir pour une nuit encore plus noire. Avec elle plus de banques, plus de patrons, que des travailleurs inamovibles. Comme en Corée du Nord où il n’y a ni banques ni patrons, que des travailleurs dévoués ou des récalcitrants dans les camps.
Poutou, le sympathique au regard si doux, trompe son monde puisqu’il préfère séquestrer les patrons qu’imaginer gouverner. C’est quand même insuffisant pour un programme.
Dupont-Aignant se dit héritier de de Gaulle. Si on l’écoute attentivement il serait plutôt l’enfant adultérin que le couple improbable, Sarkozy-Le Pen, aurait enfanté. En retard d’un millénaire, ses idées mènent droit à l’isolement de la France. Il en est encore à l’unification de la Gaule alors que l’Europe se dessine.
Le Pen ou la démagogie pour programme. Il n’est que d’analyser les rares villes où son parti gagna les municipales, devenues exsangues, pour s’en convaincre. Si l’on ajoute un rejet systématique de tout ce qui est étranger, la France, avec elle, se claquemure derrière des miradors.
Joly ignore la réalité de la nature, comme tous les écologistes qui la contemplent de loin. Rêveuse, il faut la laisser cueillir les rares pâquerettes qui poussent dans le square de son quartier. Ce qui n’est pas un crime contre l’environnement malgré le tribunal qu’elle souhaite instaurer pour juger ces dangereux profanateurs de parterres.
Bayrou pourrait avoir un certain charme. Désuet et littéraire. Mais la France a besoin d’autre chose qu’un littérateur mou. C’est l’impression qu’il donne quand on l’écoute. Pourtant j’aime la littérature. Mais le centre, c’est quoi, sinon l’indécision. Pour preuve, sa constante critique de Sarkozy, dans les médias et son bouquin, superbement affichée, au parlement, par son vote constant avec la majorité.
Mélenchon, tout n’est pas mauvais chez cet homme, comme affirmer que le métissage est une chance pour une nation. C’est un peu court, même si c’est vrai. Mais on a quand même le sentiment qu’il ne peut pas croire en tout ce qu’il dit, sinon, avec lui, c’est l’URSS d’hier en perspective. Beaucoup de bruit pour une mélancolique dictature du prolétariat. On a dû oublier de le prévenir que le mur de Berlin était tombé.
Sarkozy, c’était déjà une erreur il y a 5 ans. On ne va pas en reprendre pour cinq années à le voir gesticuler et n’aboutir à rien sauf à raboter tout ce qui a fait la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Son bilan est une catastrophe économique et sociale ; or, comme il n’a d’autre programme que celui de poursuivre dans la même voie ou d’avoir des idées-minute incompatibles avec l’Europe, on peut déjà juger où cela nous mènerait. Une France divisée après avoir été rabotée. Restera quelques copeaux.
Hollande, enfin, avec ses défauts, certes, mais au moins la conviction de tout faire pour redonner à la France son prestige et gouverner avec justice, sans parti pris ni démagogie. Respecter, rassembler, dialoguer ! Tout le contraire du précédent. Et puis, qu’on ne s’y trompe pas, favoriser l’éducation comme il l’a promis, est le reflet d’une volonté d’avenir. Un peuple ne survit que par le savoir, l’enseignement, d’où découlent le dynamisme et la force d’une nation. Insuffisant sans doute mais nécessaire pour ranimer la flamme de l’enthousiasme et apporter à l’économie le souffle qui lui manque actuellement. Pour cesser de vivre en apnée. Nous allons donc le prendre aux mots.
C’est une esquisse très partisane, nous en convenons et totalement approximative quant aux programmes de ces candidats à l’Elysée. Mais c’est l’exégèse que nous avons faite pour se décider. Notre ressenti en quelque sorte, très injuste, car choisir c’est aussi rejeter ; et pour le faire sans remords autant ne voir que ce qui est mauvais chez les uns pour magnifier le meilleur chez l’autre.
Mais l’essentiel est de participer, pour la démocratie. Alors votez !
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