17 décembre 2019 § Commentaires fermés sur L’âge pivot, une sottise § permalien
17 décembre Si pour les chrétiens la Pentecôte est la descente, l’effusion, le souffle de l’Esprit Saint décoiffant les apôtres, la nomination d’un ministre est très loin d’en être l’équivalent pour une équipe gouvernementale plus préoccupée de jactance prêtant à rire ou à déprimer, que par la diffusion de la bonne parole. La date pivot suggérée par le premier d’icelle est une sottise de plus à mettre à l’actif de ces politiques qui n’en sont pas à quelques gourdes près, amateurs s’il en est dans leur comportement. Si avant-hier je déclarai que cet âge pivot de 64 ans (1) pour un départ à taux plein ne s’appliquerait qu’à ceux nés après 1975, je fis erreur, puisqu’une lecture plus attentive des mesures envisagées, démontre que cette date concernerait également de manière progressive ceux nés à partir de 1960. Mea culpa, mea maxima culpa, pour rester dans la phraséologie chrétienne, bien que je suggérai d’en discuter. Mais peu importe. Fixer un âge pivot en matière de retraite à points est une ineptie. Pour plusieurs raisons. La première, alors que ce pivot butoir serait prétendument institué afin d’équilibrer les comptes, est que les boomers – comme les appellent dédaigneusement de jeunes crétins qui, vais-je leur apprendre, n’existeraient pas sans eux – arrivent à péremption et disparaissent progressivement les uns après les autres. Par ce seul fait les comptes seront d’aplomb naturellement, apurés et sans doute excédentaires. La natalité baissant étant compensée par l’apport de l’immigration. La seconde est que cotiser par points permet de savoir exactement ce à quoi donne droit, à date donnée, les versements effectués. Or, si le fait de cotiser plus longtemps permet d’augmenter sa pension, nul doute que beaucoup seront tenter de poursuivre leur carrière, différer une mise au rebut parfois mal vécue. La pénibilité étant toujours prise en compte avec l’âge légal de 62 ans intangible – et pourquoi pas revenir à 60 ans grâce à la négociation ? – tout comme la valeur du point, ces deux marqueurs de justice inscrits dans la constitution. D’autant que, et il s’agit-là de la troisième raison, malgré une éventualité de perte d’emploi, donc de chômage, due au manque de savoir-vivre du patronat, tous les jobs, petits boulots – travail effectué pour survivre, si déclaré – seront soumis à versement de points. N’oublions pas qu’actuellement une majorité de retraités – et parmi celle-ci ceux-là même qui s’arrêtent pour cause de fatigue – recherche et trouve des emplois d’après retraite, rémunérés sous condition, pour lesquels chacun cotise… bénévolement, quand ces emplois ne sont pas au noir, puisque ces cotisation ne rapportent rien, toute retraite liquidée devenant définitive et intangible, au contraire de l’affirmation désinvolte de la porte-parole du gouvernement. Il y a sans doute d’autres détails qui m’échappent et ne nie pas que ce système peut désavantager dans un premier temps les quelques nantis du service public. Mais à terme tous ces avantages disparaîtront car devenant insupportables à la collectivité, intolérables, impensables aux esprits épris de justice. Ou seront légitimement compensés par la négociation pour les professions qui perdent trop eu égard à l’existant. L’évolution d’une société passe par une vision claire de l’avenir et non par l’inconséquence de l’amateurisme des gouvernants.
(1) Addenda : L’âge pivot est une véritable escroquerie dans la mesure où il pénalisera ceux qui ont atteint, avant 64 ans, leur nombre de trimestres cotisés puisqu’ils subiront une décote définitive de 5 % par année anticipée de départ malgré l’âge légal de 62 ans, qui devient de facto une vue de l’esprit. Si j’ai bien compris, car, comme l’affirmait Boileau, » Selon que notre idée est plus ou moins obscure, l’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. « Mais nous sommes loin d’un art poétique quelconque dans ces négociations sociétales.
20 octobre 2010 § Commentaires fermés sur La sagesse d’un chef § permalien
J’entends dire et je lis un peu partout que Sarkozy ne modifiera pas d’une virgule son projet de réforme des retraites et n’ouvrira pas à nouveau les négociations. C’est sans doute vrai.
Tout d’abord son caractère le lui interdit. L’absence de souplesse intellectuelle des enfants têtus et bornés en est une preuve. Ensuite sa politique qui le conduit à surenchérir dans l’intransigeance pour satisfaire d’hypothétiques électeurs, en est une autre. Car, qu’on ne me dise pas que la pertinence de cette réforme, malgré les affirmations qu’on multiplie ces jours, est réelle et devient la nécessaire raison. Nul n’y croit, pas même ceux qui vont s’empresser de la voter de leur train de sénateur qui s’achemine vers le butoir.
En premier lieu cette réforme est en elle-même une hérésie. Elle ne fait que transposer un coût supporté par un organisme, celui, de manière globale, des caisses de retraites, vers un autre, celui de l’Unedic. Coût chiffré par cette dernière caisse à 265 millions d’euros minimum la première année de son entrée en vigueur.
Ensuite à plus long terme la situation réapparaîtra à l’identique si le marché du travail ne se rétablit pas. Les seuls lésés dans cette aventure seront, comme toujours, les salariés qui devront trimer un peu plus pour des retraites encore moins valorisantes que celles d’aujourd’hui, l’augmentation quasi certaine des années de chômage qu’ils subiront défavorisant leur salaire de référence. Or, établir une réforme telle qu’elle s’apparente aujourd’hui, c’est entériner la volonté de ne rien faire pour inverser le désastre économique du pays. Tout se passant comme si on posait la pétition de principe suivante : la réforme est bonne car elle permet de continuer comme par le passé en sauvant les retraites. Or, la démonstration est loin d’être probante et n’avantage que les détenteurs du capital.
Mais admettons qu’il soit nécessaire de réformer le régime des retraites, comme nombreux le pensent, à tout le moins l’uniformiser afin d’éradiquer ces différences éhontées qu’on constate aujourd’hui —comme celle concernant les politiques eux-mêmes— et qui entretiennent ce sentiment d’injustice ressenti par une majeure partie de la population. Si on veut le faire ce ne peut l’être que par la négociation, le dialogue et non l’autoritarisme. Autoritarisme qui laisse sous-entendre une autre volonté, celle de supprimer, tout au moins minimiser, le système par répartition au profit d’un autre, forcément injuste, celui de la capitalisation personnelle. Comment peut-on penser qu’un ouvrier qui gagne à peine de quoi survivre puisse, en plus, thésauriser? Sauf à vivre dans un autre univers déconnecté de la réalité.
Dans les bouquins de management, ou précis de direction, il est rappelé qu’un objectif ne peut être atteint que s’il est accepté par l’ensemble des protagonistes. Celui qui le donne tout autant que celui qui doit en exécuter les modalités. Seule une adhésion complète permet son aboutissement. Or cette adhésion ne s’obtient que par le dialogue. Je me souviens qu’à cette époque du début de l’informatique, des modélisations de situations de blocage qu’il fallait tenter de résoudre, étaient soumises aux apprentis dirigeants. Il va sans dire que les plus intransigeants, dans les jeux de rôles, allaient vers le chaos, ou le KO c’est selon, la morgue entre les lèvres. La situation d’aujourd’hui ressemble à s’y méprendre à ces modèles créés sur le réel. A croire que ceux qui nous dirigent n’ont fait aucun profit de ces expériences passées.
Mais le plus invraisemblable, et c’est ce en quoi Sarkozy se leurre, est sa foi inébranlable que montrer une autorité aussi désuète lui apportera les voix qu’il espère. Ces voix risquent fort de lui reprocher ultérieurement de n’avoir su créer que des frustrations laminant l’ardeur au travail. Le désespoir ainsi suscité ne peut en effet que favoriser le désintérêt au détriment de l’ouvrage à réaliser. C’est ainsi, celui à qui l’on n’apporte aucune reconnaissance se renferme dans la rancœur et le rejet, la volonté de trouver ailleurs et notamment dans la contestation larvée et continuelle, un intérêt à son existence.
La sagesse d’un chef exige de lui d’être attentif, à l’écoute de ceux qu’il commande. Ce n’est pas se dévaloriser, c’est au contraire se grandir. Sinon on ne forge que des mutins.
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