Des agissements de pleutre

13 juillet 2019 § Commentaires fermés sur Des agissements de pleutre § permalien

Le Déjeuner sur l’herbe – Manet – 1863 – Musée d’Orsay

     Julien Courbet n’est guère respectable. C’est non seulement un imbécile, mais de plus un illettré à l’orthographe approximative dans son tweet de deux phrases et trois fautes. Au prétexte de défendre la cause animale, suite aux photos d’un couple posant devant les fauves abattus au cours d’un safari, il demanda à ses auditeurs de courir prendre en photo le mari et l’épouse dans le super-marché qu’ils dirigent. Mais quoi ? y serait-il sous-entendu de figer l’homme et la femme dans la pose des fauves, c’est-à-dire morts ? Mais quoi ? les photographes sont-ils les vengeurs de lions, d’hippopotames et de gazelles qui n’intéressent personne la plupart du temps ? Mais quoi ? que signifie cette injonction d’aller chez eux leur rendre pareille célébrité ? Il agit comme un pleutre, incitant les autres à effectuer ce qu’il pourrait parfaitement faire lui-même.
     Cette époque délétère que nous traversons à coups de tweets et de posts fait plus de cas des animaux que des hommes. Tuer un être humain, le laisser périr comme un vulgaire migrant ou le désigner à la vindicte populaire, devient banal alors qu’un chasseur, dont le sport est parfaitement légal, est considéré comme un criminel à mettre au ban de la société. Il faut se méfier de ces gens qui préfèrent l’animal à l’humain. 

     François de Rugy a-t-il lu  » Utopia  » ? Si oui il saurait que dans la contrée imaginaire et parfaite, selon Thomas More, l’or et l’argent y sont tellement décriés, considérés comme vulgaires, que nul habitant de cette île n’en détient une once ou les utilise en pendentif ou prothèse dentaire. Hormis les prisonniers, criminels en tout genre, dont les fers sont des chaînes en or, et ceux qui pissent la nuit dans des pots de chambre en or 18 carats. Chez les de Rugy ce sont les sèche-cheveux qui sont dorés à l’or fin. Ce qui démontre de façon évidente le goût prononcé pour le tape à l’œil de basse extraction et prouve ce que je subodorais derrière le sourire figé et de façade du ministre, la prétention vulgaire. 
     L’autre jour, plaidant dans le procès que lui font les procureurs de Médiapart de dîners somptueux offerts à n’importe qui lors de son séjour hôtel de Lassay, je tentais de le défendre contre ces attaques injustes pour plusieurs raisons. Tout d’abord n’aimant pas plus le personnage que les pseudos journalistes qui l’agressent en n’ayant d’autres choix que le feuilleton et non la qualité de l’information pour gagner des abonnés, il m’est aisé de prendre fait et cause pour la gastronomie sans que l’on m’accuse de mauvais goût. La seconde raison, étant la présence dans les caves de la demeure des vins incriminés, il fallait bien les boire avant qu’ils se bouchonnassent. Enfin, organiser des dîners s’effectue chez tout le monde, de l’ouvrier au président, du barbecue au festin, et il n’y a que les imbéciles pour regretter ensuite d’y avoir participé, comme ce journaliste à l’accent béarnais qui tremble dans son caleçon d’être accusé de concussion. C’est avant qu’il fallait réfléchir, si tant faire se peut. 
     Défendre donc de Rugy pour ses repas participe de la sauvegarde du patrimoine, de la mise en valeur du savoir faire français, de la pérennité de la culture gastronomique et de la lutte contre l’hégémonie des différents guides et particulièrement du Michelin qui se permet de noter sans leur autorisation les plus grands chefs, dont Marc Veyrat qui fulmine. 
     Mais sa défense s’arrête là. J’ai l’impression que le ministre traîne pas mal de casseroles, la dernière étant à mes yeux rédhibitoire, celle qui consiste à limoger une collaboratrice pour sa propre défense. Impardonnable et pitoyable, digne d’un pleutre.

Cahuzac

8 avril 2013 § Commentaires fermés sur Cahuzac § permalien

Je n’ajouterai pas ma voix de soliste au concert des ténors de la politique ou de la presse qui jappent comme des chiots autour d’un os à ronger. Cahuzac a menti et lui seul en est responsable, inutile de chercher plus loin, tenter de récupérer un acte personnel pour le transformer en affaire d’État et faire oublier ses propres mensonges, multiples et récurrents mais plus subtils que celui de l’ancien ministre. L’opportunisme les guidant plus que la sincérité, les conseils qu’ils prodiguent sous forme d’injonctions, alors qu’on ne leur demande rien, ne cherchent qu’à déstabiliser le gouvernement actuel pour tenter reprendre le pouvoir. Une espèce de putsch à l’ancienne dont on peut noter l’orchestration dans la virulence des propos et des manifestations qui s’enchaînent, que ce soit à l’égard des projets de loi ou des critiques sur les institutions, telle celle de la justice. Démocrates, ils ne semblent l’être que lorsqu’ils détiennent le pouvoir. On peut les laisser rêver, tout comme croire qu’émergera un jour une société immaculée.

Que Mélenchon, qui n’a certainement rien à se reprocher dans sa carrière d’élu où il pantoufle depuis de longues années, n’ayant pour seul titre de gloire que sa propension aux bons mots et dont le dernier frise dangereusement avec une phraséologie épurative, réclame un grand coup de balai, une purification de l’atmosphère politique et appelle à manifester en ce sens, rien de plus normal, l’histrion se prend pour un désodorisant mais lui-même pue le populisme. Mais qui peut croire en une telle démagogie?

Quant à ceux de droite, je les renvoie à leurs casseroles dont le tintamarre s’est tu momentanément grâce à la pause mensongère.

Mais je voudrais dire un mot sur le journaliste à la moustache dictatoriale slave et au sourire mielleux. En rien je ne reprocherai à la gazette de Plenel d’avoir dévoilé une fraude, après tout on peut considérer la délation comme étant d’utilité publique, on le vécut lors d’une autre époque et tout bon agent du fisc, ces flics du fric primés au rendement, peut en être friand pour mener à bien sa quête de chaque jour. Je crois toutefois qu’il faudrait autant d’inspecteurs des impôts qu’il y a de contribuables tant, chacun à sa mesure, il est tentant de grappiller à droite ou à gauche. Les exemples sont innombrables, chacun ayant au moins une histoire à rapporter à l’heure de l’apéro pour l’édification des esprits dubitatifs et aveugles sur leur propre écart de conduite. L’impôt, à titre individuel, bien que nécessaire, est toujours un sujet polémique qui vous déclenche une crise d’urticaire. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, frauder sur cinq euros est au sens de Bercy aussi méprisable et condamnable que sur des millions, voire plus pour quelques richissimes affairistes dont savent profiter les amoureux des urnes. La politique et l’argent ont toujours fait bon ménage malgré quelques crises épisodiques de jalousie. L’essentiel étant la discrétion lorsque les amants sulfureux se raccordent autour d’un pot de vin. Le cynisme étant de mise, je mets au défi quiconque de trouver un seul gouvernement, ou aspirant à gouverner, dans quelque nation que ce soit, malgré des déclarations à usage du crédule, n’œuvrant pas dans l’ombre avec des finances occultes pour conserver ou gagner le pouvoir, les moyens à mettre en œuvre pour se faire entendre étant incompatibles avec les recettes. On pourra instituer toutes les régies de contrôle que l’on souhaite, il existera des astuces pour les duper.

Ce que je veux dire ainsi n’est bien sûr pas pour absoudre la tricherie fiscale de Cahuzac, encore moins ses mensonges réitérés face à ceux qui lui accordaient une confiance aveugle due au secret de l’opération, pas même sa duplicité d’accepter une fonction dont il était le propre adversaire. Encore que, connaissant les rouages du principe, il n’était peut-être pas le plus mal placé pour lutter contre, bien qu’à l’inverse, en effet, le copinage pouvait limiter son action. Il n’a seulement pas eu la finesse ou la subtilité des autres et aurait mieux fait de se taire et attendre que le vent tourne ou qu’un juge démêlât l’écheveau. Subir un procès pour fraude est moins ignominieux que celui pour imposture. Je le laisse donc face à sa honte qui sera désormais le miroir de son existence.

Mais revenons à Plenel et ses scribouillards à qui je ne reproche donc pas d’avoir dévoilé l’escroquerie, puisqu’à tout pouvoir un contre pouvoir est essentiel, mais leur manière. Transformer en un feuilleton de quatre mois un délit qu’un unique article aurait conclu en apportant les preuves immédiatement sans les distiller, relève d’un plaisir malsain digne d’un tortionnaire des meilleures dictatures ou du regret de l’Inquisition où, l’accusé n’avouant rien, voit son martyre se prolonger sous les coups du bourreau, à tout le moins d’un esprit de lucre, appâtant les lecteurs pour ferrer leur porte-feuilles afin de pouvoir suivre les épisodes, participant ainsi grandement au brouhaha délétère de cette dernière semaine. Avec des amis de cet acabit Hollande a plus de soucis à se faire qu’avec ses véritables ennemis. Et puis, cette façon d’écrire au parquet pour lui ordonner une enquête, cela ne relève-t-il pas, au mieux de la mégalomanie, au pire de l’usurpation? S’imaginer auxiliaire de la justice —pourquoi pas son garant?— lorsqu’on n’en a pas la qualité peut vous transformer un honnête informateur en exécuteur des hautes œuvres.

Mais à l’heure où n’importe qui se prévaut de titres qu’il ne détient pas, rien ne doit plus nous étonner. Ce qui est plus inquiétant, c’est l’émergence de ces nouveaux Savonaroles qui se prennent pour des lessiveuses. Ça risque de leur donner le tournis et de mêler le linge propre au sale dans leurs prochaines tentatives de nettoyage.

 

Kadhafi sponsor de Sarkozy?

29 avril 2012 § Commentaires fermés sur Kadhafi sponsor de Sarkozy? § permalien

Je ne sais pas si Sarkozy bénéficia des largesses libyennes pour son élection précédente et sans doute sans lendemain, mais, très certainement, si elles existèrent, n’en aurons-nous jamais les preuves ni même une quelconque certitude, ces choses-là, lorsqu’elles se pratiquent, ne s’opèrent que dans l’opacité de rendez-vous secrets, de rencontres encore plus discrètes que les galantes et menées par des intermédiaires plus habitués des cabinets noirs que des roses. Et moins volubiles, mais plus inquiétants.
Cependant une constatation s’impose, celle de la venue du dictateur Libyen à la mi-décembre de cette même année 2007, plantant son marabout au cœur de Paris, au-delà de toute décence et surtout de toute justification.
Car on sait ce qu’il advint du prétexte de la vente de Rafales. Si ceux-là, quelques années plus tard, survolèrent le désert libyen, un des plus beaux du monde, ce ne fut que pour le bombarder comme dans un déchaînement de vengeance.
Deux questions, dès lors, se posent?
Pourquoi avoir invité si précipitamment ce tueur à gages?
Je répondrai, qu’avec le recul du temps, cela ressemble à un remerciement.
Pourquoi être devenu son ennemi irréductible après avoir été son ami?
Dans un mauvais thriller, cela ressemblerait à l’élimination d’un témoin.

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