Tolérances

27 mars 2019 § Commentaires fermés sur Tolérances § permalien

Jacinda Ardern – Photo Kirk Hargreaves – capture d’écran

     Vu ce matin dans la presse une photo datant du 16 mars, prise le lendemain de l’attentat perpétré en Nouvelle Zélande, de Jacinda Ardern. Admirable ! Une icône. Elle renvoie patauger dans leur fange tous les racistes, xénophobes, intolérants, tous les Renaud Camus, Soral, Zemmour et autres prosélytes, zélateurs de la haine n’acceptant aucune autre religion, aucune autre pensée que la leur.

     Cette jeune femme de trente huit ans, dans son regard, son attitude, son foulard porté fraternellement, face aux représentants de la communauté musulmane frappée par l’horreur, exprime tout l’amour que l’on peut porter à son prochain.

     Plus que cela même, au-delà de nos différences elle affirme que chacun renferme l’unité, l’unanimité charnelle de la race humaine.
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     Les biographies ont cela d’exaspérant, que nous connaissons, avant même de refermer l’ouvrage, la fin de l’histoire.

     Il y a déjà plusieurs semaines que j’ai terminé de lire la monumentale biographie de Victor Hugo par Max Gallo qui m’avait été offerte dernièrement. Je m’en suis délecté et y découvris des aspects ignorés de l’homme, ainsi ce côté petit comptable du grand homme, radin tout autant que généreux mais avec parcimonie, ou encore cet appétit sexuel s’apparentant à la boulimie, sans oublier bien sûr sa logorrhée de versificateur ; à se demander s’il ne parlait pas en alexandrin dans la vie courante. Léautaud d’ailleurs, lorsqu’il l’évoquait avec Jünger, pensait qu’on pouvait éviter de le lire ; mais de cela Max Gallo ne parle pas, si admiratif qu’il était du poète que je me posai la question de savoir s’il n’avait pas lu entièrement son œuvre. Ce qui en soi eût été un exploit plus grand encore que d’écrire sa biographie.

     Bien évidemment comme pour les autres le livre s’est refermé sur un enterrement.

     Que voulez-vous, la vie est ainsi faite qu’il faut un jour ou l’autre la quitter.
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     Le chien, qui lui ne s’exprime que par le regard ou les mouvements du corps, récupère de ses aventures vétérinaires et ne rate jamais l’occasion de venir se coucher à mes pieds à l’heure de la sieste lorsque j’ouvre le livre en cours. Il faut toutefois que je l’aide encore à se lever.

     J’ai repris la lecture des Historiettes, de Tallemant des Réaux, que j’avais délaissées depuis longtemps. Les petits comme les grands du XVIIe siècle y sont décrits au scalpel. Ainsi Ménage, avocat sans grand talent semble-t-il, et surtout sans goût pour la profession qu’il délaissa pour se faire abbé, sans ordre ni prêtrise, afin d’obtenir une prébende lui permettant de se consacrer à la grammaire et à son péché mignon, la médisance.

     Ce penchant lui vaudra bien des aventures et déboires. Alors dans l’entourage du cardinal de Retz, l’intendant de ce dernier, un nommé Rousseau, et quelques autres firent  » carrousse «  avec Ménage – c’est-à-dire burent et mangèrent plus que de coutume, ripaillèrent en un mot – et badinèrent avec lui, le soulevant en l’air et voulant le mettre comme Diogène dans un tonneau, l’appelant leur philosophe.

     Ménage crut qu’on se moquait de lui, mordit un des rieurs, se querella avec les autres, reçut un soufflet puis un  » …coup de poing à assommer un bœuf, comme s’il fallait tant de gens contre un philosophe. «  s’étonne ironiquement Tallemant. Malgré les excuses notre grammairien furieux s’alla plaindre au cardinal, lui demandant de chasser son intendant, de l’autoriser à lui administrer des coups de bâton et qu’à moins de cette vengeance il quitterait son service.

     Le cardinal ne balança pas entre l’homme de lettres et son intendant qu’il garda à son service. L’autre le quitta donc. Ménage se croyait indispensable. Le cardinal lui prouva qu’il n’en était rien.

     Ainsi devraient agir ceux qui ont responsabilité. Jamais le chantage d’un collaborateur ne devrait être toléré, et surtout n’y jamais céder. C’est faire preuve de sagesse, de bon sens, de raison que de ne pas répondre à celui ou celle qui met son poste ou son service en balance dans une négociation, car pour ce dernier ce n’est pas servir, c’est ne penser qu’à soi, se croire bien supérieur à ce que l’on est vraiment.    

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