12 septembre 2018 § Commentaires fermés sur Tartuffe et Ponce Pilate § permalien
Je me suis laissé dire que Pierre Arditi, qui joue actuellement Tartuffe à la scène, fustige ceux qui critiquent la limitation de vitesse à 80 km/h en tenant un discours à la con.
Vous noterez avec gourmandise que ma phrase est volontairement ambiguë.
Au-delà de cette dégustation qui n’est pas œnologique, je me demande à quel titre ce cabotin est à même de juger l’absurdité ou non d’une mesure unanimement décriée, lui qui sillonne les vignobles au volant d’une bagnole qu’il ne conduit qu’au cours des navets qu’il tourne pour la télé, ne s’éloignant sans doute que rarement des salons et studios aux douceurs parisiennes ou se déplaçant avec chauffeur le reste du temps.
Mais ses diatribes sont sans intérêt, sinon celui de jouer encore Tartuffe sur les plateaux télé, l’accident, quel qu’il soit et malgré qu’il en ait, n’étant qu’un fâcheux concours de circonstances, c’est à dire se trouver là quand il n’eût pas fallu, peu importe la vitesse à laquelle on parvient sur ce lieu de rencontre.
Bien plus inquiétants et arrogants pour la liberté des femmes sont les propos du président des obstétriciens-gynécologues de France, Bertrand de Rochambeau, qui refuse de pratiquer des IVG parce que, lui et ses collègues, qu’il associe sans vergogne avant de connaître leur avis, ne sont « pas là pour retirer des vies ».
On discutera à l’infini sur la nature de l’embryon. Est-il ou non un être humain à sept semaines ? Qu’en est-il à douze semaines après l’absence de menstruation ? Je noterai simplement qu’à cinq jours, et certainement à plus long terme, l’embryon peut être congelé puis décongelé viable, ce que tout être humain ne supporterait pas, tendant à prouver ainsi que ce conglomérat de cellules est encore loin de pouvoir être considéré comme un être pensant biologiquement parlant.
Mais peu importe, ce qui demeure c’est le risque de voir ces femmes, refusant la conception pour des raisons qui n’appartiennent qu’à chacune d’entre elles et à elles seules, de les voir donc catapulter par l’égoïsme de ce médecin vers des extrémités qu’il est censé leur épargner.
Car le tragique des propos de ce Ponce Pilate attardé, est qu’il fait fi de leur souffrance, n’interrogeant, n’écoutant que sa propre conscience à l’encontre du serment qu’un jour il prêta devant ses pairs.
Ce n’était alors, sans doute, qu’un serment d’ivrogne puisqu’il oublie aujourd’hui ce qu’il promettait hier : « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. »
Et je lui rappellerai la conclusion qu’il ne manqua pas d’affirmer : « Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »
8 mars 2018 § Commentaires fermés sur Ralentis, ça monte ! § permalien

La voiture du futur – Photo Stephan Kühn – Wikipédia
« Il est l’heure, braves gens roulez en paix, tout est calme, les vieux veillent. »
Tout est calme, en effet, et le sera plus encore avec ces vieillards avant l’âge qui nous gouvernent. Vieillis avant l’âge sous le harnais des équations, du pouvoir et de la réalité ignorée.
À quoi reconnaît-on les vieux ? Au ralentissement de leurs fonctions, à leur démarche lente, à leurs projets restreints, à leur vie cloitrée dans un monde à part.
Or demain, lorsque les voiturettes sans permis doubleront allègrement les Porche, Ferrari et autres bolides, lorsque les mobylettes feront la course avec nos coupés, lorsque même les cyclistes dans une descente rivaliseront avec les berlines sur nos routes limitées à 80 km/h grâce à l’absurdité de ces psycho-rigides, demain nos déplacements vous seront un modèle du couloir d’un hospice.
Limiter la vitesse en prétextant sauver quelque 350 vies sur les 3693 personnes qui ont perdu la leur l’an dernier au volant, c’est tout d’abord profondément injuste pour les 3343 laissées pour compte qui disparaîtront malgré l’abaissement de la vitesse, mais c’est aussi reconnaître que cette limitation ne servira à rien ou à pas grand chose, puisque l’on se satisfait de les comptabiliser malgré tout comme inévitables.
Le risque zéro n’existant pas, l’unique solution est l’interdiction définitive de la voiture. Voilà le véritable remède à l’éradication de ces morts violentes.
Quant au reste, tout est fallacieux dans les arguties développées sous les lambris vernissés des salons par des neurones précocement séniles à l’origine du projet, le seul sentiment prédominant est le rançonnement pur et simple de l’automobiliste, alors que celui de la compassion pour les décès n’étant qu’un biais cognitif à l’intention de quelques tartufes, fiction pour se donner bonne conscience.
Mais inutile de développer plus avant, d’affirmer qu’il y aura toujours des morts au volant, quoi que l’on fasse, mais que leur diminution constante depuis 1972 (16945 cette année-là) est due aux progrès techniques des véhicules, à l’amélioration des routes, à la suppression des zones dangereuses, à l’éducation des chauffeurs, à leur plus grande sobriété, à une prise de conscience quasi collective de mourir inutilement, ils ne croiront rien et continueront de militer pour abaisser toujours plus cette vitesse qui les effraie. » Rouler moins vite c’est sauver des vies » disent-ils ; ne pas rouler du tout serait plus efficace.
Nul ne parviendra à convaincre ces escargots. Les vieux ont aussi ce désagrément d’être sûrs de leur fait, et, imbéciles comme pas un, ne changent jamais d’avis.
» Allez, c’est l’heure, roulez en paix braves gens, tout devient calme, les vieux précoces veillent. »