17 juin 2019 § Commentaires fermés sur La furie nous gagne § permalien
Oreste poursuivi par les Furies – 1862 – William Bouguereau – Chrysler Art Museum
C’était bien la peine que Malot, Hugo, Zola et d’autres décrivissent la misère humaine ou que Vallès s’insurgeât contre l’injustice pour constater encore de nos jours qu’un juge condamne à la prison ferme un jeune d’une vingtaine d’années, et qui avait faim, quand bien même est-il récidiviste et c’est normal car la faim est récurrente, pour avoir chapardé, dans un magasin Franprix de Conflans-Sainte-Honorine où vigile et directeur, ces gardiens du Temple, avaient l’œil suspicieux, un sandwich et un jus de fruit ? Mais qui est le plus stupide de cet infernal trio, le juge, le directeur ou le vigile ? Ils me font penser aux Furies romaines, ou Euménides par antiphrase, ces trois sœurs vindicatives, Tisiphone, Alecto, Mégère, chargées du maintien de l’ordre, de la morale et de la bienséance que nul n’osait regarder, à qui l’on rendait hommage par crainte mais que l’on haïssait au fond de soi. L’enfer est pavé de bonnes intentions affirmait Saint Bernard, mais je lui préfère cette expression tirée du Talmud qui veut que, agir mal avec une bonne intention vaut mieux que suivre la loi avec une mauvaise intention.
Hier soir, les oies du Capitole ont cacardé de plaisir. Toulouse a donc gagné son vingtième bouclier de Brennus, ce trophée rugbystique qui n’a rien de gaulois au contraire des joueurs et supporters de ce sport que la professionnalisation n’a en rien améliorés les rendant aussi furieux que les Erynnies. Je me rappelle une époque où les stades vibraient d’une joie partagée. Aujourd’hui les huées, la bronca anime les mécontents pour insulter le chef de l’état venu saluer les joueurs. Finira-t-on les matchs de ce sport dit de gentlemen comme on les commence dans le football, c’est-à-dire dans la vulgarité, la violence et la bêtise ?
Je lis dans Sud-Ouest que 44 personnes en furie de la région de Cognac veulent porter plainte contre Monsanto. Après avoir pissé du glyphosate, comme ils disent, ils vont aller déféquer leurs sottises au TGI de Paris pour – n’ayons pas peur des mots – emmerder les juges en rejoignant le conglomérat des pollakiuriques prétendument pestiférés. Et pourquoi ? Pour rien. Parce que le glyphosate utilisé à bon escient est sans danger pour l’homme selon quelque huit cents études et l’unanimité des agences sanitaires, contre un seul avis partisan – celui du CIRC qui persiste à le diaboliser – et parce que les analyses faites sur les » pisseurs « , comme ils se nomment, sont vraisemblablement biaisées; les mêmes mesures effectuées par des laboratoires dignes de ce nom ne présentent pas, loin de là, les résultats qu’affiche le labo allemand référencé par le groupuscule. A-t-on d’ailleurs déjà vu des analyses urinaires positives à 100% sur une cohorte de pisseurs pris au hasard ? Cette seule coïncidence est déjà suspecte. D’autre part le test Elisa utilisé, prévu pour l’analyse de l’eau, n’a jamais été validé pour l’analyse d’urine. Quand donc cessera-t-on de prendre des vessies pour des lanternes ?
4 mars 2019 § Commentaires fermés sur Après-midi dans les vignes § permalien
Hier, après-midi dans les vignes près de la maison à la recherche de quelques sarments afin d’en faire des boutures. J’avais repéré l’an dernier des plants d’un raisin de table à la saveur douce et sucrée perdus dans un rang de Colombard ou de Folle-blanche, cépages adaptés à la distillation du Cognac.
Le moment est propice, les vignes n’ont pas été encore taillées avant le débourrement du printemps.
Entre les rangs, l’herbe est rase pour le confort du vigneron qui viendra bientôt armé de son sécateur. » Désherbé au Glyphosate « me dis-je avec un sourire, me rappelant une discussion animée avec un couple écologiste.
Aux arguments sans preuve j’opposais alors l’absence totale d’études prouvant la toxicité de l’herbicide, hormis peut-être une parfaite supercherie, voire escroquerie – aussi inepte que celle du même tabac et du même individu sur le goût du vin altéré par les pesticides – face aux quelque huit cents affirmant que le Glyphosate est sans danger lorsqu’il est utilisé correctement, cette étude séralinienne voulant prouver l’empoisonnement des rats nourris avec un maïs génétiquement modifié tolérant au Roundup.
L’ironie dans cette discussion était que, tout en parlant âprement, mes deux opposants se roulaient des cigarettes qu’ils fumaient consciencieusement avec délice, méprisant le danger autrement toxique de cette fumée dont ils s’emplissaient les poumons que les calamités dont ils accusaient le Roundup. Comme quoi la foi qui nous anime ne permet guère l’objectivité et que nous importent peu des risques parfaitement connus lorsque la passion aveugle.
Cette anecdote me rappelle l’information lue dernièrement d’un jugement rendu au Canada, où des fumeurs attaquèrent l’industrie du tabac et obtinrent la condamnation des industriels poursuivis au prétexte que ces derniers n’avaient pas averti leurs clients des dangers du tabagisme. Cent mille emphysémateux, bronchitiques ou cancéreux se partageront, avant de mourir comme tout le monde, quinze milliards de dollars si la justice s’obstine dans ce verdict hallucinant et désespérant pour la conscience humaine.
De qui se moque-t-on ? On sait les dangers de cette plante depuis plus de trois cents ans, voire antérieurement. Même Catherine de Médicis, à qui Nicot expédia du Portugal des feuilles de tabac pour soigner ses migraines ou celles de son fils, en connaissait les désagréments. Déjà le chirurgien napoléonien Percy subodorait son action dans le cancer du poumon. Dès le début du XVIIe siècle Jacques 1er, roi d’Angleterre et d’Irlande, dénonçait » cette déplorable habitude, dégoûtante aux yeux, désagréable au nez, dangereuse pour le cerveau, désastreuse pour le poumon « . On condamna même à mort en Turquie ceux qui enfreignaient l’interdiction de fumer, à la bastonnade dans d’autres pays ou à des mutilations en Russie.
Et fumer ne date pas d’hier ! Bien avant que la solanacée fut connue. Sans doute depuis le VIe siècle avant JC selon un rouleau assyrien représentant un roi aspirant de la fumée. Du chanvre, de l’herbe, des lianes, de l’eucalyptus.
Et j’en parle à mon aise, car, quand bien même ai-je cessé depuis plusieurs mois, j’ai auparavant fumé pendant plus de cinquante ans. Tout ! Pipe, cigare, cigarette…et même avant l’âge de raison des cigarettes à l’eucalyptus, dès l’âge de quatre ans précisément, prescrites par le médecin de l’époque pour soigner l’asthme.
Si à cet âge d’innocence j’ignorais les risques et me croyais déjà viril, je sus ensuite ceux auxquels je m’exposais. Jamais pourtant il ne me viendrait à l’idée d’attaquer qui que ce soit pour atténuer ma culpabilité.
La responsabilité de nos actes nous incombe et reporter vers les autres les erreurs que l’on commet ne nous absout en rien. L’appât du gain pouvant être également le moteur de nos sottises.
Mais l’effarant est que des juges puissent donner raison à l’absurde.
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