Racolage à Villepinte

2 mai 2017 § Commentaires fermés sur Racolage à Villepinte § permalien

Faut-il rappeler à Mme Le Pen, dite Marine, si soucieuse de culture française et d’honnêteté intellectuelle — si ce n’est d’une autre que cette dernière — la locution proverbiale selon laquelle qui vole un œuf, vole un bœuf ? Fondement de toute récidive selon elle.

Qui pompe un discours un jour, pompe donc toujours. À moins de citer ses références. Ce que la Marine nationaliste ne fit à Villepinte où, pendant de longues minutes elle débita, mot pour mot sur l’air de prêcheuse biblique qu’on lui connaît, les phrases de M Fillon, elles-mêmes tirées d’un livre commis par un nommé Coûteaux.

Mais non, se récrient avec un bel ensemble les caniches de service, ce n’est pas un plagiat, rien qu’un petit emprunt, un clin d’œil.

Un emprunt ? Il faut toujours rembourser ses dettes, petites ou grandes, d’une façon ou d’une autre. C’est fait, aujourd’hui, dans le ridicule.

Un clin d’œil ? Mais alors, Le Pen, dite Marine dans le milieu, tapine, racole, retape. Nous n’en doutions d’ailleurs pas, avec le résultat maigre que l’on sait. Deux ou trois prétendus gaullistes qui sont au gaullisme ce que les égouts sont à la source. C’est tout !

Quant au reste, l’histoire retiendra que, qui vole un œuf pouvant fort bien voler un bœuf, l’impétrante le faisant d’un discours pourrait fort bien le faire de tout autre chose, surtout lorsqu’on tient les cordons de la bourse. Ce, qu’à Dieu ne plaise, ne lui arrive jamais.

Il n’est que de constater ses démêlées au parlement européen.

La montée des périls

9 mai 2012 § Commentaires fermés sur La montée des périls § permalien

Ne pas se voiler la face, si Hollande vient d’être élu, à la différence de ses prédécesseurs il ne bénéficiera guère d’un état de grâce pour mettre en œuvre sa politique de croissance, et les législatives qui n’auront lieu que dans un mois, si elles ne lui apportent pas la majorité à l’Assemblée, risquent fort de n’être pas que son tombeau mais celui de la France et sans doute de l’Europe.

 

De toutes parts la montée des périls, titre que j’emprunte à Jules Romains*, se fait évidence. Si, ici, lors de ce dernier vote, le FN a obtenu 18% des voix, il n’est pas le seul parti fasciste à pointer le bout de son mufle et la Grèce montre l’exemple de ce qui peut se produire avec l’émergence de mouvements comme les « Grecs indépendants » ou « l’Aube Dorée » dont les dirigeants, et notamment celui de ce dernier groupuscule de Nazis et de gangsters, surfent sur le mécontentement des peuples face à une politique d’austérité intenable.

Ils ont beau jeu, en effet, d’aspirer vers leur idéologie des pans entiers d’une population déboussolée, inquiète, mécontente de la misère qu’on leur offre pour toute perspective d’avenir. La Grèce est le premier exemple d’une débandade qui s’annonce. Les Pays Bas, avant elle, a vu son gouvernement contraint à la démission après le départ de son allié xénophobe Geert Wilders. Tapis dans l’ombre, ces groupuscules minoritaires attendent le moment opportun pour émerger et bloquer les démocraties. L’imbécillité crasse de Samaras** fut, pour la Grèce, ce déclic et nul doute qu’ailleurs ils attendent pour faire exploser une Europe qui ne leur convient pas. Même en Allemagne, pourtant privilégiée par son apparente bonne santé, des groupuscules xénophobes prennent de l’ampleur ou encore en Autriche où depuis plus de 10 ans les thèses xénophobes et racistes sont véhiculés par l’un des partis au pouvoir et surtout se banalisent au sein de l’opinion.

 

Mais s’il y a ceux des droites extrêmes, n’oublions pas ceux des gauches de même acabit dont l’exemple, toujours en Grèce, de Tsipras du parti Syriza*** sollicité pour former un gouvernement et dont l’intransigeance et les demandes aberrantes l’ont mené à l’échec.

 

La Grèce devient donc le chaudron où se cuisine la potion indigeste pour une Europe unie et fédérale. Il ne faudrait pas que dans un mois pareille situation émergeât en France. Or Front de Gauche et Front National ont une même récrimination utopique, l’abandon d’un Euro qu’ils jugent préjudiciable pour les peuples, même si leurs idéologies, au-delà de ce point commun, sont divergentes. N’oublions jamais que celui qui craint de tout perdre se réfugie dans la violence qui, si elle ne se matérialise pas en acte, se concrétise dans le vote du rejet. De plus, le discours de l’UMP qui se fonde sur le partage du pouvoir, vexée qu’elle est d’avoir tout perdu, est totalement nuisible pour une gouvernance sereine et surtout participe d’une inconscience inacceptable face à la réalité d’une situation plus que délicate.

Ce pouvoir de nuisance exacerbé par la crise et qu’amplifie les mouvements erratiques et assassins des bourses, n’est pas pour favoriser une solution de négociations et de dialogues.

Or, c’est ce que souhaite Hollande. Négocier avec les partenaires européens une autre approche de résolution de cette crise qui n’en finit pas. Si demain il n’a pas les mains libres pour l’aborder sereinement, ne doutons pas que la France connaisse une situation de blocage dont elle pâtirait et avec elle l’Europe tout entière.

 

C’est la raison pour laquelle, en juin, il sera impératif de donner au nouveau président de la République une majorité parlementaire lui permettant de mettre en œuvre ses propositions.

Il serait d’ailleurs inconcevable qu’il n’en fût ainsi. Le peuple de France se déconsidérerait aux yeux du monde, si, après lui avoir offert le pouvoir, il le lui restreignait de manière stupide.

 

* Les Hommes de bonne volonté – tome 9

** Les coulisses de Bruxelles

*** La Grèce contemporaine

Le FN selon Collard

24 avril 2012 § Commentaires fermés sur Le FN selon Collard § permalien

Le FN selon Collard serait un joyeux parti d’une nouvelle race de démocrates, de droite certes, mais ouvert et attentif aux problèmes des Français.

Mais uniquement des vrais, bien sûr, car, ne lui en déplaise, le FN est bâti sur une idéologie raciste, xénophobe, haineuse, populiste et ce n’est pas parce que l’étron est enveloppé d’un papier rutilant qu’il en devient comestible. Il n’est que de voir le nombre de vieux caciques le composant, à commencer par son ancien tribun, en faire l’apologie par de petites phrases abjectes, pour se convaincre que le fascisme qu’il sous-tend est bien réel.

 

Adhérer à ses thèses c’est au mieux être dupes, au pire s’en revendiquer, en devenir le complice et montrer par là le peu de cas que l’on fait de l’humanité, se cloîtrant dans un égoïsme indécent planqué derrière le portail de son jardinet.

 

D’ailleurs il n’est que d’analyser les régions, les départements, les villes où la fille de l’ami des négationnistes arrive en tête pour s’en persuader. Ce ne sont pas les lieux où le chômage est criant, l’insécurité patente ou l’immigration survoltée, non, bien souvent ce sont les endroits où jamais rien ne se passe. Ici ou là, au cœur d’un pays tranquille, où Sarkozy fait presque jeu égal avec Hollande, si je survole des villes ou villages sur la carte des résultats, je constate pléthore de communes où Le Pen arrive largement en tête. Que se passe-t-il donc de si catastrophique dans ces bourgades de France qui ont mené la candidate de l’exclusion en tête de leurs votes ? En quoi leur territoire est-il menacé ? Que peuvent craindre, si ce n’est en effet ceux-là même qui leur mentent , ces électeurs de bonne foi, perdus au milieu de leurs vignes, leurs, pins, leurs pâturages, leurs vergers pour exprimer ainsi leur rejet de la démocratie ? Sont-ils à ce point partisans des miradors pour espérer une vie meilleure parqués derrière l’enclos les isolant du reste du monde ?

 

Le temps et le goût me manquent pour approfondir plus avant des résultats qui m’étonnent, comme dans le Gard, le Bas Rhin ou encore le Var qui, pour le premier nommé de ces départements, a mis Le Pen en tête, les autres pas très éloignée du score de Sarkozy.

 

Tous ces gens, pensons-nous, ne peuvent partager des idées aussi nauséabondes. D’ailleurs, les connaissent-ils véritablement ces idées ? Matraqués depuis cinq ans par un discours présidentiel développant un schéma pratiquement identique à celles-ci mais masqués sous l’enluminure d’un opportunisme primaire, ils ont acquis la certitude que tous les aléas de la vie qu’ils subissent étaient la faute des autres. Il n’y avait plus dès lors qu’à voter pour l’original puisque le clone, malgré ses gesticulations, ne parvenait pas à endiguer la vague de catastrophes qu’il mettait en exergue de ses discours.

 

N’en déplaise à Collard, les électeurs du FN ne sont pas tous représentatifs de cette nouvelle droite qu’il annonce, beaucoup ne sont que les dupés d’un emballage. Ils n’adhèrent en rien à la véritable idéologie frontiste, celle du repli, du rejet, qui demeure pérenne sous des arguments sociaux tout à fait compréhensibles mais que la cheftaine nationaliste utilise pour mieux mettre en œuvre sa stratégie de conquête et de blocage sans avoir aucunement l’intention de les résoudre.

 

Sarkozy et Le Pen pratiquent la même technique. Celle de la stigmatisation, de la division, de l’accusation. Pris au hasard d’un marketing politicien, par exemple :

Qu’insinue Sarkozy lorsqu’il déclare défiler pour une fête du « vrai » travail?

Que signifie l’expression « préférence nationale » dans les harangues de Le Pen?

Pas autre chose que la désignation subliminale d’un coupable qui est l’autre, le chômeur, l’étranger, comme par hasard associés, pour ne pas dire, mais suggérer, que c’est le même ou que les deux participent de la même volonté de profiter du système.

 

Cette démarche fait irrésistiblement penser à celle qu’utilisèrent ceux qui placardèrent sur les murs de Paris une certaine affiche rouge.

 

Non, ces millions de concitoyens ne peuvent admettre, approuver, entériner un tel raisonnement.

 

Sans être naïf, car nous savons bien qu’une bonne part de cet électorat, le noyau dur comme on dit, est totalement en osmose avec ce courant de pensée primaire — courant de pensée qui, de nouveau, enfle en Europe — qui veut que la force, l’intolérance, la haine priment sur la justice, le partage, la tolérance.

 

Ce qui désespère c’est de voir un voisin, un parent, un ami peut-être, déposer dans l’urne un bulletin dont la signification exacte lui échappe, racolé qu’il est par un discours amplifiant sa désespérance.

 

Qu’il ouvre les yeux avant qu’il ne soit trop tard.

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