22 avril 2017 § Commentaires fermés sur Récapitulons § permalien

Drapeau de l’Europe – Wikipédia
Or donc, la campagne du premier tour de l’élection présidentielle touchant à sa fin, il nous avait semblé utile de faire le point sur les principaux candidats en lice, mais pour avoir trop tardé à l’éditer, ce billet n’apparaîtra pas. Par respect pour les consignes qui obligent au silence.
Nous y reviendrons peut-être dans les quinze prochains jours, selon les résultats.
Nous nous bornerons donc à commenter des réactions qui ne sont pas sans nous étonner et dénotent chez ceux qui les partagent un état d’esprit quelque peu étroit.
La première est celle qui consiste à penser qu’une frontière est infranchissable. Un peu comme ces propriétaires de villas entourées de murs, de portails et de volets clos et qui pourtant se font régulièrement cambrioler alors que leurs voisins sans clôture sont exempts de telles immixtions. Il apparaît que guérites et miradors sont rassurants mais ne servent à rien. Pas plus qu’un chien de garde qu’il est loisible d’endormir.
La seconde concerne la justice qu’on dit laxiste. Il suffit à tout un chacun d’assister à un procès d’assises ou de correctionnelle pour constater qu’il n’en est rien. Les victimes sont prises en compte et les délinquants condamnés. Quant à savoir si ces derniers effectuent leur peine, la réponse est oui, même si celle-ci est amputée de quelques années de grâce qui sont loin d’être automatiques et si importantes qu’on le croit couramment. C’est oublier que les années de préventive comptent également dans l’accomplissement de la peine. Pour exemple, celui du dernier dingue qui a tué un policier sur les Champs Élysées. Sur les dix-sept années de prison auxquels il fut condamné, quatorze furent effectuées. Il était normal qu’il en sortît un jour, à moins de penser que tous les délinquants seront des récidivistes qu’il faut enfermer à vie. Bonjour l’espoir et le nombre de cellules qu’il faudrait bâtir !
Parmi tous les mensonges et pétitions de principe qui furent débités lors de ces dialogues pré-électoraux, il en est un qui caresse l’égoïsme qui nous caractérise : celui des migrants. Ils ne sont en rien les vecteurs de tous nos maux, pas plus que les sans papiers d’ailleurs dont il est faux de croire qu’ils bénéficient de plus d’avantages que les pauvres qui peuplent nos rues. Ce chapitre serait trop long si nous le développions, mais il suffit de se dire que nul ne quitte sa maison, sa famille, ses attaches de gaieté de cœur pour comprendre qu’ils ne sont en rien ces hordes malveillantes qu’on se plaît à décrire. Depuis la nuit des temps ces transferts existent et ont fait la grandeur des pays qui les accueillent. Et ce ne sont pas les quelque milliers qu’ils sont qui ruinera une économie, quelle qu’elle soit.
Nous pourrions évoquer le chômage que l’on pense éradiquer en abandonnant l’Europe et l’Euro. Au contraire, l’union a toujours fait la force des peuples et si quelque chose doit être accomplie, c’est œuvrer au sein de cette union pour qu’elle devienne plus forte face aux puissances qui existent ou émergent et domineront, araseront, absorberont, qu’on le veuille ou non, les petits états dérisoires aux monnaies de pacotille.
Il y aurait tant à dire encore que ce billet deviendrait un ouvrage en plusieurs volumes. La santé, l’éducation, la recherche, la défense, la nature, l’industrie, le nucléaire, tous ces domaines, et d’autres, dans lesquels, quoi qu’en disent nationalistes et passéistes, nous connaissons réussite et savoir-faire, ne sont pas à réformer. À développer, car toute technologie, tout savoir, toute institution, tout art progresse grâce aux nouvelles connaissances, découvertes, idéaux ou encore volonté. Cette évolution ne pourra se faire que grâce à l’Europe, à l’instar de la maîtrise de la fusion nucléaire, qui, si elle doit advenir, ne le sera que grâce à la réunion internationale des cerveaux œuvrant à Cadarache.
Demain quand vous irez voter, n’oubliez pas que la France, si grande soit-elle, ne l’est que parce qu’elle est un maillon de la puissance européenne.
Un maillon seul, détaché d’une chaîne, n’a jamais pu entraîner une mécanique.
5 juillet 2016 § Commentaires fermés sur Brexit § permalien
Aujourd’hui, ici, c’est l’Europe et sa rigueur ; son adolescence se poursuit avec les rebellions inhérentes à la jeunesse, les erreurs, les déboires, les fautes, également les promesses.
Une nation ne se construit pas dans le temps d’un homme. Il lui faut de plus longues années pour croître et acquérir maturité, sérénité. Ce temps viendra où nous verrons véritablement ces petits États enfin fédérés dans une entité apte à survivre, économiquement, culturellement, défensivement. Face aux géants que sont aujourd’hui les USA et la Chine, demain l’Amérique du Sud et l’Inde, puis la Russie, si son peuple parvient à se défaire de l’allégeance héréditaire qui le lie aux dictateurs, plus tard l’Afrique, si ce continent s’émancipe enfin des rivalités tribales et fanatiques qui le rongent plus sûrement qu’un désert de sel ceux qui s’y perdent, sans compter les alliances qui se créeront dans le monde, qui se créent aujourd’hui en Amérique du Nord ; face à ces puissances, que seraient économiquement nos microcosmes sans une union réelle ? Et face aux périls que représentent des trublions arrogants, que serait chaque petit pays avec sa petite armée, sa petite police, institutions qui s’anémient au fil de restrictions budgétaires ? Le temps est venu de faire fi de nos idéologies patriotiquement mesquines. Économie, justice, défense, toute administration nécessaire à la marche d’un État doit devenir commune. Avant, plus tard, bien plus tard, qu’une langue européenne émerge.
Utopie ? L’avenir le dira, mais quel eût été l’étonnement des peuples des provinces du Moyen Âge à la prédiction de leur unification ? Plus proche de nous, quel est celui qui n’eût pas souri, au cœur des conflits meurtrissant les débuts du siècle dernier, à l’évocation d’une Europe pacifiée ?
La marche des peuples est lente, inexorable cependant vers un rapprochement salutaire et fraternel des ennemis qui s’affrontaient hier.
Et ces ennemis, dans leur relent d’un nationalisme désuet, stérile, étroit, œuvrent pour saper les fondements que des esprits ouverts étaient parvenus à sceller.
Pour obtenir quoi ? La satisfaction égoïste d’une victoire personnelle, celle des pauvres types que le mensonge, la désinformation et l’extravagante ignorance, l’inculture aura seule conduite. Pour qu’aussitôt, tels des Ponce-Pilate effrayés d’avoir entrouvert cette boîte de Pandore, se désintéressent de ce qu’ils ont obtenu, incapables d’assumer leur faute.
Inconséquents dans leurs propositions, leurs discours, ils le sont encore et toujours face à leur responsabilité. Fantoches de la politique, terroristes de l’avenir, assassins de l’espoir, voilà ce que sont ces partisans d’un éclatement de l’Europe, d’un repli sur soi, d’un rejet de l’autre. Voilà ce que sont tous les Johnson et autre Farage s’activant, afin d’en bloquer l’irrigation, au cœur de chaque état dans un populisme passéiste, irresponsable et néfaste.
Thrombus à dissoudre, ils le seront par la volonté irréfragable des peuples à vivre et circuler librement.
15 décembre 2012 § § permalien

Photo Georges Biard - Wikipédia
On ne perd pas un enfant sans en subir des conséquences terribles, tant dans sa manière de vivre, de se comporter avec les autres, que dans dans sa propre intimité, dans la perception que l’on a soudain de son existence.
Je le sais. Depardieu également dont le fils disparu portait le même prénom que le mien. Tant d’autres le savent aussi et tous nous nous gardons bien de porter un jugement sur l’apparence. Nous devenons sans doute indifférents aux mesquineries puériles de nos contemporains. Le regard des autres ne nous intéressent plus.
Seuls les imbéciles, qui sont légions, se permettent d’émettre des critiques à l’encontre de ceux qui n’entrent plus dans le moule de leur microcosme, les vouant aux gémonies, les mettant au ban de la société, les condamnant dès lors qu’ils ne respectent plus la règle. Depardieu, en gagnant de l’argent, beaucoup d’argent, s’attire la vindicte des jaloux. Depardieu, en vendant son hôtel particulier, magnifique très certainement, devient la risée de ceux qui ne pourront jamais l’acquérir. Depardieu, en quittant la France, s’installant à sa frontière, s’entend critiquer par la multitude qui n’hésite pas, quand l’occasion s’en présente, de truander l’Etat.
Depardieu voit les choses en grand quand ses contempteurs resquillent sur des centimes. A chacun sa stature.
Il n’est pas le premier à chercher des cieux fiscalement plus cléments et ne sera pas le dernier, ce phénomène remontant à plus de 1500 ans comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent billet (La révolte des taxés), lorsque Chilpéric 1er voulut taxer son peuple pour regarnir les caisses vides de son royaume. La conséquence fut un exode massif (lire Grégoire de Tours). C’est récurrent. A l’imbécillité d’une mesure répondait la subtilité d’un peuple, d’autant qu’au Moyen Âge la rétorsion était sanglante alors que la circulation des personnes n’était guère freinée par la rigueur des frontières.
Aujourd’hui nous vivons en Europe et, à ce que je sais, la liberté de circuler et de s’installer où bon lui semble est le privilège de chacun des citoyens de cette nouvelle entité. Il n’y a donc là nul reproche à formuler comme il serait inconséquent d’en critiquer les raisons, quand bien même la principale serait fiscale.
Dès lors ce n’est pas celui qui part qui doit être montré du doigt, voué aux gémonies, mis au ban de la nation, mais les chefs d’Etats qui n’ont pas su construire l’Europe comme il eût été nécessaire de le faire dès le départ, c’est à dire harmoniser totalement cette nouvelle entité sur tous les aspects, dont entre autre la fiscalité qui se devrait d’être identique dans tous les Etats de l’Union. Ce sont eux qui sont à blâmer pour leur manque de civisme européen.
Dans le procès injuste que l’on fait à Depardieu et quelques autres c’est en réalité l’incurie de nos gouvernants qui est en cause et elle seule. On a bien vu d’ailleurs comment fut traitée la crise traversée il y a peu. Une Europe véritablement fédérale aurait évité cette cacophonie invraisemblable de petits chefs se disputant autour d’un plat de lentilles pour en obtenir la meilleure part.
À quand un gouvernement unique? En ce sens son départ pour la frontière belge est un bienfait et, espérons-le, sera le prélude à une prise de conscience pour œuvrer en conséquence.
9 mai 2012 § Commentaires fermés sur La montée des périls § permalien
Ne pas se voiler la face, si Hollande vient d’être élu, à la différence de ses prédécesseurs il ne bénéficiera guère d’un état de grâce pour mettre en œuvre sa politique de croissance, et les législatives qui n’auront lieu que dans un mois, si elles ne lui apportent pas la majorité à l’Assemblée, risquent fort de n’être pas que son tombeau mais celui de la France et sans doute de l’Europe.
De toutes parts la montée des périls, titre que j’emprunte à Jules Romains*, se fait évidence. Si, ici, lors de ce dernier vote, le FN a obtenu 18% des voix, il n’est pas le seul parti fasciste à pointer le bout de son mufle et la Grèce montre l’exemple de ce qui peut se produire avec l’émergence de mouvements comme les « Grecs indépendants » ou « l’Aube Dorée » dont les dirigeants, et notamment celui de ce dernier groupuscule de Nazis et de gangsters, surfent sur le mécontentement des peuples face à une politique d’austérité intenable.
Ils ont beau jeu, en effet, d’aspirer vers leur idéologie des pans entiers d’une population déboussolée, inquiète, mécontente de la misère qu’on leur offre pour toute perspective d’avenir. La Grèce est le premier exemple d’une débandade qui s’annonce. Les Pays Bas, avant elle, a vu son gouvernement contraint à la démission après le départ de son allié xénophobe Geert Wilders. Tapis dans l’ombre, ces groupuscules minoritaires attendent le moment opportun pour émerger et bloquer les démocraties. L’imbécillité crasse de Samaras** fut, pour la Grèce, ce déclic et nul doute qu’ailleurs ils attendent pour faire exploser une Europe qui ne leur convient pas. Même en Allemagne, pourtant privilégiée par son apparente bonne santé, des groupuscules xénophobes prennent de l’ampleur ou encore en Autriche où depuis plus de 10 ans les thèses xénophobes et racistes sont véhiculés par l’un des partis au pouvoir et surtout se banalisent au sein de l’opinion.
Mais s’il y a ceux des droites extrêmes, n’oublions pas ceux des gauches de même acabit dont l’exemple, toujours en Grèce, de Tsipras du parti Syriza*** sollicité pour former un gouvernement et dont l’intransigeance et les demandes aberrantes l’ont mené à l’échec.
La Grèce devient donc le chaudron où se cuisine la potion indigeste pour une Europe unie et fédérale. Il ne faudrait pas que dans un mois pareille situation émergeât en France. Or Front de Gauche et Front National ont une même récrimination utopique, l’abandon d’un Euro qu’ils jugent préjudiciable pour les peuples, même si leurs idéologies, au-delà de ce point commun, sont divergentes. N’oublions jamais que celui qui craint de tout perdre se réfugie dans la violence qui, si elle ne se matérialise pas en acte, se concrétise dans le vote du rejet. De plus, le discours de l’UMP qui se fonde sur le partage du pouvoir, vexée qu’elle est d’avoir tout perdu, est totalement nuisible pour une gouvernance sereine et surtout participe d’une inconscience inacceptable face à la réalité d’une situation plus que délicate.
Ce pouvoir de nuisance exacerbé par la crise et qu’amplifie les mouvements erratiques et assassins des bourses, n’est pas pour favoriser une solution de négociations et de dialogues.
Or, c’est ce que souhaite Hollande. Négocier avec les partenaires européens une autre approche de résolution de cette crise qui n’en finit pas. Si demain il n’a pas les mains libres pour l’aborder sereinement, ne doutons pas que la France connaisse une situation de blocage dont elle pâtirait et avec elle l’Europe tout entière.
C’est la raison pour laquelle, en juin, il sera impératif de donner au nouveau président de la République une majorité parlementaire lui permettant de mettre en œuvre ses propositions.
Il serait d’ailleurs inconcevable qu’il n’en fût ainsi. Le peuple de France se déconsidérerait aux yeux du monde, si, après lui avoir offert le pouvoir, il le lui restreignait de manière stupide.
* Les Hommes de bonne volonté – tome 9
** Les coulisses de Bruxelles
*** La Grèce contemporaine