
C’était bien la peine que Malot, Hugo, Zola et d’autres décrivissent la misère humaine ou que Vallès s’insurgeât contre l’injustice pour constater encore de nos jours qu’un juge condamne à la prison ferme un jeune d’une vingtaine d’années, et qui avait faim, quand bien même est-il récidiviste et c’est normal car la faim est récurrente, pour avoir chapardé, dans un magasin Franprix de Conflans-Sainte-Honorine où vigile et directeur, ces gardiens du Temple, avaient l’œil suspicieux, un sandwich et un jus de fruit ?
Mais qui est le plus stupide de cet infernal trio, le juge, le directeur ou le vigile ? Ils me font penser aux Furies romaines, ou Euménides par antiphrase, ces trois sœurs vindicatives, Tisiphone, Alecto, Mégère, chargées du maintien de l’ordre, de la morale et de la bienséance que nul n’osait regarder, à qui l’on rendait hommage par crainte mais que l’on haïssait au fond de soi.
L’enfer est pavé de bonnes intentions affirmait Saint Bernard, mais je lui préfère cette expression tirée du Talmud qui veut que, agir mal avec une bonne intention vaut mieux que suivre la loi avec une mauvaise intention.
Hier soir, les oies du Capitole ont cacardé de plaisir. Toulouse a donc gagné son vingtième bouclier de Brennus, ce trophée rugbystique qui n’a rien de gaulois au contraire des joueurs et supporters de ce sport que la professionnalisation n’a en rien améliorés les rendant aussi furieux que les Erynnies. Je me rappelle une époque où les stades vibraient d’une joie partagée. Aujourd’hui les huées, la bronca anime les mécontents pour insulter le chef de l’état venu saluer les joueurs. Finira-t-on les matchs de ce sport dit de gentlemen comme on les commence dans le football, c’est-à-dire dans la vulgarité, la violence et la bêtise ?
Je lis dans Sud-Ouest que 44 personnes en furie de la région de Cognac veulent porter plainte contre Monsanto. Après avoir pissé du glyphosate, comme ils disent, ils vont aller déféquer leurs sottises au TGI de Paris pour – n’ayons pas peur des mots – emmerder les juges en rejoignant le conglomérat des pollakiuriques prétendument pestiférés. Et pourquoi ?
Pour rien. Parce que le glyphosate utilisé à bon escient est sans danger pour l’homme selon quelque huit cents études et l’unanimité des agences sanitaires, contre un seul avis partisan – celui du CIRC qui persiste à le diaboliser – et parce que les analyses faites sur les » pisseurs « , comme ils se nomment, sont vraisemblablement biaisées; les mêmes mesures effectuées par des laboratoires dignes de ce nom ne présentent pas, loin de là, les résultats qu’affiche le labo allemand référencé par le groupuscule. A-t-on d’ailleurs déjà vu des analyses urinaires positives à 100% sur une cohorte de pisseurs pris au hasard ? Cette seule coïncidence est déjà suspecte. D’autre part le test Elisa utilisé, prévu pour l’analyse de l’eau, n’a jamais été validé pour l’analyse d’urine.
Quand donc cessera-t-on de prendre des vessies pour des lanternes ?