Tout laisse donc à penser, sauf rebondissement de dernière minute, que Falorni sera élu député demain dimanche à La Rochelle. Il a plus de caractère que certains pouvaient le penser, surtout, il a su résister à la pression certainement monstrueuse qu’il a dû subir. Il faut dire aussi que le tweet dont il bénéficia ne fut pas vain en la circonstance.
A ce sujet, et face au hourvari qu’il déclencha, il faut bien désormais se rendre à l’évidence, nous vivons au sein d’une société dont la parole est libre. Il sera nécessaire de s’y habituer, liberté portée et favorisée par une communication en temps réel que la technologie rend superbement indépendante. Le corollaire étant qu’à réagir à chaud, personne n’est exempt d’erreur, de bourde ou encore d’annonce fausse. On le voit ici ou là, dans toutes les couches de la population comme dans toutes les strates des partis. C’est ainsi, mais à trop vouloir être le premier à occuper le devant de la scène on perd en crédibilité tout en s’exposant à la vindicte.
Un peu de réflexion ne nuirait en rien à la pertinence d’une réaction en évitant sans doute de se créer des situations dont il n’est plus possible de s’extirper.
Comme une souris prise au piège du seul fait d’une célérité à vouloir grignoter la gourmandise mise en appât.
C’est un peu ce qu’il advint à S. Royal.
Proclamer avant tout résultat son ambition du perchoir était déjà une maladresse, mais s’imposer dans une circonscription sans passer par le choix des adhérents fut l’erreur à ne pas commettre. Or il semble certain que, si elle avait accepté de jouer le jeu des primaires, comme dans toutes les autres circonscriptions, sa légitimité rochelaise devenait naturelle et nul ne l’aurait remise en cause. Sa notoriété suffisait pour qu’elle soit adoubée sans anicroche. Il suffisait de se plier à la règle.
Au lieu de cela, candidate auto-proclamée, il devenait évident qu’un phénomène de rejet se mettrait en place malgré son geste très honorable d’abandonner la circonscription de Melle à D. Batho.
Il n’est pas à chercher ailleurs les raisons de ses déboires et certainement pas, d’une manière facile et sans fondement car les électeurs sont libres du choix d’un bulletin, dans une sorte de complot ourdi par la droite locale. Que cette dernière profite de ses erreurs et récupère le résultat est de bonne guerre, d’autant que la présidente de la région n’a jamais ménagé tant l’opposition que certains de ses amis, à un point tel qu’il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’elle s’en ferait d’irréductibles ennemis. Le clan Jospin est de ceux-là, mais il est certain que, portée par les voix d’une primaire qu’elle aurait gagnée si elle avait daigné s’y soumettre, il n’aurait rien fait pour lui barrer la route, pas plus qu’il ne l’aurait aidée d’ailleurs.
Aujourd’hui, par sa seule incompétence car on n’abaisse pas impunément et de manière récurrente adversaires et contradicteurs, S. Royal perd tout.
Il lui reste la présidence d’une région où l’on verra bien si l’échec rocherais aura porté ses fruits dans sa façon de diriger.
On peut craindre le contraire dans une espèce de repli sur soi dû au bouleversement intime que toute défaite exacerbe.
S. Royal prise à son piège
16 juin 2012 § 2 commentaires § permalien
Bayrou, le choix moral.
4 mai 2012 § Commentaires fermés sur Bayrou, le choix moral. § permalien
L’esprit ailleurs en cette période qui me ramène cinq années en arrière, je crois que j’aurais gardé le silence si Bayrou ne s’était prononcé sur son vote. Non qu’il ait appelé ses électeurs —qui, de quelque côté l’on se tourne sont seuls décisionnaires d’un choix qui n’appartient à nul autre— à reporter leurs voix sur Hollande, mais l’annonce de son vote pour le candidat socialiste est déjà la marque de son humanisme. Par conséquent je m’en réjouis et je le dis. Il a su faire abstraction des réticences qui l’ont toujours éloigné de la gauche pour s’en rapprocher le temps d’une élection afin que soit enfin rétablie l’image d’une France tant écornée depuis cinq ans. Demain, réélu dans sa circonscription béarnaise, il se positionnera naturellement dans l’opposition, mais ce sera un adversaire de talent et je ne doute pas un instant de le voir approuver, lorsqu’elles le mériteront selon son jugement, des propositions émanant de la majorité future. C’est aussi cela la démocratie, sereine et juste, lorsqu’elle est menée par des hommes de culture et de pensée.
S’abstenir ou ne rien dire en cette période charnière où le choix d’une société peut basculer vers l’abîme de la violence ou, au contraire, vers le sommet d’une paix retrouvée sans rien minimiser des efforts à accomplir, eût été la marque de l’inconscience. Mais il a su s’exprimer et les mots qu’il employa tonnent tel un verdict impitoyable à l’encontre de celui qu’aucune forfanterie n’arrête. Et puis, enfin, être du centre, c’est aussi ne pas toujours s’agenouiller devant les autres. C’est peut-être là, par parenthèse, tout le drame qui mine ce parti de notables provinciaux qui, malgré les multiples déchirements internes, se sont toujours retrouvés pour s’allier avec la droite et approuver jusqu’aux choix les plus attentatoires à la devise républicaine. Sans doute aujourd’hui la coupe était-elle un peu trop pleine du breuvage amer de l’indécence liberticide.
Bien sûr les partisans du conculcateur de la morale n’éprouvent-ils pas la même satisfaction que ceux de l’intègre, loin s’en faut, et je conçois fort bien la déception que peuvent ressentir ceux qui souhaitaient, espéraient le ralliement du centriste. Ils le disent et c’est bien normal. Mais il y a façon et celle de Copé pensant —cet oxymore!— de la décision de Bayrou « …qu’elle est plus motivée par un dépit personnel que par des vraies raisons de fond » est indigente et montre, s’il en est encore besoin tant on l’entend réciter des brèves de comptoir en lieu et place d’arguments, qu’il n’a aucune notion de ce que peut être l’honneur d’un choix difficile quand il s’agit de ne pas bafouer les principes qui dirigent une existence.
Cet homme, décidément, ne comprend rien. Il est creux comme un tambourin qui ne résonne que sous les baguettes du batteur qui l’utilise et sans lequel il n’est rien.
A la différence de Bayrou qui a su ne pas vendre son âme au diable.
Kadhafi sponsor de Sarkozy?
29 avril 2012 § Commentaires fermés sur Kadhafi sponsor de Sarkozy? § permalien
Je ne sais pas si Sarkozy bénéficia des largesses libyennes pour son élection précédente et sans doute sans lendemain, mais, très certainement, si elles existèrent, n’en aurons-nous jamais les preuves ni même une quelconque certitude, ces choses-là, lorsqu’elles se pratiquent, ne s’opèrent que dans l’opacité de rendez-vous secrets, de rencontres encore plus discrètes que les galantes et menées par des intermédiaires plus habitués des cabinets noirs que des roses. Et moins volubiles, mais plus inquiétants.
Cependant une constatation s’impose, celle de la venue du dictateur Libyen à la mi-décembre de cette même année 2007, plantant son marabout au cœur de Paris, au-delà de toute décence et surtout de toute justification.
Car on sait ce qu’il advint du prétexte de la vente de Rafales. Si ceux-là, quelques années plus tard, survolèrent le désert libyen, un des plus beaux du monde, ce ne fut que pour le bombarder comme dans un déchaînement de vengeance.
Deux questions, dès lors, se posent?
Pourquoi avoir invité si précipitamment ce tueur à gages?
Je répondrai, qu’avec le recul du temps, cela ressemble à un remerciement.
Pourquoi être devenu son ennemi irréductible après avoir été son ami?
Dans un mauvais thriller, cela ressemblerait à l’élimination d’un témoin.
Sarkozy, papier tue-mouche
19 mars 2012 § 1 commentaire § permalien
L’élu désormais candidat, avatar de la cinquième, s’exprimant dans l’émission de télé dirigée par Pujadas, « Des paroles et des actes » du 6 mars, au moment de la conclusion, répondit à F.O. Giesberg, lequel a un regard qui me rappelle, au passage, celui de Jean Cau*, qu’il n’avait aucun problème de personne avec Hollande et Bayrou, ajoutant qu’une campagne présidentielle était un échange d’arguments. On peut visionner ce grand moment de duplicité sur différents sites de vidéos**.
Mais on peut surtout se demander lesquels, d’arguments à échanger, sont envisagés par le controuveur quand on l’écoute claironner le plus clair de ses harangues, face aux partisans qui l’applaudissent, des insultes envers son adversaire principal, Hollande, sans apporter une once de démonstration, de preuve, à ce qu’il lui reproche.
Traiter son adversaire de menteur, d’ennemi de la France, de cynique, voire sous-entendu de traître en l’accusant » d’abandon du champ de bataille républicain « , c’est à la portée du premier avorton qui pleurniche sous le préau de la cour de récréation après que ses camarades de la grande section l’ont convaincu de son inutilité de jouer avec eux.
Il les insulte mais ne les convainc pas de le reprendre dans leurs jeux, justifiant le moment où l’un des autres finira par lui mettre une taloche pour qu’il cesse de glapir.
Si l’on en croit Démocrite pour qui la parole était l’ombre de l’acte***, celle de Sarkozy, eu égard à son langage outrancier, ses outrages, n’est pas de nature à rassurer.
Sarkozy insulte donc son rival pour la plus grande joie de ceux qui l’écoutent en se laissant prendre au piège, à l’imposture, ainsi que des mouches**** qu’attire un papier tue-mouche.
Le papier tue-mouche est cette espèce de spirale en papier qu’on accroche au plafond pour attraper les mouches. Parfaitement vulgaire et peu hygiénique, mais redoutablement efficace. On voit fleurir ces guirlandes gluantes, très rapidement noires d’adhérents, à l’époque où les jacinthes s’épanouissent. C’est à dire au printemps. Les mouches, qui ne se préoccupent pas de la composition de la glu qui va les scotcher, pour leur plus grande infortune, se laissant aller dans un vagabondage aléatoire, s’y posent puis meurent de ne pouvoir s’échapper.
Il pend et attend que ses proies viennent à lui. S’il avait des bras, le papier gluant les étendrait en signe de bienvenue à la drosophile, la mouche verte, la dorée, le moucheron ou autres représentantes du genre musca, à l’identique du tribun mimant de serrer dans les siens la foule qui bat des mains, comme les diptères, des ailes.
Ensuite elles bourdonnent, se débattent, s’escriment, ne sachant pas ce qui leur arrive. Il est trop tard. Les proies sont perdues.
Sarkozy est un papier tue-mouche. Au sens figuré, bien sûr, car on ne le vit jamais englué, si ce n’est dans ses propres fabulations. Il n’a besoin d’aucun argument pour mystifier son auditoire. Il suffit de médire, de controuver, comme le papier de coller.
L’essentiel est obtenu, l’adhésion.
Ce qui m’étonne, c’est le nombre sans cesse renouvelé de prétendant à la glu malgré le mirage de la spirale gluante.
Car enfin, si les mouches n’ont pas le souvenir de la supercherie, les hommes ont une mémoire.
A croire qu’ils se complaisent dans la vulgarité.
*Mohamed Ali face à Jean Cau. Emission «Apostrophes»du 5 mars 1976
** Vidéo non répertoriée lien Rue 89 : Ici
*** Rapporté par Plutarque dans «De l’éducation des enfants» : «La parole, comme disait Démocrite, est l’ombre de l’acte»
**** Tout sur les mouches
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