Journal (extraits)

6 juin 2019 § Commentaires fermés sur Journal (extraits) § permalien

Un wagon de troisième classe – 1862 – Daumier – National Gallery of Canada

3 juin

     Si gouverner c’est prévoir, ce n’est pas imaginer des romans de science-fiction.
     J’apprends que nos députés, qui n’ont pour eux que le nombre et non le pouvoir de convaincre pour adopter des textes législatifs, viennent de voter en commission une proposition de loi interdisant, pour dans vingt ans, l’achat de véhicules à énergies fossiles.
     S’il y a une décision imbécile, c’est bien celle-ci.
     Tout d’abord parce que nul ne sait ce que le monde sera dans vingt ans. Et certainement pas ce que seront les possibilités des carburants fossiles.
    Ensuite parce qu’il est fort probable que le rejet d’aujourd’hui vis à vis de ces carburants ne soit plus de mise demain, leur mise en cause dans le changement climatique étant minime. Et s’il s’agit d’autres raisons, comme les encombrements ou la pollution, les nouveaux véhicules qui ne pourront qu’émerger participeront du même phénomène, comme aux siècles passés carrosses, diligences, voitures à cheval et chaises à porteur. Il n’est que de constater par ailleurs les soucis de cohabitation que provoquent actuellement les trottinettes électriques, au demeurant aussi polluantes abandonnées et dangereuses, sinon plus, que les automobiles.
     Enfin, ces élus ne l’ont pas été pour faire des effets d’annonce mais bien pour légiférer intelligemment. Or tout se passe comme si, avec cette loi, on voulait caresser dans le sens du poil, afin de le récupérer en tout ou partie, un électorat d’écologistes arrivé en troisième place aux dernières élections, et non par conviction profonde.
     Les écologistes ne sont pas des gens fréquentables. Versatiles, ils votent au gré d’une humeur vagabonde. D’autre part, espérant un monde imaginaire, ils s’émerveillent à la manière d’Alice des petits lapins creusant leurs terriers, ou rêvant de coquelicots sans jamais les voir pour la bonne raison qu’ils ne sortent pas des villes ou au mauvais moment lorsque la saison est passée.
     Leur univers est miniature, ils ignorent que la terre est vaste et partant la moindre fourmilière leur devient un obstacle insurmontable envahissant l’espace. Ils prônent la décroissance pour un retour aux sources. ils n’obtiendront que la ruine.
     Gouverner c’est prévoir ; ce n’est pas interdire. C’est donner les moyens à la société de croître et non de régresser. C’est espérer et non craindre. C’est vivre et non végéter.
     Nos élus actuels végètent dans l’inconscience et l’inconsistance. Ils ignorent le formidable pouvoir de l’Homme, non seulement à s’adapter, mais aussi et surtout à trouver des solutions. Demain de nouvelles énergies émergeront (l’hydrogène, la fusion nucléaire et d’autres à découvrir) et ne seront pas produites par le vent ou le soleil éminemment capricieux.

4 juin

     Passage rapide au palais de justice pour remettre une demande de reconduction de curatelle au greffe des tutelles.
     Ai croisé dans un couloir une jeune femme avec une trottinette électrique. Elle marchait à côté, au contraire d’autres qui l’auraient utilisée sans vergogne malgré l’exiguïté du lieu.
     Elle avait l’air un peu stupide avec cet engin que j’évoquai hier et connu pour enfant.
     Cette invention sortie du cerveau d’insensés est une calamité. Outre le fait qu’elle est cause d’accidents désastreux, elle est polluante par sa batterie ainsi que par sa durée de vie qui est estimée à une trentaine de jours, consommatrice d’énergie, et surtout utilisée en dépit du bon sens par de jeunes (et moins jeunes) idiots qui se croient tout permis. De plus, n’ayant pas effort à fournir, elle ne permet aucun exercice physique à ses pratiquants.
     Cet engin ne sert à rien.

     Proposition imbécile d’écologistes convaincus d’œuvrer pour le bien de la collectivité : supprimer en les interdisant les vols sur les parcours où les trains ne mettent pas plus de temps pour les effectuer que les avions.
     Une seule conséquence à retenir : l’afflux de voyageurs ne pourra être résorbé par la SNCF qu’à la condition de doubler les lignes. Imagine-t-on les dépenses à effectuer pour ce faire, la pollution qu’entraînera une telle débauche de ferraille et de béton, le coût en énergie des trains supplémentaires et les gares envahies par des voyageurs exaspérés par les retards récurrents du transporteur ? Non, on propose sans réfléchir. À croire que le cerveau de nos élus se ramollit et fond rien qu’à l’évocation d’un réchauffement climatique.
     Ruffin, à l’origine de cette proposition souhaite voir les hirondelles, comme si l’avion, sous-entendu, les décimait. Il n’a qu’à venir ici, j’en ai vu voler hier au ras des blés ; signe d’orage.
     Proposition reprise par Batho qui pratique la surenchère pour se faire remarquer, prouver qu’elle existe : tous les trajets en avion pouvant s’effectuer en deçà de cinq heures par le train sont à supprimer et à remplacer par ce moyen de transport et sans doute la voiture, le cheval ou à pied, voire le bateau à rames pour se rendre au Maroc par exemple (environ 3 h d’avion) ou en Israël (environ 4 h 30) si nous voulons aller plus loin dans l’emphase.
     Les imbéciles ont de superbes jours devant eux.

S. Royal prise à son piège

16 juin 2012 § 2 commentaires § permalien

Tout laisse donc à penser, sauf rebondissement de dernière minute, que Falorni sera élu député demain dimanche à La Rochelle. Il a plus de caractère que certains pouvaient le penser, surtout, il a su résister à la pression certainement monstrueuse qu’il a dû subir. Il faut dire aussi que le tweet dont il bénéficia ne fut pas vain en la circonstance.
A ce sujet, et face au hourvari qu’il déclencha, il faut bien désormais se rendre à l’évidence, nous vivons au sein d’une société dont la parole est libre. Il sera nécessaire de s’y habituer, liberté portée et favorisée par une communication en temps réel que la technologie rend superbement indépendante. Le corollaire étant qu’à réagir à chaud, personne n’est exempt d’erreur, de bourde ou encore d’annonce fausse. On le voit ici ou là, dans toutes les couches de la population comme dans toutes les strates des partis. C’est ainsi, mais à trop vouloir être le premier à occuper le devant de la scène on perd en crédibilité tout en s’exposant à la vindicte.
Un peu de réflexion ne nuirait en rien à la pertinence d’une réaction en évitant sans doute de se créer des situations dont il n’est plus possible de s’extirper.
Comme une souris prise au piège du seul fait d’une célérité à vouloir grignoter la gourmandise mise en appât.
C’est un peu ce qu’il advint à S. Royal.
Proclamer avant tout résultat son ambition du perchoir était déjà une maladresse, mais s’imposer dans une circonscription sans passer par le choix des adhérents fut l’erreur à ne pas commettre. Or il semble certain que, si elle avait accepté de jouer le jeu des primaires, comme dans toutes les autres circonscriptions, sa légitimité rochelaise devenait naturelle et nul ne l’aurait remise en cause. Sa notoriété suffisait pour qu’elle soit adoubée sans anicroche. Il suffisait de se plier à la règle.
Au lieu de cela, candidate auto-proclamée, il devenait évident qu’un phénomène de rejet se mettrait en place malgré son geste très honorable d’abandonner la circonscription de Melle à D. Batho.
Il n’est pas à chercher ailleurs les raisons de ses déboires et certainement pas, d’une manière facile et sans fondement car les électeurs sont libres du choix d’un bulletin, dans une sorte de complot ourdi par la droite locale. Que cette dernière profite de ses erreurs et récupère le résultat est de bonne guerre, d’autant que la présidente de la région n’a jamais ménagé tant l’opposition que certains de ses amis, à un point tel qu’il ne fallait pas être grand clerc pour deviner qu’elle s’en ferait d’irréductibles ennemis. Le clan Jospin est de ceux-là, mais il est certain que, portée par les voix d’une primaire qu’elle aurait gagnée si elle avait daigné s’y soumettre, il n’aurait rien fait pour lui barrer la route, pas plus qu’il ne l’aurait aidée d’ailleurs.
Aujourd’hui, par sa seule incompétence car on n’abaisse pas impunément et de manière récurrente adversaires et contradicteurs, S. Royal perd tout.
Il lui reste la présidence d’une région où l’on verra bien si l’échec rocherais aura porté ses fruits dans sa façon de diriger.
On peut craindre le contraire dans une espèce de repli sur soi dû au bouleversement intime que toute défaite exacerbe.

Chemin

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