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Photo perso. DR |
Sans rémission sur le village, depuis deux jours tombe la pluie. Ce dimanche 20 devait avoir lieu la brocante annuelle d’octobre. Les trois précédentes étalaient leurs stands sous un soleil d’été. C’était trop beau pour que cela continue. Celle d’aujourd’hui fut annulée faute de participants et de chalands. L’évènement me fait souvenir des propos que j’entendais autrefois de la bouche des anciens selon qui, sentencieux, cette débauche d’objets volants dans le ciel, avions, fusées et autres satellites, allait détraquer le temps. Ils ne sont plus là pour y trouver corrélation du genre : « Je te l’avais bien dit, fiston. » Il est remarquable de noter que toute modification du temps entraîne les assertions comminatoires sur le changement dû aux activités humaines. Comme si la pluie devait tomber à date fixe, le soleil chauffer tel jour, le froid s’installer selon un calendrier précis ou la tempête ne souffler que les jours fériés. S’il y a un domaine, malgré qu’on en ait, où l’homme ne peut rien, c’est bien celui de la météo. La nature est immense et fait ce qu’elle veut, déraillant quelquefois. Nul contrôleur n’est susceptible de canaliser ses errances.
Comme chez les cheminots, ces profiteurs de nos impôts, qui ont déclenché une grève inutile suite à l’accident d’un TER percutant un convoi routier bloqué sur un passage à niveau. Grève prétexte en la nommant droit de retrait pour cause d’insécurité, réclamant la présence, auprès du conducteur, d’un contrôleur pour l’assister, les parcours régionaux n’en comportant plus depuis longtemps. Comprenant la démarche cousue de fil blanc je m’insurge contre l’ignominie de la raison invoquée. L’accompagnement d’un second employé de l’entreprise dans les wagons n’aurait rien modifié au déroulement de l’accident, tout comme de la sécurité puis de la prise en charge des voyageurs, sinon qu’il aurait pu provoquer des blessures sur une personne supplémentaire, voire sa mort si ce contrôleur, au moment du choc avec l’obstacle, s’était trouvé se baladant entre les sièges des voyageurs, voltigeant alors et s’écrasant à son tour sur un montant ou paroi métallique comme il y en a tant dans une rame.
Ce n’est pas être fataliste, mais réaliste, de dire que rien ni personne ne peut éviter la survenue d’un accident, pas plus que modifier le climat selon sa convenance personnelle. Mais c’est une vérité de dire que ce mouvement de grève déclenché un jour de départ en vacances est une malhonnêteté commise par des cheminots qui ne savent plus respecter ceux grâce à qui ils sont payés, voyageurs et contribuables.
Je me souviens d’un trajet ferroviaire que j’effectuai il y a bien longtemps, du temps où les trains étaient compartimentés avec couloir latéral. C’était, encore, quelques jours après une grève. Le contrôleur tapota la vitre, nous signifiant la vérification de nos billets. Mon tour venant, avec le sourire, je lui indiquai que je refusais, faisant grève à ma façon. Acceptant la réflexion avec bonne humeur, m’indiquant que j’avais raison, je lui tendis quand même le sésame qu’il poinçonna en riant et me remerciant quand bien même je l’avais fait patienter malicieusement.
En transportant les passagers gratuitement, grèves et grévistes auraient une autre allure évitant à ces derniers d’avoir un train de retard sur les idées, comme le disait Léon Bourgeois à propos des partis.