Les violeurs de Mazan

8 octobre 2024 § Commentaires fermés sur Les violeurs de Mazan § permalien

 

Deux satyres regardent une nymphe endormie Sebastiano Ricci, 1712-1716 Palais des Beaux-Arts de Lille

   « Je ne suis pas un violeur ! », rétorque chaque accusé du procès de Mazan. Mis à part le mari, Dominique Pelicot qui, dans une soudaine lueur de raison, se définit comme un violeur, les autres cherchent un prétexte pour se disculper d’abord face à leur conscience, ensuite face à leurs proches et enfin face à la sentence inévitable. Pauvres types !

   Bien sûr que si ! Et leur déni me rappelle celui des étudiants ayant participé à l’expérience de Milgram, sociologue démontrant la soumission à l’autorité. En l’occurrence celle du mari, dieu dégénéré appelant à violer son épouse par un troupeau de satyres bandant, accourant, baveux lubriques, le caleçon bas vers la nymphe endormie, Gisèle Pelicot, afin d’assouvir la frénésie sexuelle les taraudant. Abject !

   Et qu’on ne dise pas que nous leur ressemblons, comme le proclame un journaliste, Karim Rissouli, dans une diatribe lamentable associant les gens normaux à cette bande de tarés. Lui, peut-être, je ne le connais pas pour l’affirmer, mais certainement pas ceux dont les neurones sont sains. L’acte d’amour est un partage dans le respect du corps de l’autre. La jouissance s’épouse ainsi que les caresses. On s’offre, on prend et réciproquement. Dans une complicité de cœur ou, à tout le moins, de corps. Mais de grâce, cessez cette personnalisation stupide qui se veut humaniste, car si ces individus ont comme tout un chacun, un métier ou non, une famille, un cadre de vie normal, banal, s’ils sont actifs ou retraités, jeunes ou vieux, au fond d’eux-mêmes gronde un trouble, un vice, une perversion qui les apparente, non pas à des animaux car un animal en rut n’agirait pas même ainsi, mais à une espèce de zombis souffrant tous de troubles paraphiliques. Ils ont besoin de soins et en cela je ne m’apparente en aucune façon à ces déments lubriques, violeurs dans l’âme, qui, constatant qu’elle dormait (les vidéos diffusées au procès sont patentes) ont poursuivi malgré tout leur simulacre d’amour devant la caméra du libidineux.

   Le reste, dans leur simagrée d’orgie occulte, n’est que masturbation sans partage, sans jouissance.

   Pire encore pour le mari dégénéré, droguer son épouse au Temesta, à la limite de la dose létale (car on meurt au surdosage de Benzodiazépine) comme un professionnel de l’anesthésie, pour l’offrir en pâture à des détraqués sexuels, est le signe d’une perversion narcissique, une psychose à traiter d’urgence.

   Qu’on ne s’y trompe pas. Gisèle Pelicot est une victime que des avocats sans talent tentent de déstabiliser en doutant de sa sincérité. Un véritable avocat ne jouerait pas à ce jeu. Conscient du délit de son client, il en chercherait les raisons dans son passé, son éducation, ses névroses – que sais-je encore ? – pour tenter de convaincre les juges et atténuer la sentence, mais certainement pas en mettant en doute la vérité de la victime. Au risque d’obtenir le contraire de ce qu’il espère, la condamnation sans nuance de celui qu’il défend. Ce serait tout à l’honneur d’un défenseur.

   Mais là, nuage d’étourneaux plongeant pour la pitance, les avocats de la défense virevoltent autour de Gisèle Pelicot l’assaillant du coup de bec des questions indécentes. Face à l’évidence ils ne savent plus de quelle becquée nourrir leur plaidoirie.

   Ils s’en retourneront la queue entre les jambes.

L’ouverture des JO, avant le festin des dieux

31 juillet 2024 § Commentaires fermés sur L’ouverture des JO, avant le festin des dieux § permalien

Le Festin des dieux – Van Bijlert – vers 1635-1640 – RMN Grand Palais (musée Magnin)

   Les pisse-vinaigre sont légion ! De vraies bandes organisées. Je vous le dis sans vergogne, ces bilieux m’emmerdent. De toutes nationalités, de l’Oural à la Silicon Valley, de l’Erebus au Groenland. De l’évêque Gobilliard à l’autiste Musk, du charlatan Trump aux fascistes nationaux.

   Jusqu’à Finkielkraut, notre vert philosophe qui trouva le spectacle grotesque. C’est son droit et vous pouvez le lire ici. Sans doute eût-il aimé que Thomas Jolly nous la jouât à l’Eschyle façon Les Perses plutôt qu’à la Rabelais genre Gargantua. Il n’a rien compris l’académicien. Il vieillit. Il s’encroûte. Il aurait préféré qu’on se fasse tartir. Mais la cérémonie d’ouverture des JO, ce n’était qu’une fantaisie, un divertissement type feu d’artifice. Il est venu ensuite le feu, scintillant, pétillant, la Tour enrubannée de faisceaux laser et de panaches multicolores. Comme les peuples venus ici se mesurer, mais d’abord s’amuser, divers et variés. Sur la Seine voguaient les bateaux, s’agitaient les drapeaux, riaient les badauds et fusaient les bravos. La foule applaudissait au rythme gesticulant des athlètes sur l’eau qui mouillait leurs tricots. Les artistes à leur tour leur donnaient la réplique en chantant, en dansant, en mimant. Et ce fut beau souvent, très beau quelquefois, sublime enfin avec Marina Viotti puis Céline Dion. Même si parfois le défilé fut long. Il fallait aussi respecter la tradition tout en l’explosant. Et le peuple aime ces fêtes sans penser à rien d’autre, que s’amuser avant que combattent les dieux du stade. Défilé sans queue ni tête, juste ce fil rouge des bateaux qui passaient sous la pluie qui tombait. Le ciel avait décidé de pleurer de joie.

   Mais venons-en au plat du jour, sur le menu des agapes marqué « Festivités ». Alors là, les cons, religieux ou pas, n’ont pas aimé. Pas du tout. Miros comme des taupes. Pensez donc, ils se sont moqués de Jésus. Son dernier repas, mimé, ridiculisé ! Et avec qui ? Des drag-queens. C’est la mode en ce moment. Des mecs qui n’en sont pas avec une femelle auréolée trônant au milieu de la table, la Cène à la Léonard de Vinci. Corrigée par des vandales ! Ah, elle est belle la France ! Et je vous fais grâce du reste, la faute à Macron, démission. Vouons aux gémonies ces mécréants et puisque nous y sommes, menaçons de mort la femelle du groupe, sorte de Marie Madeleine qui n’avait rien à y faire. Amen ! Prions mes frères pour le salut de leur âme, la nudité dyonisienne de Philippe Katerine et l’encombrante présence de Barbara Butch.

   Ignares ! Vos prières, savez-vous vers qui elles sont allées ? Vos Dieux ? Que nenni ! Vers d’autres déités, celles de l’antique, quand furent créées les olympiades où les athlètes lutaient, nus. Vous avez prié des dieux de pacotille qui ne valaient guère plus que ceux d’aujourd’hui. Abandonnés depuis longtemps, Zeus et compagnie, précurseurs des vôtres qui s’évanouiront tout autant demain après les avoir honorés de même manière. Car ce tableau que vous avez cru reconnaître, la Cène de Léonard, il semble que ça ne l’était pas, même si le génie du maître inspira pas mal de ses collègues. Il s’agissait du festin des noces de Thétis et Pélée. Un repas donc, aussi, mais de bamboche et non de séparation. « Le Festin des dieux » imaginé et peint vers 1635-1640 par le Hollandais Jan Harmensz van Bijlert. Sujet à la mode de l’époque où les amours antiques fascinaient car souvent contrariées. Thétis, par exemple, nymphe marine que se disputaient Zeus et Poséidon qui s’en détachèrent après que Thémis leur a prédit qu’elle aurait un fils supérieur en tout à son père. Elle épousa donc le roi de Théssalie, Pélée, avec qui elle enfanta Achille. Le reste de l’histoire est connu. Alléluia !

   Mais quand bien même se fut-il agi du tableau de Léonard, en quoi l’imiter devenait-il un blasphème ? En quoi se justifiait l’anathème ? Pourquoi la menace de mort s’ajoutait-elle à votre persécution ? Tout ce remue-ménage, cette haine déployée, cette violence pour un tableau, pour un festin de noces ? Tout n’est qu’imagination. Des peintures jusqu’au spectacle. Et rien, non rien ne permet un tel déchaînement de haine et de violence. Rien, sinon votre sottise et votre intolérance. Si vous n’aimez pas – et c’est votre droit le plus strict – dites-le certes, comme notre philosophe, mais sans haine, sans agressivité, tout simplement.

   Ou passez votre chemin.

Une victoire en trompe-l’œil

8 juillet 2024 § Commentaires fermés sur Une victoire en trompe-l’œil § permalien

Copie d’écran vie-publique.fr

   Une victoire en trompe-l’œil ! C’est ce que Mélenchon n’a pas compris, qui hier soir, avant même que les résultats définitifs soient connus, vociférait avant tout le monde pour s’attribuer cette victoire. Mais comprend-il grand-chose d’autre que l’exaltation d’une hubris malséante ?

   Avant tout je lui conseillerai, lui qui à plus de 70 ans réclame un retour de la retraite à 60 ans, de donner l’exemple en la prenant définitivement. Il cesserait enfin de semer la pagaille dès qu’il s’exprime.

   Quant à ses proches collaborateurs qui reprennent son antienne, je leur rappellerai que si LFI, au sein de ce NFP de marmelade, a obtenu 78 sièges c’est uniquement grâce, en premier lieu à ceux et celles qui se sont désistés, ensuite aux électeurs de droite et de gauche qui ont voté sans sourciller pour ses candidats. Idem pour les autres tendances de ce Front Populaire hétéroclite, ainsi que pour les candidats de l’ancienne majorité dans une moindre mesure.

   Par conséquent que les grandes gueules s’abstiennent, tout comme les petites d’ailleurs, de triomphalisme indécent. L’heure est à la réflexion et à la recherche d’un compromis pour gouverner.

   Une majorité se dégage, quoi qu’on dise, à condition qu’une volonté humaniste veuille bien tirer du cauchemar des hommes et des femmes de bonne volonté et les rassembler.

   Si l’on fait abstraction des deux extrêmes, RN & LFI, le total des députés de gauche, écologistes, modem, et divers centres et gauche est de 279. De tout ce beau monde, quelques-uns n’accepteront pas de s’asseoir à la même table que leurs collègues. Si l’on ajoute la droite classique, centre et divers, le total se monte à 347 députés d’où une large poignée se désolidarisera. Admettons qu’un Premier ministre consensuel, type Gabriel Attal associé à Raphaël Glucksmann et autres politiques non sectaires, parvienne à éviter que plus de 58 d’entre eux s’évaporent vers les extrêmes, la majorité absolue est constituée.

   Bon courage à eux, mais sachez, vous tous accrochés à vos petits désirs, que la seule solution se trouve dans ce consensus et qu’il est nécessaire de faire un choix. Tout ne peut être accepté. Sinon le chaos prévaudra, d’abord dans l’hémicycle, ensuite dans la population, car les revendications des quelque huit millions sept cent cinquante mille électeurs qui se sont tournés vers les populistes doivent aussi être entendues au même titre que celles des presque quatorze millions de la gauche et de l’ex majorité avec les deux millions cinq cent mille électeurs de la droite classique. Toutes les demandes ne peuvent être accordées et résolues, mais des réponses doivent être apportées et surtout expliquées sans dédain. Sinon…

   Sinon, les peuples qui n’ont plus rien à perdre deviennent incontrôlables et tôt ou tard se révoltent. Et vous porterez tous la responsabilité des affrontements qui en découleront.

Les ectoplasmes du RN

6 juillet 2024 § Commentaires fermés sur Les ectoplasmes du RN § permalien

   Il y a un détail, comme aurait dit le père fondateur du mouvement, qui intrigue à la réception des professions de foi des candidats RN. Avez-vous remarqué ? Aucun visage, aucune photo des postulants. Ce fut le cas pour le premier tour. Bis repetita placent pour le second.

   J’admire ces électeurs d’extrême droite passablement crédules de voter pour des ectoplasmes.

   Les grands chefs, que l’on peut admirer sur l’affiche, répètent qu’ils ont été pris de court. Les autres partis également, ai-je envie de leur répondre. Ils n’étaient pas prêts, voilà tout. Donc ils racontent des blagues, comme pour le reste. Et si ces noms (comme celui que j’ai masqué sur la copie jointe) placardés sans photo n’étaient que des pseudos ?

   Non, honteux sans doute de faire partie de cette bande, tous les candidats de France du RN, ou presque, n’arborent aucun portrait. Pas même sur le verso du papier où seul le gigolo du selfie apparaît toujours, mais là sourire absent, rictus tendu de Premier ministre évanescent. Nous ignorerons donc qui sont ces intrépides fantomatiques concurrents. Des potiches.

   Pourquoi ? Nous ne le saurons jamais vraiment. Par souci d’économie peut-être. À moins qu’ils ne fussent tous trop laids, ou laides à faire peur, à faire fuir le chaland.

   Plus sûrement parce que ce parti, autocratique au possible, ne laisse aucune place à la diversité, à l’originalité. Les électeurs sont invités à ne voter que pour les chefs. Comme à Moscou ou à Pyongyang. Pauvres électeurs qui votent ainsi, sans même savoir pour qui, ne vous sentez-vous pas un tout petit peu instrumentalisés ?

   Mais passons à autre chose car, quoi qu’on puisse dire à ces nouveaux convertis du caporalisme, ils n’en démordront pas se figeant devant les chefs, au garde à vous, main levée.

   Passons demain aux autres, non masqués, pour qui nous irons voter. Ne serait-ce que pour remercier ceux qui se sont désistés. Car il ne fut pas simple pour eux d’accomplir ce geste de courage, d’abnégation afin de sauver la démocratie. La France.

   Carpe diem.

Chemin

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