Un remède pire que la Covid

3 juin 2020 § Commentaires fermés sur Un remède pire que la Covid § permalien

 

Photo perso – DR

 

     À qui veut les entendre, les commentateurs qui se disent informés se gargarisent d’une satisfaction toute factice. Il est heureux, disent-ils, que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité l’homme ait choisi, pour contrer cette épidémie coronavirale, la santé et non l’économie. 
     Il serait pourtant plus juste et sincère de dire que, dans sa globalité, homo sapiens est lentement devenu homo timoratus si ce n’est homo phobicus, voire homo stultus ; par conséquent quelques uns de l’espèce par crainte de procès, de plaintes, de rejets, les autres par tare génétique, beaucoup par hébétude, privilégièrent l’univers hospitalier devenu exsangue afin de préserver le résidu de confort qui subsistait malgré les coupes claires successives l’érodant au nom de l’économie. 
     Ce n’est donc pas par compassion envers leurs prochains que fut décidé l’aberrant confinement, dont on ne peut affirmer qu’il fut efficace puisque les rares comparaisons avec d’autres nations moins autoritaires démontrent une étonnante similitude dans les résultats obtenus, voire meilleurs, non par compassion donc mais uniquement par crainte d’administrés plaideurs en tout genre qui, depuis l’épisode du sang contaminé, recherchent des responsables à tous les aléas perturbant la banalité de leur existence. 
     Certes l’émergence de ce virus, comme des centaines d’autres d’ailleurs, passés ou futurs, avec leurs alter-ego les bactéries, agissant ponctuellement de même, vint enrayer de sa taille plus insignifiante qu’un grain de sable le beau rouage de notre quotidien. Mais guère plus, tout autant peut-être, voire moins, que les épidémies auxquelles est confrontée régulièrement depuis son origine l’humanité et dont on ne parle jamais, sinon après. Cette attaque virale bénéficia d’une publicité outrancière qui, comme un ouragan s’auto-alimentant, balaya les esprits enclins à toutes les peurs imaginant dans cette bestiole agressive l’émanation d’un Hécatonchire intentionnellement libéré par un Zeus asiatique désireux de régner en maître, ou pesticide détruisant la nature facilitant la naissance d’une Chimère dévorant ceux qu’elle croisait. Rares furent les médecins à dire qu’il ne s’agissait que d’une maladie comme une autre, à traiter en médecin et non en pusillanime. On ne les écouta pas. Pire, on tenta de les discréditer. 
     Il faut toujours trouver raison à ses angoisses, à ses phobies. Les anesthésier. Alors on confina, au nom du principe de précaution, de la trouille mondiale qui dirige désormais nos sociétés, sans se soucier de savoir si l’on n’allait pas tomber de Charybde en Scylla, si le remède ne serait pas pire que le mal. 
     D’effrayantes statistiques, ajoutant à la terreur, furent ainsi communiquées, prévoyant une espèce d’apocalypse si rien n’était fait pour contenir l’avancée du monstre. Encore aujourd’hui répète-t-on à l’envi qu’il est toujours là, tapi dans quelque recoin prêt à fondre sur sa proie, malgré l’évidente constatation de sa constante évanescence. 
     L’humanité cessa de vivre, confinée qu’elle était dans sa prison d’interdictions. L’activité cessa. L’économie fut rabotée, ruinée. Quelques naïfs crurent que la décroissance, enfin, prenait le pas sur le capitalisme, espérant, Attila modernes, que la mondialisation ne repousserait pas là où ils applaudissaient. 
     Puis la réalité lentement s’imposa. Tous n’étaient pas morts mais beaucoup furent abandonnés, laissés pour compte sur le bord du chemin. Ils mourront, socialement ou physiquement, plus violemment sans doute que d’une agression virale. Immanquablement nombreux sont ceux qui, se réjouissant de cet entracte, deviendront les nouvelles victimes de ce nouveau bourreau, le désastre économique. 
     À l’image des animaux de la fable que Babrius, fabuliste romain écrivant en grec, intitula « Les Bœufs », traduit par M. Sommer en 1848, que je vous livre in extenso en guise de conclusion.


 

21 –  LES BŒUFS. 
     Les bœufs un jour cherchaient à se défaire des bouchers, dont la profession leur est si funeste. Déjà ils s’attroupaient et aiguisaient leurs cornes pour le combat. Un des leurs, un vieux bœuf qui avait longtemps traîné la charrue, leur dit : « Du moins, ceux-ci ont la main habile et nous tuent sans nous faire trop de mal ; mais ce sera deux fois mourir que de tomber sous les coups de maladroits ; à défaut de bouchers, les bœufs auront encore assez d’égorgeurs. »
Avant de fuir un mal présent, vois à ne pas tomber dans un pire.

CAMPAGNE POUR L’AVORTEMENT

20 janvier 2008 § Commentaires fermés sur CAMPAGNE POUR L’AVORTEMENT § permalien

Le Conseil régional d’Ile-de France vient de financer une campagne d’affichage et d’information, dont les couloirs du métro s’embellissent et que certains hurlant comme des hyènes, aveugles qu’ils sont, dénoncent en tant que publicité pour l’avortement.

300.000 euros pour inciter au meurtre? C’est trop, c’est ignoble. Qui paye?

300.000 euros pour informer? C’est pas assez, c’est une goutte d’eau, c’est peu pour aider celles qui souffrent.

Ce qu’ils veulent délibérément passer sous silence, c’est que cette campagne d’affichage ne concerne pas uniquement l’avortement, mais aussi la contraception et la sexualité.

Que lit-on sur l’affiche? sexualité, puis contraception et enfin avortement.

Sous ces trois termes mis dans cet ordre, l’un en dessous de l’autre, trois autres mots tout aussi essentiels: un droit, mon choix, notre liberté.

Alors que tous les « pères la pudeur » relisent de façon sereine et objective ces mots, que tous les obsédés de la fécondation regardent avec attention les photos, que les bonnes âmes qui se disent choquées fassent un peu plus parler leur intellect et non leur pudibonderie, et ils comprendront que peu de personnes vivent dans des couvents et que la sexualité, cet instinct naturel, ce désir d’aimer, cette jouissance du corps et de l’esprit est d’abord un droit inhérent à tout homme et à toute femme, et qu’eux-mêmes s’ils sont là à brandir leurs panneaux fanatiques, c’est parce que, un jour ou une nuit, une femme et un homme attirés mutuellement, déchirés de désir et de plaisir charnel, comme eux-mêmes doivent par moment le ressentir, se sont accouplés, non pas pour les créer, mais d’abord pour s’aimer.

Seuls les animaux s’accouplent pour procréer, afin qu’uniquement se perpétue l’espèce. L’Homme est d’une autre nature, et au même titre qu’on peut prendre plaisir à manger, à déguster un grand vin, à fumer une cigarette, à lire un roman, à réciter des vers, à collectionner des tableaux ou simplement les admirer, à voyager, à s’habiller et que sais-je encore qui fait la joie de l’existence, faire l’amour, s’aimer, s’unir entre homme et femme, entre homme ou entre femme, au même titre que ce que je viens d’énoncer participe du bonheur de la vie.

C’est donc un droit que tout un chacun, à moins qu’il ne fût moine ou abbesse, peut légitimement revendiquer au nom de la liberté de son corps.

Et ce droit aujourd’hui a le privilège de pouvoir faire abstraction des conséquences inévitables qu’une telle liberté entraîne, c’est à dire la procréation non désirée ou l’atteinte dans sa chair de maladies sexuellement transmissibles, grâce aux moyens de contraception et de protection que la science nous offre.

Mais la science en ce domaine ne peut pas tout, et il existe parfois ce qu’on appelait autrefois pudiquement des accidents, c’est à dire des fécondations non souhaitées suscitant les drames que nous avons tous en mémoire, depuis les « tricoteuses », ces femmes admirables comprenant la douleur de leurs soeurs, mais que l’on condamnaient à mort au nom de l’irrespect de la vie, jusqu’à ces jeunes femmes se mutilant ou mourant en provoquant elles-mêmes, il n’y a pas si longtemps encore, un avortement, et certainement pas de gaieté de coeur, mais pour des raisons qui n’appartenaient qu’à elles, et elles seules.

Ces raisons que la société n’a pas à juger, et encore moins un homme ce sinistre pourvoyeur du drame dont il se lave les mains, ce Pilate aux slogans irresponsables, ce fantoche profiteur et dédaigneux de sa compagne, ces raisons dis-je, et je n’ai nul besoin de les expliciter, demeurent.

C’est pourquoi le législateur, faisant enfin preuve de bon sens et de sagesse, a souhaité que la femme non désireuse d’enfanter pût légalement et sans danger pour sa vie, avorter grâce au concours de la médecine.

Cette médecine, dont un grand nombre de ses membres, hommes pour beaucoup, au nom de la clause de conscience, refuse ou retarde par des moyens indignes de venir en aide à ces femmes en détresse, les obligeant à partir vers d’autres lieux pour obtenir ce à quoi elles aspirent.

Si dans le serment d’Hipocrate le médecin jure qu’il ne donnera pas à une femme un pessaire abortif, il jure aussi qu’il dirigera le régime des malades à leur avantage, c’est à dire qu’il fera tout, selon ses forces et son jugement, pour soigner leur souffrance.

Or ces femmes sont en souffrance, elles seules peuvent connaître cette souffrance et il est intolérable, qu’en raison de leur prétendue conscience, certains médecins n’acceptent pas d’apaiser cette douleur. On m’opposera sans doute ce serment, mais il y est dit aussi que celui qui y prête doit subvenir aux besoins de son maître de médecine. Toutes ces fariboles ne sont-elles pas quelque peu dépassées?

Si cette campagne d’information pour la sexualité, la protection et l’avortement vous semble, moralisateurs rétrogrades, une incitation à la débauche et au non-respect de la vie, il me semble au contraire indispensable et nécessaire, trente ans après la loi de Simone Veil, de plus en plus bafouée, que cette loi soit enfin appliquée avec respect et dignité, pour précisément une vie sereine.

Au reste, y a-t-il besoin d’une loi pour qu’une femme soit libre de son corps?

NE FAITES PLUS MEDECINE!

6 octobre 2007 § Commentaires fermés sur NE FAITES PLUS MEDECINE! § permalien

La colère justifiée des internes, ou conseil aux bacheliers qui hésitent.

Si vous avez la vocation chevillée au corps, si soigner vos semblables est une obsession, si le serment d’Hippocrate est votre livre de chevet : FAITES MEDECINE !

Si toujours vous voulez travailler de 70 à 80 h. par semaine, prendre 15 j. de vacances par an (les médecins ne trouvent plus de remplaçants) : FAITES MEDECINE !

Si encore vous vous sentez apte à écouter les mêmes jérémiades vingt fois par jour pour un vrai malade, si vous voulez passer votre temps à renouveler des ordonnances, à vous déplacer pour ne trouver personne car vous n’étiez là pas à l’heure attendue, à ne pas manger à heure fixe, à rentrer à n’importe quelle heure (il est courant que j’attende mon beau frère jusqu’à 9h30 – 10h lorsque je vais prendre l’apéritif le soir chez lui!) : FAITES MEDECINE !

Si vous avez le courage et la volonté de faire dix années d’études pour gagner 20€ par consultation : FAITES MEDECINE !

Si vous vous sentez l’âme d’un larbin au service de clients sans scrupule : FAITES MEDECINE !

Si vous acceptez de vous faire traiter de tous les noms car l’attente est trop longue ou que le rendez-vous a du retard : FAITES MEDECINE !

Si vous avez un bon avocat en cas de plainte (la médecine n’est pas une science mais un art) de clients mécontents : FAITES MEDECINE !

Si vous pouvez supporter les explications  » scientifiques  » de clients qui en savent plus que vous, car ils l’ont lu dans un magazine : FAITES MEDECINE !

Si vous acceptez la médecine à deux vitesses, et la discrimination entre les populations que nous préparent nos gouvernants : FAITES MEDECINE !

Si vraiment ça vous tente, si vous êtes optimiste, altruiste, de bonne constitution, inconscient et peu sensible au gain : FAITES TOUJOURS MEDECINE !

Si après tout ça, vous avez des doutes, mais qu’il vous semble nécessaire de soigner de vrais malades, devenez à la rigueur spécialiste (et encore !), médecin hospitalier ou alors partez en Afrique, ils ont là-bas de véritables besoins, autres que nos migraines, cor aux pieds, mal au dos, mycoses, rhume, chagrin d’amour et bobos en tout genre qui dégénèrent, par magie, en maladies incurables et que vous soignerez quand même consciencieusement, riant, ou pas, sous cape, jusqu’au jour où vous vous apercevrez que vraiment la majorité des patients ne méritent plus leur appellation.

Sinon, FAITES PLOMBIER ! Vous aurez les mains moins blanches, mais vous gagnerez largement plus en vous fatiguant moins ; vous aurez l’estime de vos clients qui vous attendront sans broncher, et vous pourrez même apposer une espèce de caducée, genre tuyaux entrelacés, sur votre camionnette.

Chemin

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