Les ni-ni sont-ils neuneus ?

20 avril 2022 § 1 commentaire § permalien

 

Capture d’écran 20 minutes

 

   Les ni-ni sont-ils neuneus ? Ce n’est pas les injurier, c’est s’interroger familièrement afin de savoir s’ils sont niais ou nigauds.

   Car enfin, la démocratie à la française, lors de l’élection présidentielle, se déroule en deux temps. Le premier temps permet de choisir parmi les candidats celui qui a notre préférence. Dans le second temps, et puisqu’il ne reste que deux postulants, et pas forcément celui que l’on a choisi, il s’agit simplement d’éliminer celui que l’on juge inapte à gouverner.

   Cela étant je comprends parfaitement la déception de celles et ceux qui voient leur candidat préféré recalé. Mais ce n’est pas une raison pour réagir comme un enfant privé de dessert et bouder dans son coin.

   Le droit de vote, c’est-à-dire le droit d’exprimer son point de vue, ne fut pas obtenu sans difficultés. Quelques dates marquent les étapes de ce pouvoir que le peuple obtint en 1789, où seuls les citoyens ayant une certaine aisance (qui payaient l’impôt, le cens, ou étaient très riches) votaient pour un suffrage dit censitaire ; c’est en 1792 que fut instauré le suffrage universel uniquement masculin, puis bien des aléas plus tard les divers empires, monarchies et républiques au pouvoir transformèrent, supprimèrent, rétablirent, modifièrent ce droit de vote selon leurs caprices électoraux. Les femmes n’obtinrent ce droit qu’en 1944, suivis par les militaires de carrière un an plus tard. Et c’est en 1962 que le suffrage universel direct est instauré pour l’élection qui nous concerne aujourd’hui.

 

   Quant à l’âge où l’on devenait électeur, de 21 ans il s’abaissa à 18 ans en 1974. Ce qui conduit nos sorbonnards actuels à se croire révolutionnaires encagoulés pour haranguer leurs condisciples et les convaincre en débitant des arguties pour refuser voter. C’est là une grande marche arrière réactionnaire et totalement imbécile. Et ils se croient de gauche ! Ils ne sont qu’inconscients.

   Car enfin, il ne s’agit pas, minoritaires qu’ils sont, étudiants mais pas qu’eux, également quelques électeurs déçus revanchards, chagrinés, dépités, il ne s’agit donc pas de vouloir imposer sa façon de gouverner comme il semblerait qu’ils l’exigent, mais de reconnaître et accepter de bonne grâce la volonté majoritaire. Sauf à croire que l’on détient la vérité ce qui impliquerait que tous les perdants fissent de même, c’est-à-dire agissent à la Ponce Pilate se lavant les mains en laissant la porte grande ouverte aux aventures les plus dangereuses. C’est ainsi que les dictatures s’installent et que se déchaînent des tempêtes identiques à celle qui s’abat sur l’Ukraine actuellement. Lorsque les fascistes (et quoi qu’on dise, quoi qu’on pense, quoi qu’on fasse, le parti nationaliste arrivé second lors du premier tour de scrutin est un parti fasciste, pire peut-être que celui du pitre arrivé quatrième, car se masquant derrière de faux sourires et de fallacieuses paroles afin de tromper son monde) prennent en mains les destinées d’un pays ils font tout pour le conserver en rabotant systématiquement les libertés qu’offre la démocratie. Se croiser les bras et lui laisser la possibilité de contrôler nos vies est une aberration indigne d’un individu ayant un minimum de raison.

   Le candidat pour qui j’ai voté n’a pas eu l’heur de plaire à la majorité, ce n’est pas pour autant que j’en éprouve cette espèce de déception pathologique qui force à se replier sur soi, fuir en avant en laissant aux autres le soin de décider à ma place. Dimanche j’irai voter sans l’ombre d’un regret.

   Je sais bien que je ne convaincrai pas grand monde. Peu importe. Mais je continuerai de me poser la question, savoir si les ni-ni ne sont pas un peu neuneus de jouer avec le feu.

Du crétinisme à la pelle !

20 janvier 2022 § 1 commentaire § permalien

Les apprêts du pot-au-feu, Michel Bounieu 1740-1814

   Le crétinisme, médicalement, est un ensemble de troubles mentaux et physiques dû essentiellement à une insuffisance thyroïdienne par carence en apport d’iode. Plus on s’éloigne de l’Océan, plus on constate de cas.

   C’est sans doute la raison pour laquelle, éloignés à Strasbourg, quelques individus mâles et femelles (Jadot, Aubry, Bardella, qui cependant ne présentent aucun goitre symptomatique du crétinisme) ont confondu le Parlement européen avec celui de la France, attaquant sur sa politique purement hexagonale Emmanuel Macron après son discours sur la vision européenne qu’il développa lors de sa prise de fonction à la présidence du Parlement. Crétin s’il en est, même un député Allemand, d’un parti proche de celui de Mme Pécresse, souhaita la victoire de cette dernière à l’élection Élyséenne. De l’art de tout confondre quand on n’a rien à dire d’intelligible. Quand surtout l’étroitesse de sa vision nous éloigne de l’essentiel européen pour la petitesse de son nombril.

   Mme Pécresse, quant à elle, s’est distinguée également lors de son interview menée par J-J Bourdin, rappelant très élégamment à ce dernier son implication dans une affaire de harcèlement sexuel, faisant fi, par le seul fait de la préciser opportunément, de la présomption d’innocence. Mme Pécresse devrait inhaler plus souvent l’air pur et iodé océanique en s’éloignant ponctuellement de l’Île-de-France.

   Pendant que nous y sommes, évoquons également tous les crétins, et ils sont nombreux, qui font un mauvais procès à J-M Blanquer au prétexte qu’il est allé en voyage de noces dans une île des Baléares pendant les vacances. Ils devraient, au contraire, le féliciter d’avoir démontré que le télétravail est possible quel que soit le lieu où l’on se trouve. Le reste n’est qu’insignifiance ou hystérie si l’on préfère. Crétinisme en un mot. Pour ma part je ne lui donne tort qu’en raison d’une plus faible teneur en iode de la Méditerranée que de l’Atlantique. Ars-en-Ré eût été préférable à Ibiza.

   Enfin, et parmi tant d’autres cas à traiter, gardons pour le dessert le fin du fin, le summum, l’acmé du crétinisme, à savoir la primaire populaire où l’on enrôle de force, donc contre leur gré, des personnalités qui n’ont jamais demandé d’y participer, refusant d’y figurer, réclamant qu’on les raye des listes, alors que l’une d’entre elles, au contraire des autres, Mme Taubira, déclare dans une annonce impérialement pompeuse, genre De Gaule sauvant la France ou César avant de franchir le Rubicon, qu’elle se soumettra à la décision des quelque trois cent mille plébéiens donnant un avis dont se fout la majorité des autres, moi-même y compris qui voterai très vraisemblablement pour Fabien Roussel, non pas parce qu’il est communiste mais parce que tout d’abord la seule primaire acceptable pour une présidentielle est celle du premier tour, ensuite parce que Fabien Roussel est sympathique, que ses idées sont claires, précises, raisonnables, qu’il ne figure pas dans la série comique citée supra et qu’il est actuellement victime d’un autre procès tout aussi ridicule que les précédents, à savoir la vindicte des Khmers verts qui lui reprochent d’être allé encourager des apprentis bouchers au prétexte que la viande prétendue polluante est à bannir donc immangeable, en particulier d’une espèce d’ayatollah verte et rose, Sandrine Rousseau, économiste de son état qui veut en effet économiser sur tout et en particulier, pêle-mêle, sur le mâle, l’avion, l’auto, le carbone, le temps de travail, la viande etc. mais paradoxalement pas sur les taxes notamment celle dite carbone qui nous pompe déjà suffisamment quand nous allons à la pompe.

   À propos, savez-vous ce que j’ai savouré hier soir ? Un somptueux et délicieux pot-au-feu avec os à moelle, pommes de terre, carottes, navets, poireaux, beurre, sel, moutarde et pain de campagne. Un régal ! À vous réconcilier avec l’humanité ! À vous faire oublier l’hystérie collective qui prévaut dès que le plus infime évènement survient. À oublier tous les affamés du scoop rongeant l’os qu’on leur jette, comme mon chien les restes de mon os à moelle.

Avec un Z comme Zéro

6 octobre 2021 § Commentaires fermés sur Avec un Z comme Zéro § permalien

 

Centenaire de Z par Spirou (couverture 08/2019)
Couverture de Spirou août 2019 pour le centenaire de Zorro

 

   La Marine va finir par me faire de la peine ! Pensez donc, Zemmour (avec un Z comme Zéro, sa petite marotte et son grand credo) prend la tête de leur course à l’échalote.

   Je devrais me réjouir, car après tout, l’une ou l’autre, c’est du pareil au même et ne change pratiquement rien au cumul des voix. Alors, en 2022, un duel Macron – Le Pen ou Zemmour, c’est au moins l’assurance d’avoir quelqu’un de présentable pour discuter, lors des cinq prochaines années, avec les dirigeants du monde.

   Franchement, vous imaginez la Le Pen pinailler le bout de gras avec le Chinois ou le Russe, ou le petit Z leur striduler (la stridulation est sexuelle chez le criquet) que Tatiana, Igor, Lan, Lin ou Liang c’est beaucoup mieux que Mohamed ?

   Ils vont se marrer, les autres !

   Ériger la vacuité en programme de gouvernement, ça ne peut plaire qu’à ceux aux synapses précocement éteintes. Trente-deux pour cent d’ostrogoths, ils sont, qui n’ont pas tous le prénom catholique ! Un tiers de la population votante !

   Débile ! Ou débiles !

   Se faire élire ainsi, je n’ose même pas y penser. Bien que parfois, à discutailler avec mes contemporains, le doute m’habite, comme aurait dit Desproges qui œuvrait « … afin d’être compréhensible à l’entendement des plus cons… ».

   Manifestement il est mort bien trop tôt.

   Parce que, à la lecture des 144 engagements 2017 de Le Pen (pratiquement identiques aujourd’hui, avec en plus de la liberté un soutien aux généraux félons), ou à écouter le discours de zinc du zèbre, je n’y vois ou n’entends rien d’autre que des affirmations gratuites (yakafocon) qui vous caressent dans le sens du poil les échines de tous les populistes rances en herbe, fascistes qui s’ignorent. Inutile d’aller bien loin, c’est, pour les deux, « travail, famille, patrie ». Point barre.

   Quant aux autres compétiteurs, des revenants, des acharnés de la décroissance ou des losers.

   Sauf un, peut-être. Il est sympa Fabien Roussel, le communiste au discours qui tranche.

   Malheureusement, il l’est, communiste, ce synonyme de ringardise.

   Nous n’y sommes pas encore en mai 2022, et beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant de sortir les urnes. Espérons qu’elles serviront à autre chose qu’à écoper nos pleurs.

Épigramme et couvre-feu

16 janvier 2021 § 2 commentaires § permalien

Simonide de Céos, illustration tirée de La Chronique de Nuremberg (1493).

   Qu’est-ce qu’une épigramme ?

   Non, ce n’est pas le poids d’un épi de blé ou de maïs, OGM ou non.

   L’épigramme, genre littéraire à part entière, fut d’abord dans l’antiquité une inscription, une épitaphe, pour se souvenir d’un héros ou d’un évènement, gravée sur un monument, un tombeau, une statue comme l’indique son étymologie, du grec έπιγραμμα (de έπιγραφω graver sur).

   En prose ou en vers, courte, directe, synthétique, elle allait, et va, droit au but. Un site scolaire la caractérise ainsi : « Une épigramme est un court poème satirique : elle critique avec humour.
L’épigramme se termine généralement par une pointe, une petite phrase cinglante. »   Des imbéciles voudraient la nommer « punchline » !

   Elle n’est pas née d’hier ; au VIe siècle avant J-C selon Hérodote, sous le calame de Simonide de Céos en mémoire de la bataille des Thermophiles.

   Le genre fit florès sans doute grâce à son côté succinct. Des Grecs, elle passa chez les Latins pour parvenir jusqu’à nous, perdant au passage élégance et politesse pour ne conserver que son côté satirique.

   Anonyme ou signée, l’épigramme traversa donc tous les âges. Éloquente, élogieuse, érotique, railleuse, obscène, assassine, élégante, spirituelle, satirique, grossière, et la liste n’est pas exhaustive, nous la retrouvons à son acmé au XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle sous la plume de pratiquement l’ensemble de nos poètes hexagonaux. De Clément Marot à La Fontaine, de Racine à Voltaire, de Piron à Rousseau (Jean-Baptiste, pas l’autre). Tous pratiquèrent le genre leur valant parfois bastonnade ou exil. J-B Rousseau qui en fut spécialiste mourut pratiquement dans la misère en Belgique où il s’était retiré pour ne pas subir auparavant pire châtiment à cause de ses vers. Il s’était fâché avec Voltaire le trouvant en revanche trop obscène dans leur rédaction.

   Et bien sûr sous la férocité des anonymes que les mazarinades et autres pamphlets exaltèrent, l’épigramme explosa comme les petites phrases de Twitter, ce qui me fait dire que l’inventeur du réseau social s’en serait inspiré.

   L’épigramme la plus célèbre, de mon point de vue, est celle de Voltaire contre Fréron. Ce dernier, critique nul, ennemi des philosophes, défenseur des idées monarchiques et religieuses, dut à l’épigramme de Voltaire ci-dessous, sa seule gloire terrestre :

« L’autre jour au fond d’un vallon,
Un serpent piqua Jean Fréron.
Que pensez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva. »

   Ça vous rappelle quand même quelque chose, non ?

   Mais l’épigramme eut aussi pour ses adeptes des conséquences plus dramatiques qu’un simple exil ou la misère. Ossip Mandelstam après son épigramme pas même écrite (elle ne le sera que devant le juge) mais divulguée de mémoire sur Staline, fut arrêté, déporté, condamné aux travaux forcés où il mourut. Ainsi l’un des plus grands poètes russes fut-il à jamais bâillonné.

   N’étant pas spécialement familiarisé avec Twitter, qui d’ailleurs la rejetterait en raison de sa longueur, j’ai préféré écrire ici cette épigramme à propos du couvre-feu et des interdictions qui vont faire plus de morts bientôt que le virus lui-même.

   Je vous la laisse lire.

« Ces petits soldats de Macron,
Ministres poltrons qui ne sont
Du couvre-feu que ses clairons,
Peinent à jouir à l’unisson
En répétant cette chanson,
« Cloîtrons la vie, craignons Charon »,
Et montrent ce que nous savions :
Qu’ils n’ont rien dans leurs caleçons. »

Chemin

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