Flics en bande organisée

1 décembre 2020 § Commentaires fermés sur Flics en bande organisée § permalien

 

Marcel Gromaire – La guerre – 1925 – MAM – Photo RMN

 

    Suite à la débauche de coups assenés sur Michel Zecler, producteur de musique, par une bande organisée de trois flics s’imaginant au-dessus des lois, puis la forfaiture consistant à produire un faux compte rendu relatant les raisons de son arrestation pour le moins musclée, il n’y a pas grand-chose à ajouter à leur mise en examen ni à l’incarcération de deux d’entre eux, sinon que je ne comprends pas bien les raisons du juge d’en exonérer le troisième ainsi que celui qui s’entraîna au balancement de grenade en lieu clos et privé.
Mais je ne suis pas juge, heureusement.
Il y a toutefois un point que j’aimerais préciser. Ces gardiens de la paix, les mal nommés, devraient en plus de leur mise au ban de l’humanité, paradoxalement, recevoir les félicitations du jury si d’aventure ils comparaissent un jour en cour d’assises pour leurs crimes.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ont brillamment démontré, à leurs dépens, in vivo, tout d’abord l’inanité de la loi de sécurité globale – dont on se demande qui sont les imbéciles qui ont cru bon d’ajouter à ce qui existe déjà – contre laquelle défilèrent samedi un grand nombre de partisans de la liberté – malgré, comme toujours, les forfaits commis par ces voyous que sont les black blocs, meute sans idéologie hormis celle de casser du flic et du matériel, au comportement tout autant inacceptable qui gangrène et décrédibilise toute manifestation – ensuite ont prouvé, une fois de plus, que le fait de porter une casquette de policier vous transforme un crétin en malfaiteur sûr de son impunité.
Il devient donc urgent de revoir de manière approfondie le recrutement et la formation des policiers, surtout lorsqu’on assiste, pratiquement en direct grâce aux multiples témoins munis d’un téléphone portable, à la méchanceté totalement gratuite d’un commissaire qui, croyant jouer encore dans la cour de récréation de la maternelle où il étudia assidument la déontologie, fit un croche-pied à un migrant qui courrait, pendant que ses sbires, lundi dernier, secouaient et détruisaient des tentes pour en extirper des hommes, des femmes et des enfants qui tentaient de se protéger du froid dans l’attente d’un abri décent, les cognaient à qui mieux mieux aussi sauvagement que le samedi suivant, le journaliste qui se retrouva à l’hôpital, nez fracturé, après avoir tâté de leur matraque.
Toutes ces exactions sont inadmissibles, de plus déshonorent l’ensemble de leur corporation.
Si la police ressemble à ça, je ne m’étonne pas qu’elle réclame une loi pour masquer les actions indignes qu’elle commet (quel eût été l’avenir de Michel Zecler si les images de son tabassage n’avaient été diffusées ?) non plus que je m’interroge sur l’humanité toute spéciale que leurs anciens déployèrent lors de la rafle du Vel d’hiv, sans aucun doute les prolégomènes à cette « …ligne républicaine qui sert de guide, cette ligne qui a éclairé les pas de nos anciens dans les ténèbres de l’histoire… » comme le chantonne l’actuel préfet de police de Paris dans un courrier adressé à ces fonctionnaires à l’enthousiasme percutant.
Quant à Darmanin qui pense que déconner caractérise un crime, je lui conseille de consulter les dictionnaires avant de parler et à son devancier dans la fonction, Castaner, d’arrêter de se gargariser en prédisant une refonte de l’article 24 qui, en l’état, ne peut être rectifié car actuellement devant le Sénat. Le plus sensé serait de retirer le projet de loi. D’autant qu’il existe suffisamment de textes pour châtier les délateurs criminels du bord adverse qui déversent honteusement sur des réseaux dits sociaux leurs menaces à l’encontre des policiers, mais aussi contre tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

De l’attrait du pouvoir

20 juillet 2020 § Commentaires fermés sur De l’attrait du pouvoir § permalien

 

Capture d’écran site lefigaro.fr

 

   De l’attrait du pouvoir nul ne s’en peut immuniser. À l’instar d’un virus. Entendons-nous bien, la politique est nécessaire à la gestion d’une nation et ceux qui s’en chargent, quand bien même ne seraient-ils pas insensibles à cet attrait, et quoi qu’on dise, œuvrent toujours pour la collectivité. C’est leur plus grand mérite, sans pour autant être exempts de défauts que l’on peut critiquer.

   Dans le grand Robert, un cheval de retour signifie récidiviste. Outre cet aspect pénal, il est précisé dans le dictionnaire des expressions et locutions d’Alain Rey que la formule peut s’appliquer, en politique, à un « vieux routier » revenant sans cesse bien que discrédité. Également par plaisanterie se dit d’une vieille coquette.

   Roselyne Bachelot, de retour, malgré ses récentes dénégations, sous les lambris dorés d’un ministère, en l’occurrence celui de la Culture. Comme on sait, puisqu’elle répéta à qui voulait l’entendre qu’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, qu’elle devait s’occuper de la féminisation de son parti plutôt que faire à nouveau de la politique, elle aura à cœur de corriger, par un véritable travail culturel, cette faute de mauvais goût touchant la vielle coquette et imposer le remplacement du cheval par la jument.

   Dans ce remaniement ministériel de semi-quinquennat, apparaît un homme qui, lui, n’est pas de retour puisqu’il ne quitte pas l’écurie dans laquelle il brille depuis des lustres, celle de la justice. Dupond-Moretti, d’avocat devient garde des Sceaux après avoir brûlé les planches en jouant le plaideur Salle Pleyel et tout dernièrement baver dans un micro, à la Bachelot, à la barre médiatique. D’interpréter toujours le même rôle l’acteur va finir par bégayer, ce qui peut apporter une touche d’humour dans un spectacle morose, ou devenir lassant à l’oublier.

   À part ça, ce n’est qu’un jeu de chaises musicales sans grand intérêt, un Premier ministre un peu moins grand remplaçant le précédent. Une question me taraude, bien que j’aie la réponse depuis longtemps : est-il judicieux de nommer ministre un individu spécialiste du domaine qu’il doit superviser ? L’avenir apportera sa propre réponse, mais le passé semble militer pour la négative. Un technicien n’est pas forcément manageur, gestionnaire ou fin manipulateur. À chacun sa spécialité et les politiques formés par leur parti ou leur école ont le privilège de savoir s’y prendre mieux qu’un amateur, quand bien même ce dernier serait-il un sphinx dans son domaine. On ne gouverne pas comme un vendeur de bagnoles ou un camelot de foire expo, bien que les gouvernants s’y entendent dans le baratin.

   Mais je voudrais revenir sur le limogeage de Castaner, victime du harcèlement policier, remplacé par un clone sarkozien, Darmanin, comme son mentor accaparant l’Intérieur. Car enfin, pour avoir dit le 8 juin dernier, très humainement et justement, que le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, ne seraient pas tolérés parmi les forces de l’ordre, que chaque faute serait sanctionnée et qu’enfin l’utilisation de la clé d’étranglement ne devait plus être utilisée, comme un seul homme les flics se sont insurgés, balançant à leurs pieds menottes et matraques, réclamant la démission de leur ministre. Comportement inadmissible d’individus chargés de faire respecter l’ordre.

   Mais quoi ? Pour eux le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et la prise létale sont-ils donc des éléments privilégiés pour exercer leur profession ?

   Tous ceux donc affichant leur mépris ont ainsi démontré, malgré leurs paroles unanimes et lénifiantes sur le sujet, qu’ils sont racistes, xénophobes, antisémites, prêts à tuer en dehors de la légitime défense. Car, rejeter ces arguments de simple bon sens c’est prouver la volonté d’en user. Quant à refuser les sanctions, c’est se croire au-dessus des lois.

   Si ces gardiens de la paix veulent un jour retrouver l’estime qui leur est due bien souvent, qu’ils fassent montre d’un peu plus de hauteur de vue. Car, comme Démocrite le dit, « obéir à la loi, au magistrat et au plus sage que soi est le fait d’une conscience bien ordonnée¹ ». Ou mieux encore, « c’est dans les actes et dans la conduite qu’il faut rechercher la vertu, et non en paroles² ». 

1. Démocrite, Fragments, XLVII, Les Présocratiques, La Pléiade
 
2. ibid. LV

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