Virus et coquelicot

21 avril 2020 § Commentaires fermés sur Virus et coquelicot § permalien

     Avant de passer à autre chose, une dernière mise à jour des chiffres de la pandémie au 21 avril : ICI
     J’ai intégré les observations mondiales effectuées par JHU. Chacun pourra en penser ce qu’il lui plaira, me gardant bien d’affirmer quoi que ce soit tant l’hystérie est grande dans cette affaire. 
     Je constate tout de même, tout comme hier, que les États qui n’ont pas confiné ne présentent pas a priori plus de décès que les autres, en pourcentage. 
     À ce propos, si d’une manière générale les courbes des contaminations (à l’exception de celles de la Russie, de l’Afrique du Sud, de l’Argentine ou du Brésil qui sont très ascendantes) de la plupart des grandes nations deviennent étales, celles des morts continueront vraisemblablement d’évoluer puisqu’un décalage d’environ trois semaines existe entre l’entrée en réanimation d’un malade et son éventuel décès. 
     Toutefois le virus ne touche qu’une infime partie de la population. D’aucuns affirmeront que le confinement produit ses effets, d’autres qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un virus peu agressif, les décès étant dus aux pathologies annexes qu’il suscite et notamment cet orage cytokinique provoqué par une exacerbation des défenses immunitaires. 
     Bref, il est l’heure de parler d’autre chose, notamment des premières hirondelles qui sont apparues dans le ciel et des coquelicots entraperçus cette après-midi en promenant le chien.

Le connard et le merluchon

29 mars 2020 § Commentaires fermés sur Le connard et le merluchon § permalien

Le Dictateur – Charlie Chaplin

Les théories du complot accompagnées de relents racistes fleurissent en ce printemps particulier. On peut lire sur le sujet l’article de lemonde.fr qui m’inspira, plagiant sans son talent La Fontaine, cette courte fable. 

Le connard et le merluchon 

Maître Collard ayant perdu ses ailes 
À la barre plein de haine éployait son zèle
Afin de braconner quelques fidèles
Un Mélenchon par ces appâts ferré 
Voulant aussi sa lanterne éclairer 
Lui débita ce langage à peu près : 
« Hé ! bonjour mon beau populiste 
Pourriez-vous, d’une liste, 
Me dire ce qu’il en est 
De tous ces juifs et autres complotistes 
Afin que je les puisse accuser  
De rechercher, grâce au virus, 
Une victoire à la Pyrrhus ? » 
L’autre bavard soudainement flatté 
Sa gueule ouvrant ainsi qu’à l’habitude 
Égrène alors comme un vieux rabougri 
La propagande hideuse à laquelle il souscrit. 
Se rengorgeant de cette turpitude 
Notre compère, heureux comme un pinson,
Reprit l’antienne à sa façon. 

Les extrêmes ainsi par leur similitude 
Dans la décrépitude et dans la boue pullulent 
Comme autant de virus infectant nos cellules.

Le virus et la panique

23 mars 2020 § Commentaires fermés sur Le virus et la panique § permalien

      

Aphrodite à la sandale courtisée par Pan accompagné d’Éros. Musée d’Athènes

 

     Lorsque j’entends le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, tel un moine du moyen-âge prêchant pour une croisade, dénoncer « Le Mal », évoquant le virus qu’il faut vaincre, je pense que nous avons encore du chemin à parcourir avant d’éradiquer la bêtise ou la superstition.Tout juste s’il n’ajouta pas, mains jointes et regard tourné vers le ciel,  » Sed libera nos a malo « . À moins que ce ne soit vouloir gouverner en infantilisant, au bâton, argumentum baculinum
     « Nous savons bien que la pathologie est plus la science des maux que la science du mal, qu’il y a des maladies et non la maladie. » écrivaient, dans leur préface de l’encyclopédie de la Pléiade consacrée à la médecine, Pierre de Graciansky et Henri Péquignot. La covid-19, quand bien même est-elle une maladie provoquée par un virus inconnu, mais de la famille connue des coranovirus, fait partie de l’ensemble et doit être traitée comme telle et non comme le mal absolu. 
     Sur les quelque quatre mille virus répertoriés parmi les centaines de milliers qui nous assaillent, plus d’une centaine sont pathogènes pour l’homme. Chaque instant nous en croisons et la rencontre peut être violente ou bénéfique. De nouveaux apparaissent, agressifs, contre lesquels l’organisme doit se défendre. La guerre, ce ne sont pas les sociétés qui la mènent, mais chaque individu, à chaque instant de sa vie afin de repousser au plus loin l’échéance, sachant que tout être, malgré tout, n’est qu’une charogne en instance tant bactéries et virus attendent leur heure. La société n’est là que pour apporter son aide ; une sorte de marchand d’armes doublé d’assistance sanitaire. Parfois, et il faut l’accepter, malgré tout, malgré les soins, nous sommes un temps impuissants, le corps abandonne, bat en retraite, est vaincu. Car nous ne sommes pas égaux en matière de génétique, de défenses immunitaires, de réaction aux traitements ou tout simplement de chance. Malheureusement. Quand bien même peu de personnes sont concernées eu égard à l’ensemble.
     Cette peur panique, sans doute irraisonnée, cependant légitime, qui s’empare des populations me fait penser à celle que provoquait le dieu Pan qui lui a donné son nom. 
     La mythologie Grecque, comme la Romaine d’ailleurs pratiquement identique, était fantaisiste, aussi facétieuse qu’un virus, à la différence des autres religions, dogmatiques, rigoureuses. Les Dieux, créés par Hésiode, Homère, Diodore, Apollodore et les autres poètes des époques successives, pouvaient avoir diverses origines selon l’humeur du moment. Parfois chez le même auteur. La naissance de Pan, comme le coronavirus, s’entourait de flou. Pan, qui fut un sacré gaillard, adoré du peuple pour être le premier des dieux rustiques, gardien des troupeaux, des pâturages et des bois, naquit selon les légendes, non pas sur un marché des amours bestiales d’une mortelle, mais soit de la rencontre d’Hermès avec la nymphe Dryope, soit de celle d’Hermès et de Pénélope, ou encore de cette même Pénélope qui, pour se venger de l’absence d’Ulysse, le conçut avec les prétendants. On dit aussi qu’il serait le fils de Zeus et de Callisto ou de Zeus et d’Hybris. 
     Quelle que fut sa mère, estomaquée par sa laideur avec sa tête de virus cornu et ses pieds fourchus, elle l’abandonna aux nymphes qui se chargèrent de son éducation. Dieu bon ou mauvais tour à tour, il personnifiait la nature, le grand tout comme son nom l’indique et que l’on retrouve dans pandémie.
     De Dyonisos le compagnon favori, Pan, le « chèvre-pied », mi-homme, mi-bouc, comme un virus sur les humains, bondissant de rocher en rocher, agile à courir ou encore à se tapir dans les buissons à l’affût des nymphes, des mortelles, des bergers, sautait sur tout ce qu’il croisait. Ses conquêtes furent nombreuses et indistinctes. De Séléné à Écho. Sa lubricité était légendaire. La belle Syrinx préféra quant à elle se changer en roseau plutôt que de subir ses avances. Pour se venger de la nymphe, il coupa sept de ces roseaux. On dit qu’un doux murmure s’éleva du buisson lorsqu’il tailla les tiges et les assembla pour en composer la flûte de Pan ou Syrinx. 
     Mais colérique souvent, le dieu effrayait quand il perturbait la tranquillité des champs. Accusé de tous les maux, notamment lorsque la maladie décimait les troupeaux ou l’épidémie les hommes. De mauvaise humeur, disait-on, il parcourait le monde créant la confusion, le désordre. Nulle prière, nul sacrifice humain ne l’apaisait. Il inspirait alors aux populations ainsi qu’aux animaux une peur que l’on nomma panique, provoquant des débandades le jour et des cauchemars la nuit. Chacun se terrant pour tenter d’échapper à sa virulence. Et personne pour l’arrêter. 
     Puis il se calmait de lui-même. Il suffisait d’attendre de meilleurs jours.

Coronavirus, parlons-en

15 mars 2020 § Commentaires fermés sur Coronavirus, parlons-en § permalien

       

Coronavirus COVID-19 Global Cases by the Center for Systems Science and Engineering (CSSE) at Johns Hopkins


     Parlons chiffres ce soir. Parce qu’il y a des décisions qui me surprennent, l’analyse des contaminations au coronavirus et les décès qu’il entraîne, laissant planer le doute sur leur pertinence. 
     En France nous avons au soir du 14 mars 4 511 malades répertoriés et 91 décès. Ramenés au nombre d’habitants, les pourcentages sont donc les suivants : 
– contaminés : 0,0067 % de la population (pourcentage en augmentation par rapport à celui d’hier de 0,0044 %) 
– décès : 2,02 % des contaminés (pourcentage en baisse par rapport à celui d’hier de 2,12 %). Soit 0,00014 % de la population  (98 % de guérison)
     Sur le plan mondial, les décès se montent à 5 065 pour 137 456 cas. Soit : 
– contaminés : 0,00196 % de la population mondiale 
– décès : 3,685 % des cas ou 0,000072 % de la population 
     Ce qui, convenons-en, n’est pas plus effrayant qu’une épidémie quelconque de grippe, de gastro-entérite ou de rougeole. D’autant que nombre d’individus porteurs asymptomatiques ne sont pas intégrés dans les statistiques ci-dessus, pour la bonne raison qu’ils ne savent pas qu’ils sont infectés. Ce qui modifierait les pourcentages, augmentant les contaminés mais baissant celui des décès. 
     Cela étant, des statisticiens ont prévu, pour la France, une fourchette de 300 000 à 500 000 morts à terme si aucune mesure n’est prise (modélisation de Neil Ferguson, épidémiologiste). Ce qui me paraît disproportionné eu égard à ce que l’on constate en Chine où l’épidémie semble régresser, si les chiffres sont correctement révélés, après une contamination à ce jour de 81 003 personnes et 3 203 décès pour une population de 1,5 milliard. 
     Il serait nécessaire que l’on m’expliquât ce différentiel qui ne laisse pas d’inquiéter ou de faire sourire selon le degré d’optimisme que l’on arbore puisque l’on sait que le virus incriminé n’a pratiquement pas muté, ou infiniment peu. À moins que les quarantaines sévères qui furent mises en place là-bas aient porté leur fruit. Auquel cas il convient de respecter les nôtres. 
     Lorsque j’entends le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, annoncer que les hôpitaux parisiens n’ont jamais été confrontés à un phénomène d’une telle ampleur je me dis que sa mémoire est défectueuse ou qu’il participe à l’effet de panique que les dirigeants du monde entier déclenchent par leurs gestions de crise. Résultat d’un engrenage dans lequel tout le monde se laisse prendre. La panique engendre des comportements erratiques. 
     Et je crois que si nous n’avions rien fait, peut-être que les chiffres que je citais plus haut n’eussent été guère différents à quelques cas près, et non dramatiques comme le laisse entendre l’oiseau de mauvais augure Neil Ferguson. Nous verrons dans quelques jours si mes propos sont confirmés ou infirmés par l’actualité. D’une manière générale les épidémies virales ont une vie en forme de courbe de Gauss ; ça monte, ça se stabilise, ça redescend (exactement comme celle de la Corée du Sud qui débute sa descente). L’immunisation s’opérant lorsque le nombre de contaminés résistants ne permet plus au virus de se propager, soit aux environs d’une moitié de population. D’ailleurs en laissant proliférer le virus sans doute serions-nous parvenu à ce stade plus rapidement sans avoir à subir les conséquences non seulement économiques, mais également sociétales que nous constatons et qui n’ont pas fini de générer des ondes de choc destructrices. 
     En tout cas nous sommes encore loin des grandes épidémies du siècle passé aux centaines de milliers de morts… uniquement entre les frontières de l’hexagone. Faisant preuve de cynisme, une centaine de morts actuellement ce n’est pas, en espérant que ça dure, une aubaine pour les sociétés de pompes funèbres dont les actions ne compenseront pas à la hausse les baisses boursières de ces derniers jours. 
     À propos des frontières et de cette manie inutile de vouloir les fermer, j’en reparlerai un autre jour, car pour l’instant je dois aller cadenasser le portail, ajouré, du jardin, pour éviter la contamination que mes voisins seraient susceptibles, badins qu’ils sont, de me transmettre. 
     Lavez-vous les mains et vous vous porterez bien.

Billet écrit le 14 mars. La France compte ce soir 15 mars 120 décès pour 5400 cas (eficiens) soit 2,2 % – ce qui reste stable et dénote toujours 98 % de guérisons.

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