Violents et violeurs

11 septembre 2019 § Commentaires fermés sur Violents et violeurs § permalien

Ajax violentant Cassandre dans le temple d’Athéna
Fresque de l’atrium de la maison de Ménandre, Pompéi
50-79 apr.JC
Musée national de Naples

   Démocrite affirmait que « Nombreux sont ceux qui commettent les pires forfaits, mais fournissent d’excellentes raisons. » 
   A priori je constate que rien n’a guère changé depuis deux mille cinq cents ans. 
   Il ajoutait, deux pensées plus loin, compilées par Stobée, que « C’est dans les actes et la conduite qu’il faut rechercher la vertu, et non en paroles. » 
   À relire régulièrement les philosophes grecs d’avant et après Socrate, on se demande pourquoi tant d’auteurs son venus ensuite pour n’apporter rien de plus. Car tout est dit, de Thalès, le premier philosophe, jusqu’à Marc Aurèle en passant par Platon, il n’y a qu’à puiser pour se fixer une conduite de vie. 
   Ce qu’un bon nombre de nos contemporains ne font et ne feront jamais. 
   Quand j’entends par exemple ces hommes violeurs ou violents, dont certains se posent en censeurs, théologiens et autres moralisateurs, s’embrouiller dans des palabres incertains allant jusqu’à la palinodie pour se justifier et affirmer la main sur le cœur que le revirement du jour n’est dû désormais qu’au souci de vérité, la crainte d’un jugement hâtif et forcément accusateur ayant précédemment développé en eux l’exigeant besoin de nier d’emblée toute faute, quand je les entends minimiser leurs forfaits la nausée me submerge et me révulse ; mais ils ne dupent qu’eux-mêmes. Quand, de plus, l’un d’entre eux ose citer plus de quatre vingt fois le nom d’une victime dans un livre qu’il fait paraître, répandant ses turpitudes en tartines indigestes, c’est en rajouter à l’ignominie, démontrer qu’aucune morale, aucune règle ne conduit la vie qu’il mène et prouver par là-même d’une quasi certitude les actes qui lui sont reprochés. 
   Il n’est pas nécessaire de nommer ces capons, doublement criminels en actes et en paroles, non par crainte – il ferait beau voir et d’ailleurs tout le monde les reconnaîtra – mais tout simplement parce que les sortir du néant qui leur convient serait trop grand honneur pour eux qui n’en ont pas. Ils feraient mieux d’avoir la décence de se taire, même après avoir purger leur peine, car ils ne sont que bassesse. Le véritable truand – et je me répète sans aucun doute – qui reconnaît ses crimes, les assume, est plus respectable que ces lâches qui frappent ou violent une femme puis se tortillent, gluantes anguilles, lorsqu’ils tentent, pris dans la nasse, d’échapper à la justice.

La mort au fond d’un ravin

20 août 2019 § 3 commentaires § permalien

Oswald Achenbach – Baie de Naples au clair de lune – 1886 – coll. privée


19 août  


       Le corps sans vie du jeune randonneur, Simon Gautier, vient d’être retrouvé après neuf jours de recherche en Italie. La famille estime que les secours n’ont pas été déclenchés suffisamment vite après son appel au secours alors qu’il était tombé dans un ravin, se brisant les jambes. Il est à noter que, puisque l’appel de son portable fut entendu, il pouvait être localisé en fonction du relais qui le capta pour le diffuser. En ce sens je conçois la réaction de sa famille. Les autorités italiennes ont beau nous affirmer que la région très escarpée, à 200 km au sud de Naples, ne facilite pas la géolocalisation par manque d’antennes, il me paraît assez invraisemblable que l’on n’ait pu circonscrire la zone des recherches à partir de l’antenne qui a borné. Il n’est qu’à constater, lors d’un procès d’assises, par exemple, la célérité et la précision avec lesquelles les enquêteurs déterminent les lieux où un criminel fut présent pour se convaincre que les secours italiens ont fait preuve d’attentisme. Puisque appel il y eut, c’est qu’une antenne a borné. Il fallait tout de suite savoir laquelle et à partir de là diligenter les recherches au lieu d’attendre plusieurs heures avant de les entreprendre. 
     Je lis par ailleurs que les opérateurs téléphoniques ne transmettent les coordonnées de localisation qu’après de longues procédures. À qui fera-t-on croire qu’en cas d’urgence aucun moyen n’existe pour les contraindre à communiquer ces précisions ? Ou veut-on reporter sur d’autres la responsabilité du déroulement de ce drame ?  
       Il y a en Italie, actuellement, une plus grande promptitude à dire des messes, tant religieuses que populistes, ou à interdire d’aborder quelques migrants, qu’à sauver des vies. 
       Je ne sais quand et comment est mort Simon Gautier ; au-delà de cette issue funeste, j’imagine la souffrance endurée par ce jeune homme dans l’attente vaine de secours. Sa solitude, son angoisse, sa peur, son agonie, même si celle-ci fut brève comme le suggère le médecin légiste après les premiers examens. 
     Cela étant, concernant ce drame, ce ne sont que suppositions que j’échafaude à partir des seules informations diffusées. Tant d’autres aléas ayant pu contrarier non seulement le sauvetage, mais également la position initiale du blessé. 
   Nous sommes toujours prompts à juger tant parfois l’incompréhension nous émeut. Précisément, cette incompréhension ne devrait-elle pas brider notre esprit critique ? Il n’est pas inutile toutefois de se souvenir de ce qu’Alain pensait du doute dont il disait qu’il n’était pas au-dessous du savoir, mais au-dessus. 
      Lorsque l’incrédulité nous assaille il est alors essentiel de raisonnablement douter afin d’obtenir des réponses nouvelles et précises.

Greta Thunberg part en voyage

15 août 2019 § Commentaires fermés sur Greta Thunberg part en voyage § permalien

Copie du tweet supprimé depuis les invectives




     Il devient difficile de s’exprimer librement sans qu’aussitôt une meute se lance dans l’invective à votre égard si vous n’avez pas l’heur de lui complaire. 
     L’information circule aujourd’hui à la vitesse de la lumière et pourtant nombreux sont ceux qui ne prennent nullement la peine de se renseigner avant de porter un jugement définitif, comminatoire et pour tout dire digne d’un Savonarole ou d’un Saint-Just. 
     Je lisais tout à l’heure les réactions incendiaires au tweet d’une collaboratrice du ministre de l’agriculture qui, faisant preuve d’humour lors de son départ en vacances, moqua la jeune suédoise Greta Thunberg qui préfère le bateau à voile pour traverser l’océan plutôt que l’avion, non à cause de ses origines Viking, mais au prétexte que ce dernier pollue. Et le bateau de course sur lequel elle va naviguer, de quoi est-il fait ? Coque en carbone assurément (dérivé acrylique issu du pétrole) ! Et le moteur obligatoire ? Fonctionne au fuel ! Et les instruments, les cordages, les voiles, les mâts, les panneaux solaires ? Pas fabriqués manuellement que je sache et avec du vent… Soyons sérieux, rien n’est totalement écologique. Quel que soit le moyen de transport, il y a ou il y a eu émission de carbone. 
     L’une et l’autre sont donc identiquement coupables, puisque la saison est désormais à la culpabilité. Car, si le charme désuet du bateau à voile vaut autant celui plus moderne de l’aéroplane, même si les paysages qu’on a le temps d’admirer défilent avec la même apparente vitesse et paraissent tout autant monotones vus d’en haut ou au ras des vagues, leurs émissions de CO2 sont comparables. 
     Quant à alimenter la rumeur polluante, en revanche, l’une a tout faux car il suffit de savoir que l’air est composé à 78 % d’azote, 21 % de dioxygène et 1 % d’autres gaz dont 0,04 % de CO2. De ce dernier taux, qui reste pratiquement constant depuis des lustres, l’humain y contribue à hauteur de 4 %, soit 0,0016 % de son total, c’est-à-dire une broutille, que dalle, pas même une roupie de sansonnet, une clopinette. Le principal gaz à effet de serre étant la vapeur d’eau, indispensable par ailleurs pour tempérer la planète. Et pour conclure ce cours de mathématiques à usage des classes primaires que Greta Thunberg peut réviser, voire apprendre, lors de sa traversée, finissons-en une bonne fois pour toute avec l’affirmation qui voudrait que le CO2 soit un poison et un polluant. Au risque de déplaire, il n’est ni l’un ni l’autre, mais l’une des molécules les plus importantes et tout à fait indispensable à la vie, non seulement des plantes, mais de l’humain qui meurt lorsque sa concentration est inférieure à 400 ppm dans ses poumons lors de la respiration. 
     Rien toutefois ne vous oblige à le croire et continuer à faire en sorte de remettre en service le char à bœufs pour voyager. Non seulement vous pourrez cueillir des marguerites sans ralentir le mouvement, les effeuiller en lutinant, mais faire également quelques exercices corporels et haletants pour nourrir vos bronches de ce gaz tant décrié avant de rejoindre l’attelage. À supposer, tout d’abord que vous n’envisagerez pas de traverser l’océan, les bovins n’y étant pas entraînés, ensuite que les bœufs ne déféqueront pas, ne rumineront ni ne boiront, parce que tout cela, aux regards de nos nouveaux Don Quichotte, est éminemment déconseillé. 
     Alors bon vent à Greta Thunberg sur sa coque carbonée et bonnes vacances à Béatrice Frecenon ainsi qu’à tous ceux qui vont et viennent d’une manière ou d’une autre.

Migrants

9 août 2019 § Commentaires fermés sur Migrants § permalien

Une embarcation de migrants qui attendent d’être sauvés par l’Aquarius, le bateau de l’ONG SOS méditerranée. – Angelos Tzortzinis / AFP
Capture image et texte sur BFM TV


     J’ai écrit le petit texte ci-dessous dans mon journal il y a trois jours. Aujourd’hui ce même Salvini, après avoir dévoré ses alliés, provoque la pagaille dans son pays et la colère du premier ministre en réclamant des élections anticipées, sûr qu’il est d’obtenir la majorité absolu, imposer ainsi ses idées de nazillon et pourquoi pas réclamer ensuite le poste de chef de gouvernement. Ou comment légalement s’approprier le pouvoir. Scénario connu. Avec tout de même un bémol aujourd’hui, l’Europe qui peut tempérer l’ardeur du fasciste.
     6 août 
      Le fascisme a toujours fait peu de cas des sentiments, de la morale ou plus simplement de la vie en général, surtout lorsqu’il s’agit d’éradiquer ses opposants ou de plaire à la populace. L’Italie, cet état de l’Union en se prostituant avec Mussolini qui développa cette idéologie politique – dont on pense que la révolution française sema les prémices lors de sa période de jacobinisme intolérant – fut avec Hitler la complice d’une des plus grandes tueries que les hommes ont connues, l’Italie donc se reconnaît aujourd’hui dans ce nouvel assassin : Mattéo Salvini au discours proche des dictateurs d’hier. Et cet individu, qu’on devrait juger pour non assistance à personnes en danger et emprisonner à vie, remercia la Vierge pour avoir obtenu gain de cause auprès de sénateurs qui, tels les ovins de Panurge, votèrent hier des mesures replongeant leur région dans son errance du siècle passé. 
     Assassin, oui, car, tout faire pour que des hommes, des femmes, des enfants ne soient pas, de leurs barques à la dérive, rapatrier sur le sol italien au faux prétexte qu’ils l’envahissent, c’est les condamner à une mort certaine. Tout faire pour empêcher que s’opère la solidarité de la mer est un crime que seul un tortionnaire peut imaginer. Agir en sorte que ceux qui oseraient porter secours aux migrants soient condamnés à de lourdes peines, est une insulte au seul nom d’homme. 
     D’ailleurs Salvini ne mérite pas le nom d’homme, c’est une crapule.
     Ainsi débutent les dictatures, que les masses applaudissent, par le rejet et l’assassinat des minorités. Car, comme le disait Pindare, le grand nombre des hommes a le cœur aveugle.
     Il ne faudrait pas que la France s’engageât sur ce chemin de honte.

Chemin

Vous regardez dans Société la catégorie Le Plumier.