Bruno Le Maire, déguisé en électricien, n’est pas favorable à un gel du tarif de l’électricité, « trop coûteux pour les finances publiques. » Il en discutera avec Emmanuel Macron et le Premier ministre pour décider du taux de l’augmentation à appliquer.
Les usagers (déguisés en consommateurs) ne sont pas favorables à une augmentation de l’électricité, « trop coûteux pour les finances domestiques. » Ils en ont discuté avec eux-mêmes pour décider qu’une augmentation est inutile, puisque son coût de production est le plus bas d’Europe (voire mondial, en concurrence avec la Chine) malgré les aléas climatiques et guerriers de ces derniers temps.
Lors de sa conférence de presse, que je n’ai pas regardée hier soir, et dont je n’évoquerai qu’un seul sujet dont il semble, selon les commentateurs patentés (globalement dubitatifs concernant son autosatisfaction), qu’il ne fut évoqué par E. Macron qu’accessoirement comme étant une bonne nouvelle, le prix de l’énergie en France revenant vers la norme (quelle norme ?), légèrement inférieur à celui de nos voisins (quand c’est l’inverse, comme sur le carburant, l’alcool ou le tabac par exemple, la comparaison n’est plus pertinente). Il laisse à son nouveau Premier ministre le soin d’en annoncer l’ampleur.
Mais comme la dite augmentation est la conséquence d’une contribution servant à financer les charges du service public (ce qui veut tout et ne rien dire), je crois le phénomène cousu de fil blanc. On crée une taxe. Puis on la supprime un laps de temps. Arguant ensuite du manque à gagner, on la rétablit. Or la création de cette taxe était inutile, compensée par la TVA supplémentaire (voir graphique ci-dessus) sur le produit puisque le prix de vente de la seule fourniture a augmenté, ces deux dernières années, de l’ordre de 30 % (à noter que la TVA est due également sur la contribution citée plus haut, soit une taxe sur la taxe). Il est dès lors loisible d’instituer des taxes sur tout et n’importe quoi (comme sur les portes et fenêtres de 1789 à 1926) et s’exclamer ensuite que le manque à gagner serait trop important si d’aventure on les supprimait.
Anecdote vécue l’autre jour. En promenant le chien sur la petite route qui va vers la maison, je rencontrai un voisin avec lequel nous discutâmes quelques minutes. Après les banalités d’usage, alors qu’une voiture arrivait à vive allure et que j’appelais mon chien baguenaudant sur le macadam afin qu’il ne se fît pas estropier par le chauffard, nous rasant sans ralentir, mon voisin s’indigna et vitupéra, lançant très à propos que l’énergumène ne roulait pas avec une bagnole électrique au mugissement rageur du moteur. Un de ses amis en avait acheté une, silencieuse au possible, mais il l’avait revendue dare-dare en regardant son compteur tourner lors des recharges. Pas étonnant ! D’autant que tout est électrique maintenant, du sèche-cheveux à l’ordinateur, du presse-agrume au lave-linge ou encore du robot ménager à la table de cuisson. Et j’en passe!
Et je n’évoque pas le chauffage ou l’eau chaude que certains coupent par peur d’une facture impossible à régler et non par souci d’économiser l’énergie (cette imbécillité redite par des insensés chauffés dans leur logement de fonction, selon quoi « l’énergie la moins chère et la moins polluante est celle qu’on ne consomme pas »!). C’est comme les paroles, les moins imbéciles sont celles qu’on ne dit pas. De là à se taire… Il y a un seuil en deçà duquel moins consommer n’est plus possible. Je crois qu’il est atteint pour beaucoup de nos concitoyens. Alors que tous les prix s’envolent pendant que les revenus (salaires, émoluments ou pensions) font la planche, à tenir ce discours de Jocrisse, la première salve d’avertissement sera donnée malheureusement bientôt. Elle sera aussi catastrophique qu’une émeute de gilets jaunes, sans être sanglante. En juin les européennes verront l’élection d’une majorité de fascistes et de populistes en Europe, avant 2027 en France où une Marine Le Pen, adoratrice de Poutine (qu’elle a rencontré, mais il aime rencontrer n’importe qui pourvu qu’il, ou elle, soit de son avis) et Trump (qui n’a pas daigné la voir lors de son pied de grue en bas du Trump Tower) dynamisée par le mécontentement ambiant a de forte chance d’être élue première femme Présidente de la République française. Un cauchemar.
Car l’immigration est plus un prétexte qu’une réalité (le vote RN est essentiellement important là où il ne se passe jamais rien, en milieu rural, loin des métropoles, loin des immigrés), le souci étant la vie de tous les jours. La population n’en peut plus.
Si c’est ce qu’ils souhaitent, que ce gouvernement continue ainsi, satisfait de son impéritie.
13 novembre 2023 § Commentaires fermés sur Meurice, épisode 2. Le Lanternier § permalien
Lanterne
Il y a une vieille expression connue jadis de François Villon, « Rendre vessies pour lanternes ».
C’est ce que tente Meurice qui proclame, benoîtement, regretter d’avoir traité un fasciste de nazi. Il aimerait nous faire croire qu’il s’est grossièrement trompé.
Tout d’abord le parti nazi était apparenté à la famille politique du fascisme. L’une ou l’autre acception, c’est du pareil au même.
Donc sa pseudo excuse est irrecevable.
Ce qu’il a véritablement voulu dire, volens nolens, en traitant Netanyahou de nazi sans prépuce, a bien une connotation antisémite et non politique. Car les mots ont un sens, y compris et surtout sous forme de boutade.
Il avait déjà fait preuve d’ignorance, comme démontré précédemment ; aujourd’hui il récidive. C’est donc un bonimenteur qui voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Car l’acception lanterne, qui dans l’expression susdite ne remonte qu’au XIXe siècle, exprimait à son origine l’idée de baliverne, d’absurdité. « Vendre vessie pour lanterne », est une locution de 1174 environ. Les deux termes, qui dans l’absolu ont une image ressemblante, expriment métaphoriquement accouplés, l’idée de vendre du vent et non la confusion des objets*. Un lanternier était un raconteur de balivernes, ou diseur de fadaises pour vendre ses lanternes. La vessie, peau de porc gonflée d’air, donc de vent, et la lanterne, boniment. Ce n’est donc pas, comme on l’utilise de nos jours, se tromper grossièrement, croire que la vessie ressemble à une lanterne, c’est-à-dire altérée de sa signification originelle de duper son monde.
Meurice est donc un bonimenteur qui, s’apercevant de l’imbécillité dont il a fait preuve et craignant pour la suite de sa carrière, tente, par une entourloupette, de nous embobiner ; de nous mystifier.
La prochaine fois qu’il voudra faire un bon mot pour doper son auditoire, il aura tout intérêt à plonger dans une encyclopédie ou un dictionnaire, s’il en sait le sens, pour apprendre à lire et éviter de se noyer dans ses pasquinades. Car à revendiquer l’outrance on tombe dans le vulgaire.
Cela étant dit, rien ne justifie les menaces reçues par l’humoriste, non plus que la diffusion de l’émission dernière sans public. Il doit être encore possible, en France, de s’exprimer sans craindre la violence d’ultras crétins, autre que celle d’une critique raisonnable et fondée.
*P. Guiraud, « Les Locutions françaises » P. 86 (books.google.fr/)
17 décembre 2019 § Commentaires fermés sur L’âge pivot, une sottise § permalien
17 décembre Si pour les chrétiens la Pentecôte est la descente, l’effusion, le souffle de l’Esprit Saint décoiffant les apôtres, la nomination d’un ministre est très loin d’en être l’équivalent pour une équipe gouvernementale plus préoccupée de jactance prêtant à rire ou à déprimer, que par la diffusion de la bonne parole. La date pivot suggérée par le premier d’icelle est une sottise de plus à mettre à l’actif de ces politiques qui n’en sont pas à quelques gourdes près, amateurs s’il en est dans leur comportement. Si avant-hier je déclarai que cet âge pivot de 64 ans (1) pour un départ à taux plein ne s’appliquerait qu’à ceux nés après 1975, je fis erreur, puisqu’une lecture plus attentive des mesures envisagées, démontre que cette date concernerait également de manière progressive ceux nés à partir de 1960. Mea culpa, mea maxima culpa, pour rester dans la phraséologie chrétienne, bien que je suggérai d’en discuter. Mais peu importe. Fixer un âge pivot en matière de retraite à points est une ineptie. Pour plusieurs raisons. La première, alors que ce pivot butoir serait prétendument institué afin d’équilibrer les comptes, est que les boomers – comme les appellent dédaigneusement de jeunes crétins qui, vais-je leur apprendre, n’existeraient pas sans eux – arrivent à péremption et disparaissent progressivement les uns après les autres. Par ce seul fait les comptes seront d’aplomb naturellement, apurés et sans doute excédentaires. La natalité baissant étant compensée par l’apport de l’immigration. La seconde est que cotiser par points permet de savoir exactement ce à quoi donne droit, à date donnée, les versements effectués. Or, si le fait de cotiser plus longtemps permet d’augmenter sa pension, nul doute que beaucoup seront tenter de poursuivre leur carrière, différer une mise au rebut parfois mal vécue. La pénibilité étant toujours prise en compte avec l’âge légal de 62 ans intangible – et pourquoi pas revenir à 60 ans grâce à la négociation ? – tout comme la valeur du point, ces deux marqueurs de justice inscrits dans la constitution. D’autant que, et il s’agit-là de la troisième raison, malgré une éventualité de perte d’emploi, donc de chômage, due au manque de savoir-vivre du patronat, tous les jobs, petits boulots – travail effectué pour survivre, si déclaré – seront soumis à versement de points. N’oublions pas qu’actuellement une majorité de retraités – et parmi celle-ci ceux-là même qui s’arrêtent pour cause de fatigue – recherche et trouve des emplois d’après retraite, rémunérés sous condition, pour lesquels chacun cotise… bénévolement, quand ces emplois ne sont pas au noir, puisque ces cotisation ne rapportent rien, toute retraite liquidée devenant définitive et intangible, au contraire de l’affirmation désinvolte de la porte-parole du gouvernement. Il y a sans doute d’autres détails qui m’échappent et ne nie pas que ce système peut désavantager dans un premier temps les quelques nantis du service public. Mais à terme tous ces avantages disparaîtront car devenant insupportables à la collectivité, intolérables, impensables aux esprits épris de justice. Ou seront légitimement compensés par la négociation pour les professions qui perdent trop eu égard à l’existant. L’évolution d’une société passe par une vision claire de l’avenir et non par l’inconséquence de l’amateurisme des gouvernants.
(1) Addenda : L’âge pivot est une véritable escroquerie dans la mesure où il pénalisera ceux qui ont atteint, avant 64 ans, leur nombre de trimestres cotisés puisqu’ils subiront une décote définitive de 5 % par année anticipée de départ malgré l’âge légal de 62 ans, qui devient de facto une vue de l’esprit. Si j’ai bien compris, car, comme l’affirmait Boileau, » Selon que notre idée est plus ou moins obscure, l’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. « Mais nous sommes loin d’un art poétique quelconque dans ces négociations sociétales.
15 décembre 2019 § Commentaires fermés sur Avantages de la retraite à points § permalien
15 décembre Noël approche et les grévistes acharnés à s’opposer à la réforme des retraites menacent de poursuivre le mouvement, faisant craindre l’impossibilité pour beaucoup de se réunir en famille ou de partir en vacances. Dans la lutte des classes le Père Noël n’existe pas, et on se moque bien du P’tit Jésus. Que reproche-t-on d’ailleurs à cette réforme ? Pour les uns, majoritairement du secteur public, la perte d’avantages, qu’ils ne perdront pas puisque ne s’appliquant qu’aux nouveaux venus, pour d’autres le report d’un départ après 64 ans, qu’une majorité ne subira pas puisque uniquement à l’usage de ceux nés à partir de 1975. Or il est amusant de constater que les seuls qui devraient manifester leur mécontentement, ceux qui précisément bénéficieront des avantages de la retraite à points, les salariés du privé, ne disent rien ou pas grand-chose. À croire qu’ils en ont compris les bienfaits, à la différence des réactionnaires syndicaux qui prétextent sa mise en pratique pour montrer qu’ils existent toujours. Prenons un exemple. Je suis à la retraite. Je l’ai prise à 61 ans. Il était inutile que je continuasse à travailler ou pointer au chômage, je n’aurais rien gagné de plus à l’époque. Ma pension se divise en trois versements. L’un émanant de la CARSAT (régime général de la SS) et deux autres de l’AGIRC et de l’ARCCO (régimes complémentaires). Heureusement que pour ces deux derniers, dont les règles n’ont pas été modifiées, mes employeurs et moi-même avons cotisé sous forme de points, car en ce qui concerne le premier organisme, les cotisations versées, qui l’ont été toujours en fonction d’un salaire nettement supérieur au plafond annuel de la Sécurité Sociale, ne m’ont pas permis de bénéficier de l’intégralité des 50 % du salaire prévu par cette dernière institution. Grâce à Balladur qui modifia les paramètres en 1993. Une revalorisation systématique des salaires des meilleures années fut instaurée, réévaluation indexée sur l’inflation et non pas sur le salaire moyen de l’économie, avec pour conséquence une baisse d’un bon tiers de la retraite du régime général. Ce qui signifie un manque à gagner assez conséquent. Avec ce système toujours en vigueur, malgré un ralentissement de l’inflation, c’est la certitude pour tous les salariés du secteur privé de ne bénéficier que d’une pension réévaluée qui, même à taux plein, ne correspondra jamais à la moitié du salaire plafond du régime général. Le conseiller que j’avais rencontré à l’époque, qui s’offusqua de m’entendre dire qu’il s’agissait d’une belle escroquerie, me précisa qu’il était excessivement rare de verser une pension à taux plein correspondant à la moitié du salaire annuel du régime général. Tellement rare d’ailleurs qu’il n’avait pas eu encore l’occasion d’en calculer. Une retraite par points obvie à cet inconvénient. À la seule condition de connaître la valeur du point qui doit, au minimum, compenser ad valorem les organismes payeurs actuels. Entre autres avantages, car il en est de non négligeables, celui d’accumuler des points, quel que soit l’employeur, public ou privé, et quel que soit le temps accompli à travailler, même une journée ou quelques heures, par exemple, ou encore une meilleure pension de réversion, la pénibilité mieux prise en compte, ou encore les avantages accordés dès le premier enfant … Quant à la date pivot, si je conçois que ce ne fut pas une excellente idée de l’intégrer au système, tout reste à faire au niveau des négociations pour la modifier, voire repousser son entrée en vigueur à plus tard. Plus que manifester et réclamer le retrait du projet, les syndicats devraient donc s’atteler à discuter la valeur du point et son intangibilité et non engager une lutte d’arrière-garde, qui ne conduira qu’à mécontenter la majorité des salariés qui sont aussi les usagers exaspérés par une minorité obtuse car accrochée à des prérogatives d’un âge révolu. Il est grand temps d’évoluer.
Lu ce matin dans l’ouvrage de L. Meschinet de Richemond, archiviste de la Charente Inférieure, ainsi nommée jusqu’en 1941, datant de 1906 retraçant la vie des marins rochelais, réédité en 1983 par les éditions Rumeur des Âges, au chapitre concernant Jean Guiton, marin hors pair avant d’être le maire obstiné et résistant, que la population de La Rochelle, avant le siège de 1627-1628 organisé par Louis xiii et Richelieu pour soumettre les huguenots, avoisinait celle de Bordeaux ou Marseille. Après la reddition des rochelais sur les quelque 28 000 habitants, 23 000 étaient morts de faim. C’est dire si l’on faisait peu de cas, comme toujours, des êtres humains. C’est dire aussi si l’entêtement est parfois préjudiciable au bien commun.