L’élu désormais candidat, avatar de la cinquième, s’exprimant dans l’émission de télé dirigée par Pujadas, « Des paroles et des actes » du 6 mars, au moment de la conclusion, répondit à F.O. Giesberg, lequel a un regard qui me rappelle, au passage, celui de Jean Cau*, qu’il n’avait aucun problème de personne avec Hollande et Bayrou, ajoutant qu’une campagne présidentielle était un échange d’arguments. On peut visionner ce grand moment de duplicité sur différents sites de vidéos**.
Mais on peut surtout se demander lesquels, d’arguments à échanger, sont envisagés par le controuveur quand on l’écoute claironner le plus clair de ses harangues, face aux partisans qui l’applaudissent, des insultes envers son adversaire principal, Hollande, sans apporter une once de démonstration, de preuve, à ce qu’il lui reproche.
Traiter son adversaire de menteur, d’ennemi de la France, de cynique, voire sous-entendu de traître en l’accusant » d’abandon du champ de bataille républicain « , c’est à la portée du premier avorton qui pleurniche sous le préau de la cour de récréation après que ses camarades de la grande section l’ont convaincu de son inutilité de jouer avec eux.
Il les insulte mais ne les convainc pas de le reprendre dans leurs jeux, justifiant le moment où l’un des autres finira par lui mettre une taloche pour qu’il cesse de glapir.
Si l’on en croit Démocrite pour qui la parole était l’ombre de l’acte***, celle de Sarkozy, eu égard à son langage outrancier, ses outrages, n’est pas de nature à rassurer.
Sarkozy insulte donc son rival pour la plus grande joie de ceux qui l’écoutent en se laissant prendre au piège, à l’imposture, ainsi que des mouches**** qu’attire un papier tue-mouche.
Le papier tue-mouche est cette espèce de spirale en papier qu’on accroche au plafond pour attraper les mouches. Parfaitement vulgaire et peu hygiénique, mais redoutablement efficace. On voit fleurir ces guirlandes gluantes, très rapidement noires d’adhérents, à l’époque où les jacinthes s’épanouissent. C’est à dire au printemps. Les mouches, qui ne se préoccupent pas de la composition de la glu qui va les scotcher, pour leur plus grande infortune, se laissant aller dans un vagabondage aléatoire, s’y posent puis meurent de ne pouvoir s’échapper.
Il pend et attend que ses proies viennent à lui. S’il avait des bras, le papier gluant les étendrait en signe de bienvenue à la drosophile, la mouche verte, la dorée, le moucheron ou autres représentantes du genre musca, à l’identique du tribun mimant de serrer dans les siens la foule qui bat des mains, comme les diptères, des ailes.
Ensuite elles bourdonnent, se débattent, s’escriment, ne sachant pas ce qui leur arrive. Il est trop tard. Les proies sont perdues.
Sarkozy est un papier tue-mouche. Au sens figuré, bien sûr, car on ne le vit jamais englué, si ce n’est dans ses propres fabulations. Il n’a besoin d’aucun argument pour mystifier son auditoire. Il suffit de médire, de controuver, comme le papier de coller.
L’essentiel est obtenu, l’adhésion.
Ce qui m’étonne, c’est le nombre sans cesse renouvelé de prétendant à la glu malgré le mirage de la spirale gluante.
Car enfin, si les mouches n’ont pas le souvenir de la supercherie, les hommes ont une mémoire.
A croire qu’ils se complaisent dans la vulgarité.
*Mohamed Ali face à Jean Cau. Emission «Apostrophes»du 5 mars 1976
** Vidéo non répertoriée lien Rue 89 : Ici
*** Rapporté par Plutarque dans «De l’éducation des enfants» : «La parole, comme disait Démocrite, est l’ombre de l’acte»
**** Tout sur les mouches
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Laissez brûler les p’tits papiers…