Il y a une vieille expression connue jadis de François Villon, « Rendre vessies pour lanternes ».
C’est ce que tente Meurice qui proclame, benoîtement, regretter d’avoir traité un fasciste de nazi. Il aimerait nous faire croire qu’il s’est grossièrement trompé.
Tout d’abord le parti nazi était apparenté à la famille politique du fascisme. L’une ou l’autre acception, c’est du pareil au même.
Donc sa pseudo excuse est irrecevable.
Ce qu’il a véritablement voulu dire, volens nolens, en traitant Netanyahou de nazi sans prépuce, a bien une connotation antisémite et non politique. Car les mots ont un sens, y compris et surtout sous forme de boutade.
Il avait déjà fait preuve d’ignorance, comme démontré précédemment ; aujourd’hui il récidive. C’est donc un bonimenteur qui voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Car l’acception lanterne, qui dans l’expression susdite ne remonte qu’au XIXe siècle, exprimait à son origine l’idée de baliverne, d’absurdité. « Vendre vessie pour lanterne », est une locution de 1174 environ. Les deux termes, qui dans l’absolu ont une image ressemblante, expriment métaphoriquement accouplés, l’idée de vendre du vent et non la confusion des objets*. Un lanternier était un raconteur de balivernes, ou diseur de fadaises pour vendre ses lanternes. La vessie, peau de porc gonflée d’air, donc de vent, et la lanterne, boniment. Ce n’est donc pas, comme on l’utilise de nos jours, se tromper grossièrement, croire que la vessie ressemble à une lanterne, c’est-à-dire altérée de sa signification originelle de duper son monde.
Meurice est donc un bonimenteur qui, s’apercevant de l’imbécillité dont il a fait preuve et craignant pour la suite de sa carrière, tente, par une entourloupette, de nous embobiner ; de nous mystifier.
La prochaine fois qu’il voudra faire un bon mot pour doper son auditoire, il aura tout intérêt à plonger dans une encyclopédie ou un dictionnaire, s’il en sait le sens, pour apprendre à lire et éviter de se noyer dans ses pasquinades. Car à revendiquer l’outrance on tombe dans le vulgaire.
Cela étant dit, rien ne justifie les menaces reçues par l’humoriste, non plus que la diffusion de l’émission dernière sans public. Il doit être encore possible, en France, de s’exprimer sans craindre la violence d’ultras crétins, autre que celle d’une critique raisonnable et fondée.
*P. Guiraud, « Les Locutions françaises » P. 86 (books.google.fr/)