
Il y a des évènements qu’on ne peut oublier.
Mais comment une idée aussi saugrenue a-t-elle pu germer dans l’esprit de Macron ? D’autant que Verdun ne fut pas une victoire éclatante, victoire due au général Nivelle et aux poilus plus qu’au seul Pétain à qui l’on veut rendre hommage le 11 novembre prochain.
Après l’avoir défendu en mai 1918 pour éviter son limogeage réclamé par la chambre, Clémenceau, la guerre terminée, n’apprécia guère Pétain qu’il jugeait » sans idée, sans cœur, sans cran, plus administrateur que chef, sans imagination et sans fougue[1] « .
Déjà le 26 mars de cette même année 1918, Clémenceau confiait à Poincaré que » Pétain est agaçant à cause de son pessimisme. Imaginez-vous qu’il m’a dit…/… « les Allemands battront les Anglais en rase campagne ; après quoi ils nous battront aussi » Un général devrait-il parler et même penser ainsi ?[2] « .
C’est donc à cet homme qui n’aurait rien été sans Clémenceau et Foch et qui, seul à décider, aurait peut-être capitulé devant l’ennemi que Macron, par son chef d’état-major, s’apprête à rendre hommage.
Quant à la phrase de de Gaulle sur Pétain selon quoi » sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie « , rapportée par Griveaux, perroquet gouvernemental, est à mettre en perspective avec le fait que les deux hommes s’étaient connus et estimés très tôt, l’un colonel en semi retraite et l’autre jeune lieutenant qui rejoint le régiment du premier cantonné à Arras où il pantoufle.
Phrase qui peut s’expliquer également par un second épisode les rapprochant encore lorsqu’en 1920 de Gaulle devient le nègre de Pétain qui aspire à l’Académie française.
Alors il faut aussi rappeler le jugement de ce même de Gaulle qui résumait ainsi la compromission de Pétain avec l’ordre nazi : » Quand on va de Bordeaux à Vichy, on va nécessairement de Vichy à Montoire et de Montoire à Siegmaringen[3] « .
D’ailleurs jamais de Gaulle, après l’avoir finalement gracié de sa condamnation à mort, n’honora le prisonnier de l’Île d’Yeux.
Non, Pétain ne fut pas un si grand homme que cela, et quand bien même l’eût-il été antérieurement, son aveugle collaboration avec les nazis l’empêche à jamais d’être respectable.
Il n’y a que les fascistes à lui rendre régulièrement les honneurs.
Et Macron désormais.
[1]G. Wormser – Clémenceau vu de près – Hachette Littérature-p. 215-216
[2]M.Winock – Clémenceau – Perrin-p. 434
[3]F. Salat-Baroux – De Gaulle-Pétain – Robert Laffont