Cahuzac

8 avril 2013 Commentaires fermés sur Cahuzac

Je n’ajouterai pas ma voix de soliste au concert des ténors de la politique ou de la presse qui jappent comme des chiots autour d’un os à ronger. Cahuzac a menti et lui seul en est responsable, inutile de chercher plus loin, tenter de récupérer un acte personnel pour le transformer en affaire d’État et faire oublier ses propres mensonges, multiples et récurrents mais plus subtils que celui de l’ancien ministre. L’opportunisme les guidant plus que la sincérité, les conseils qu’ils prodiguent sous forme d’injonctions, alors qu’on ne leur demande rien, ne cherchent qu’à déstabiliser le gouvernement actuel pour tenter reprendre le pouvoir. Une espèce de putsch à l’ancienne dont on peut noter l’orchestration dans la virulence des propos et des manifestations qui s’enchaînent, que ce soit à l’égard des projets de loi ou des critiques sur les institutions, telle celle de la justice. Démocrates, ils ne semblent l’être que lorsqu’ils détiennent le pouvoir. On peut les laisser rêver, tout comme croire qu’émergera un jour une société immaculée.

Que Mélenchon, qui n’a certainement rien à se reprocher dans sa carrière d’élu où il pantoufle depuis de longues années, n’ayant pour seul titre de gloire que sa propension aux bons mots et dont le dernier frise dangereusement avec une phraséologie épurative, réclame un grand coup de balai, une purification de l’atmosphère politique et appelle à manifester en ce sens, rien de plus normal, l’histrion se prend pour un désodorisant mais lui-même pue le populisme. Mais qui peut croire en une telle démagogie?

Quant à ceux de droite, je les renvoie à leurs casseroles dont le tintamarre s’est tu momentanément grâce à la pause mensongère.

Mais je voudrais dire un mot sur le journaliste à la moustache dictatoriale slave et au sourire mielleux. En rien je ne reprocherai à la gazette de Plenel d’avoir dévoilé une fraude, après tout on peut considérer la délation comme étant d’utilité publique, on le vécut lors d’une autre époque et tout bon agent du fisc, ces flics du fric primés au rendement, peut en être friand pour mener à bien sa quête de chaque jour. Je crois toutefois qu’il faudrait autant d’inspecteurs des impôts qu’il y a de contribuables tant, chacun à sa mesure, il est tentant de grappiller à droite ou à gauche. Les exemples sont innombrables, chacun ayant au moins une histoire à rapporter à l’heure de l’apéro pour l’édification des esprits dubitatifs et aveugles sur leur propre écart de conduite. L’impôt, à titre individuel, bien que nécessaire, est toujours un sujet polémique qui vous déclenche une crise d’urticaire. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, frauder sur cinq euros est au sens de Bercy aussi méprisable et condamnable que sur des millions, voire plus pour quelques richissimes affairistes dont savent profiter les amoureux des urnes. La politique et l’argent ont toujours fait bon ménage malgré quelques crises épisodiques de jalousie. L’essentiel étant la discrétion lorsque les amants sulfureux se raccordent autour d’un pot de vin. Le cynisme étant de mise, je mets au défi quiconque de trouver un seul gouvernement, ou aspirant à gouverner, dans quelque nation que ce soit, malgré des déclarations à usage du crédule, n’œuvrant pas dans l’ombre avec des finances occultes pour conserver ou gagner le pouvoir, les moyens à mettre en œuvre pour se faire entendre étant incompatibles avec les recettes. On pourra instituer toutes les régies de contrôle que l’on souhaite, il existera des astuces pour les duper.

Ce que je veux dire ainsi n’est bien sûr pas pour absoudre la tricherie fiscale de Cahuzac, encore moins ses mensonges réitérés face à ceux qui lui accordaient une confiance aveugle due au secret de l’opération, pas même sa duplicité d’accepter une fonction dont il était le propre adversaire. Encore que, connaissant les rouages du principe, il n’était peut-être pas le plus mal placé pour lutter contre, bien qu’à l’inverse, en effet, le copinage pouvait limiter son action. Il n’a seulement pas eu la finesse ou la subtilité des autres et aurait mieux fait de se taire et attendre que le vent tourne ou qu’un juge démêlât l’écheveau. Subir un procès pour fraude est moins ignominieux que celui pour imposture. Je le laisse donc face à sa honte qui sera désormais le miroir de son existence.

Mais revenons à Plenel et ses scribouillards à qui je ne reproche donc pas d’avoir dévoilé l’escroquerie, puisqu’à tout pouvoir un contre pouvoir est essentiel, mais leur manière. Transformer en un feuilleton de quatre mois un délit qu’un unique article aurait conclu en apportant les preuves immédiatement sans les distiller, relève d’un plaisir malsain digne d’un tortionnaire des meilleures dictatures ou du regret de l’Inquisition où, l’accusé n’avouant rien, voit son martyre se prolonger sous les coups du bourreau, à tout le moins d’un esprit de lucre, appâtant les lecteurs pour ferrer leur porte-feuilles afin de pouvoir suivre les épisodes, participant ainsi grandement au brouhaha délétère de cette dernière semaine. Avec des amis de cet acabit Hollande a plus de soucis à se faire qu’avec ses véritables ennemis. Et puis, cette façon d’écrire au parquet pour lui ordonner une enquête, cela ne relève-t-il pas, au mieux de la mégalomanie, au pire de l’usurpation? S’imaginer auxiliaire de la justice —pourquoi pas son garant?— lorsqu’on n’en a pas la qualité peut vous transformer un honnête informateur en exécuteur des hautes œuvres.

Mais à l’heure où n’importe qui se prévaut de titres qu’il ne détient pas, rien ne doit plus nous étonner. Ce qui est plus inquiétant, c’est l’émergence de ces nouveaux Savonaroles qui se prennent pour des lessiveuses. Ça risque de leur donner le tournis et de mêler le linge propre au sale dans leurs prochaines tentatives de nettoyage.

 

Mots clés , , , , ,

Commentaires fermés.

Précisions

Vous lisez actuellement Cahuzac paru dans Le Plumier.

Infos